Charles Lucieto - L'effroyable drame de Malhem N° 9


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Les coulisses de l’espionnage international

Les merveilleux exploits de James Nobody
Charles Lucieto - L'effroyable drame de Malhem N° 9


Où James Nobody que chacun croyait mort et enterré, démontre qu’il n’en est rien...

Après avoir traversé une vaste place plantée d’ormes séculaires, James Nobody s’engagea dans la rue Saint-Bertin que, flegmatiques et lents, arpentaient par groupes de deux, sanglés dans leur uniforme kaki et l’insigne au bras, des agents de la Military Police :
Rasant les murs, — comme s’ils eussent été en fraude, — de rares « Tommies » passaient qui, après avoir jeté un coup d’œil anxieux du côté des policemen, se hâtaient de disparaître dans l’un ou l’autre des cantonnements voisins.
Soudain, retentit la sonnerie du « couvre-feu »...
Obéissant à l’injonction que leur transmettait ainsi à travers l’espace un clairon aux notes stridentes, les Audomarois s’empressèrent de clore portes et contrevents, non sans avoir, au préalable, examiné d’un air angoissé le ‘ciel où, prêts à repousser toute incursion aérienne, ronronnaient les avions de la défense.
Çà et là, dans les rues adjacentes, des patrouilles circulaient qui, non contentes de faire le vide sur leur passage, expulsaient sans aménité aucune des cafés et des estaminets, où ils s’étaient réfugiés, les derniers consommateurs de la journée...
C’est ainsi que, en ce mois d’octobre de l’an 1918, Saint-Omer, place de guerre et capitale de l’armée britannique en campagne, se gardait — ainsi que l’avait prescrit Sir Douglas Haig — ferme et bien !
Bientôt James Nobody arriva devant ce monument à la façade austère et vétuste qu’est le collège des Jésuites, lequel date du XVIe siècle et, après avoir présenté au factionnaire son « laissez-passer », délibérément, il entra...
Sous le porche, à droite, là où, autrefois, s’ouvrait, accueillant et frais, le parloir, se trouvait, aujourd’hui, un corps de garde à la porte duquel veillait un planton.
Dès qu’il aperçut James Nobody, ce dernier se dirigea vers lui et, courtoisement, en un français, légèrement teinté d’accent britannique, lui demanda :
— Que désirez-vous, Monsieur ?
— Je voudrais parler, — et cela, le plus tôt possible, — au colonel Sir Harold Stewart, répondit en anglais le grand détective.
Le planton tressaillit imperceptiblement...
Puis, sans même tenter de dissimuler sa surprise, il poursuivit :
— Dussiez-vous me juger incorrect, il est de mon devoir de vous demander, Monsieur, comment ce nom est parvenu à votre connaissance, et surtout, de quelle manière vous avez appris, — vous ; un « civil », — que sir Harold Stewart loge en ce lieu ?
La Voix, — encore que l’attitude de James Nobody ne pût donner lieu à aucune suspicion, — s’était faite âpre et mordante, et le ton s’était légèrement haussé.
Bien qu’il ait parfaitement perçu ces nuances, James Nobody ne s’en émut point.
Il se gardait trop bien lui-même, pour se montrer surpris que d’autres, et, en particulier, l’homme auquel il venait rendre visite, en fissent autant.
Mais comme il était venu là, non pour subir un interrogatoire, mais pour travailler utilement, il ne crut pas devoir répondre aux deux questions que son interlocuteur lui avait ainsi posées...
— S’il le juge utile, répondit-il d’une voix ferme, sir Harold Stewart vous mettra lui-même au courant de ces détails, lesquels, vous pouvez « m’en croire, n’ont rien qui vous puisse émouvoir. Pour l’instant, ce que je vous demande, c’est de prévenir le colonel que « quelqu’un » demande à lui parler.



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