Grégory Bouysse - Légion des Volontaires Français
Bezen Perrot & Brigade Nord-Africaine
Dans les deux volumes de « Waffen-SS Français » étaient présentés les hommes ayant appartenu à un moment ou à un autre à la Waffen-SS, et principalement aux deux unités constituées de français : la 8.SSFranzösische-Freiwilligen-Sturmbrigade (communément appelée 8ème SS-Sturmbrigade « Frankreich ») puis la 33.Waffen-Grenadier-Division der SS « Charlemagne » (ou 33ème division de grenadiers SS « Charlemagne »).
Mais il exista une autre grande unité de volontaires français en uniforme allemand, plus ancienne que la décision de former une unité de SS français (décision qui date officiellement de juillet 1943) : la Légion des Volontaires Français contre le bolchevisme, ou 638ème régiment d'infanterie de la Wehrmacht. Elle dépendait de la Heer, l'armée de terre allemande. Sa création est une initiative privée, décidée en juillet 1941 par les chefs des partis collaborationnistes à Paris : Jacques Doriot, Marcel Déat, Eugène Deloncle, Pierre Clémenti, Pierre Costantini et Jean Boissel, suite à l'attaque de l'URSS par l'Allemagne. Non reconnue par le gouvernement de Vichy, elle prend la forme d'une association loi 1901 ! A partir de février 1943, elle sera officiellement reconnue d'utilité publique par les autorités civiles et militaires de l’État Français, qui au départ voyait d'un mauvais oeil cette initiative privée des extrémistes de la Collaboration, tout comme les allemands, qui freineront le recrutement de la LVF. D'abord limité à 15 000 hommes maximum sur décision d'Hitler, ce chiffre ne sera jamais atteint.
Ainsi, en 1943-1944, la LVF était en quelque sorte considéré par Vichy comme un régiment de l'armée française (rappelons que la France n'a plus d'armée après le sabordage de la flotte de Toulon en novembre 1942, et la dissolution de l'armée d'armistice), mais portant l'uniforme allemand sur le front de l'est. Les volontaires de la LVF étaient donc autorisés à porter un uniforme français quand ils étaient sur le territoire national. Bien entendu, sur le front de l'est, la LVF était entièrement subordonnée au grand état-major de la Wehrmacht. Constituée entre juillet 1941 et octobre 1941, elle compte près de 2300 hommes en octobre 1941, chiffre qui ne sera jamais atteint à nouveau par la suite. Elle monte en première ligne, et combat devant Moscou début décembre 1941, par des températures et des conditions épouvantables.
Décimée par le froid et la maladie plus que par les attaques soviétiques, la LVF est retirée du front pour être reconstituée. Désormais, elle sera employée contre les partisans, dans les forets et marais impénétrables de Russie centrale et Biélorussie, de mai 1942 à juin 1944, participant à plusieurs opérations de grande envergure. Fin juin 1944, l'armée rouge progresse, et la LVF se retrouve à nouveau, par la force des choses, en première ligne. Près de 600 légionnaires combattront en première ligne, à Bobr, tenant tête à des forces en surnombre. Un rapport de l'Armée Rouge parlera de « deux divisions françaises » ! La LVF est chassée de Biélorussie et retraite avec le reste de l'armée allemande vers l'ouest, en plus ou moins bon ordre.
A travers les trois années de son existence (juillet 1941 à août 1944), la LVF a vu passer dans ses rangs près de 6000 hommes (les chiffres varient de 5800 à 6400). Au moins 120 d'entre eux ont été décorés de la Croix de fer IIème classe, et une petite dizaine de la Croix de fer Ière classe.
En août 1944, les légionnaires en cantonnement apprennent qu'ils vont être versés à la Waffen-SS, joignant d'autres français en uniforme allemand, pour former une seule grande unité ! L'on sait désormais que près de 1500 légionnaires ont été intégrés à la Waffen-SS à dater du 1er septembre 1944. Il restait donc potentiellement 4500 hommes, à être précédemment passer dans ses rangs, mais qui, à l'été 1944, avaient déjà été démobilisés, démissionnaires, tués ou blessés à travers les trois précédentes années. Bien entendu, comme pour les deux premiers volumes, il est quasiment impossible de retrouver tous les noms des volontaires. Néanmoins, j'ai pu recensé 135 officiers, et des dizaines d'autres volontaires moins gradés. C'est leur histoire, tantôt banale, tantôt extraordinaire, qui sera comptée ci-dessous.
Seront aussi abordés les hommes de la Phalange Africaine. Cette dernière unité, de la taille d'une grande compagnie, fut formée au début de 1943, après le débarquement des Alliés en Afrique du nord.
Portant un mélange d'uniforme français et allemand, la Phalange combattra en avril 1943 au cotés des allemands contre les troupes du Commonwealth (Britanniques, Neo-zélandais et Hindous). Peu d'entre eux parviendront à gagner la métropole, après la prise de Tunis début mai 1943. Les phalangistes seront rétroactivement considérés comme des membres de la LVF.
J'ai également décidé d'inclure les deux unités « ethniques » dépendant du SD en France : la Brigade Nord-Africaine et le Bezen Perrot. Les membres de ces deux unités dépendaient en effet de la branche policière de la SS, le SD. On ne pouvait faire l'impasse sur ces deux unités, qui, bien que portant l'uniforme SS (modèle du SD), n'avaient pas grand-chose à voir avec les Waffen-SS français.
Total de volontaires français dans les unités dépendant de la SS et de la Heer (chiffres approximatifs) :
-Waffen-SS : 9000
-LVF (hors ceux ayant appartenu à la SS) : 4500
-Phalange Africaine : 200
-Division Brandeburg : 180
-Bezen Perrot : 80
-BNA : plus de 200 (mais seulement une trentaine de français)
L'on arrive à un total de plus 14 000 volontaires.
L'on peut additionner les unités auxiliaires et de soutien logistique :
-NSKK : le 4ème régiment de la NSKK, formé de français, réunis en 6 compagnies. Ce qui donne sans doute près de 1000 hommes (les chiffres de 2000 à 2500 français dans la NSKK, souvent répétés, semblent exagérés).
-Légion Speer : au moins 500 hommes
-21ème Panzer Division : 230 hommes dans une compagnie du train
L'on arrive à un total de près de 16 000 français sous l'uniforme allemand.
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