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Théodore Kaczynski
La société industrielle et son avenir (251.05 KB)
Traduit de langlais américain par Jean-Charles Vidal
http://www.histoireebook.com/index.php? … son-avenir
http://www.youtube.com/watch?v=4EzoO6TOzGI
Voir aussi : http://www.the-savoisien.com/wawa-consp … hp?id=1907
Extrait :
Dans ce qui va suivre, nous porterons notre attention sur certains aspects négatifs générés par le système techno-industriel. Certains autres aspects ne seront que brièvement abordés, voire ignorés. Cela ne signifie pas que ces autres aspects ne soient pas importants. Pour des raisons pratiques, nous avons restreint nos propos à des domaines qui ne sont pas bien connus du grand public ou pour lesquels nous présentons du neuf. Par exemple, bien que les mouvements écologistes soient bien implantés, nous avons peu écrit à propos de la dégradation de lenvironnement et de la destruction de la biosphère, même si nous considérons cela comme de la plus haute importance.
6. Pratiquement tout le monde saccorde à reconnaître que nous vivons dans un monde chaotique. Une des manifestations les plus répandues de la folie de notre monde en est le « gauchisme » [leftism] ; une discussion sur le « gauchisme » peut servir dintroduction à une discussion des problèmes de la société moderne en général.
7. Mais quest ce que le « gauchisme » ? Durant la première moitié du 20e siècle, le « gauchisme » pouvait grosso modo être identifié au socialisme. Aujourdhui le mouvement est plus diffus, et il est plus difficile de discerner ce quest un « gauchiste ». Quand nous parlons de « gauchistes » dans ce texte, nous pensons principalement aux socialistes, collectivistes, adeptes du « politiquement correct », féministes, homosexuels, défenseurs des droits des animaux et ainsi de suite. Mais tous ceux qui sont affiliés à ces mouvements ne sont pas nécessairement des « gauchistes ». Nous allons essayer de montrer que le « gauchisme » nest pas tant un mouvement ou une idéologie que la manifestation dun type psychologique, ou plutôt de différents types. Ainsi, ce que nous appelons « gauchisme » apparaîtra plus clairement au cours de notre exposé sur la psychologie « gauchiste » (voir aussi paragraphes 227-230).
8. Même ainsi, notre conception du « gauchisme » apparaîtra bien moins claire que nous ne laurions souhaité, mais il ne semble pas quil puisse en être autrement. Tout ce que nous allons tenter de faire sera dexposer en gros et approximativement les deux tendances psychologiques que nous croyons être les lignes de force principales du « gauchisme » moderne. Nous navons pas la prétention dexpliquer tout ce qui fait la psychologie « gauchiste ». Ainsi nous nous limiterons seulement au « gauchisme » moderne. Nous laisserons de côté ce qui pourrait sappliquer aux « gauchistes » du 19e et du début du 20e siècle.
9. Les deux tendances psychologiques qui sous tendent le « gauchisme » moderne sont le « sentiment dinfériorité » et la « sur-socialisation ». Le « sentiment dinfériorité » sapplique au « gauchisme » moderne dans son ensemble, tandis que la « sur-socialisation » se sapplique quà une partie du « gauchisme » moderne, mais cette partie est la plus influente.
La Nef des Fous par Théodore Kaczynski
http://www.youtube.com/watch?v=lSLtio8wL2s
Cette nouvelle a été écrite en 1999 par Théodore Kaczynski. Ce mathématicien américain est emprisonné depuis 15 ans, à la suite dune campagne dattentat qui lui valut le surnom dUnabomber de 18 ans aux États-Unis. Trois personnes trouvèrent la mort, vingt-trois autres étant blessés. Il sétait attaqué à des acteurs de la société industrielle et technologique (le généticien Charles Epstein, linformaticien David Gerletner, le publicitaire Thomas Mosser, le lobbyiste de l industrie du bois Gilbert P. Murray, etc.) , quil dénonça dans le célèbre manifeste La Société industrielle et son avenir dont la publication conduisit à son arrestation.
Sa révolte contre le monde moderne est celle dun homme de Droite, militant écologiste favorable à la restauration de lordre naturel : la Nef des fous (Ship of Fools) est un conte métaphorique où transparaissent quelques-unes des conceptions du Dr. Ted Kaczynski sur létat du monde et de la société américaine. Les revendications des protagonistes et laveuglement des "chefs" rappellent étrangement létat de la France, déchirée par les communautarismes aujourdhui.
Ted Kaczynski sest inspiré du livre de Sébastien Brant Das Narrenschiff, dans lequel avait puisé Jérôme Bosch pour son tableau éponyme. Ils dénonçaient déjà linversion des valeurs qui éloignait lhomme de lordre naturel.
Nous vous présentons ici le texte traduit par nos soins accompagné dune animation vidéo de la Nef des fous réalisée par des Américains et sous-titrée par nos soins (adaptation et sous-titrage libres).
Il était une fois le capitaine et les officiers dun navire devenus si vaniteux de leur habileté à la manuvre, si pleins dhybris (1) et tellement orgueilleux, quils devinrent fous. Ils mirent cap au nord et naviguèrent jusquaux premiers icebergs et dangereux morceaux de banquise, puis gardèrent la direction du nord, dans des eaux de plus en plus dangereuses, dans le seul but de soffrir la possibilité dun des plus brillants exploits maritimes.
Comme le bateau franchissait des latitudes de plus en plus élevées, les passagers et léquipage devenaient de plus en plus mal à laise. Ils commencèrent à se quereller et à se plaindre des conditions dans lesquelles ils vivaient.
« Que le diable memporte, dit un matelot de deuxième classe, si ce nest le pire voyage que jaie jamais fait. Le pont est luisant de glace. Quand je suis en vigie, le vent transperce ma veste comme un couteau ; à chaque fois que jarise une voile de misaine, mes doigts sont tout près de geler ; et tout ce que jobtiens pour cela, ce sont cinq misérables shillings par mois ! »
« Vous croyez que vous vous faites avoir ! dit une passagère. Moi, je ne peux fermer lil de la nuit à cause du froid. Les femmes, sur ce navire, nont pas autant de couvertures que les hommes. Ce nest pas juste ! »
Un marin mexicain leur fit écho :
« Chingado (2) ! Je gagne seulement la moitié du salaire du marin britannique. Nous avons besoin dune nourriture abondante pour nous réchauffer avec ce climat mais je nen reçois pas assez ; les Européens en reçoivent plus. Et le pire de tout, cest que les officiers me donnent toujours les ordres en anglais au lieu dutiliser lespagnol. »
« Jai plus de raisons de me plaindre que quiconque, dit un marin amérindien. Si les Visages Pâles navaient pas volé la terre de mes ancêtres, je ne serais même pas sur ce navire, au milieu des icebergs et des vents arctiques. Je voudrais simplement être en canoë, sur un joli lac paisible. Je mérite une réparation. À tout le moins, le capitaine devrait me laisser organiser des parties de dés afin que je puisse me faire un peu dargent. »
Le maître déquipage prit la parole :
« Hier, le premier second ma traité de pédale parce que je suce des bites. Jai le droit de sucer des bites sans que lon me donne des surnoms pour autant ! »
« Ce ne sont pas seulement les humains qui sont maltraités sur ce navire, interrompit une amie des animaux, la voix tremblante dindignation. La semaine dernière, jai vu le deuxième second donner des coups de pied au chien du navire à deux reprises ! »
Lun des passagers était professeur duniversité. Se tordant les mains, il sécria :
« Tout cela est simplement horrible ! Cest immoral ! Cest du racisme, du sexisme, du spécisme (3), de lhomophobie et de lexploitation de la classe ouvrière ! Cest de la discrimination ! Nous devons obtenir la justice sociale : salaire égal pour le marin mexicain, salaires plus élevés pour tous les marins, réparation pour lIndien, nombre égal de couvertures pour les femmes, reconnaissance du droit à sucer des bites et interdiction des coups de pied au chien ! »
« Oui, oui ! crièrent les passagers. Oui, oui ! cria léquipage. Cest de la discrimination ! Nous devons faire valoir nos droits ! »
Le garçon de cabine se racla la gorge :
« Hum... Vous avez tous de bonnes raisons de vous plaindre. Mais il me semble que ce que nous devons vraiment faire, cest parvenir à faire virer de bord le navire et mettre cap au sud, car si nous continuons vers le nord, nous sommes sûrs de faire naufrage tôt ou tard, et alors, vos salaires, vos couvertures et votre droit à sucer des bites ne vous serviront à rien, car nous serons tous noyés. »
Mais personne ne lui prêta attention : ce nétait que le garçon de cabine.
Le capitaine et les officiers, de leur poste situé sur la dunette (4), avaient bien regardé et écouté. À présent, ils souriaient et se faisaient des clins d'il, et, à un geste du capitaine, le troisième second descendit de la dunette, et se promena là où les passagers et léquipage étaient rassemblés et se fraya un chemin parmi eux. Il prit un air très sérieux et parla ainsi :
« Nous, les officiers, devons admettre que des choses vraiment inexcusables se sont passées sur ce navire. Nous navions pas réalisé à quel point la situation était mauvaise avant davoir entendu vos plaintes. Nous sommes des hommes de bonne volonté et nous voulons être bons avec vous. Mais comment dire le capitaine est plutôt conservateur et routinier, et doit être poussé un petit peu pour se décider à des modifications substantielles. Mon opinion personnelle est que si vous protestez avec force mais toujours pacifiquement et sans violer aucune règle de la marine vous sortiriez le capitaine de son inertie et vous le forceriez à résoudre les problèmes dont vous vous plaignez si justement. »
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Jérôme Bosch, La Nef des fous
À lissue de ce discours, le troisième second retourna vers le château de poupe. Comme il repartait, les passagers et léquipage crièrent après lui : « Modéré ! Réformiste ! Libéral hypocrite ! Valet du capitaine ! » Ils nen firent pas moins ce quil avait dit. Ils se réunirent en masse devant la dunette, insultèrent les officiers et présentèrent leurs exigences : « Je veux un salaire supérieur et de meilleures conditions de travail »dit le matelot. « Autant de couvertures que les hommes ! »dit la passagère. « Je veux recevoir mes ordres en espagnol »dit le marin mexicain. « Jexige le droit dorganiser des parties de dés »dit le marin indien. « Je refuse dêtre traité de tapette »dit le maître déquipage. « Plus de coups de pied au chien » dit lamie des animaux. « La révolution maintenant ! »sécria le professeur.
Le capitaine et les officiers se réunirent et conférèrent pendant quelques minutes, échangeant tout le temps clins dil, signes de tête et sourires. Puis le capitaine rejoignit lavant de la dunette et, à grand renfort de démonstration de bienveillance, annonça que le salaire du deuxième classe serait porté à six shillings par mois, le salaire du Mexicain à deux-tiers dun marin anglo-saxon et quon lui donnerait en espagnol lordre de prendre un ris à la voile de misaine, que les passagères recevraient une couverture supplémentaire, que le marin indien serait autorisé à organiser des parties de dès les samedis soirs, que le maître déquipage ne serait plus traité de pédale aussi longtemps quil ferait ses pipes dans la plus stricte intimité, et que le chien ne serait plus frappé, sauf sil faisait quelque-chose de vraiment vilain, comme voler de la nourriture dans la cuisine.
Les passagers et léquipage célébrèrent ces concessions comme une grande victoire, mais le lendemain matin ils étaient de nouveau mécontents.
« Six shillings par mois, cest un salaire de misère, et je me gèle toujours les doigts quand jarise la voile de misaine ! » grogne le deuxième classe. « Je nai toujours pas le même salaire que les Anglo-Saxons ni assez à manger pour ce climat », dit le marin mexicain. « Nous, les femmes, navons toujours pas assez de couvertures pour nous tenir au chaud », dénonce la passagère. Les autres membres déquipage et les passagers, poussés par le professeur, exprimèrent des plaintes semblables.
Quand ils eurent terminé, le garçon de cabine prit la parole cette fois plus fort pour que personne ne puisse lignorer aussi facilement que la première fois.
« Cest vraiment terrible que le chien soit frappé parce quil a volé un morceau de pain dans la cuisine et que les femmes naient pas autant de couvertures que les hommes, et que le matelot se gèle les doigts, et je ne vois pas pourquoi le maître déquipage ne pourrait pas sucer des bites sil en a envie. Mais regardez lépaisseur des icebergs maintenant et comme le vent souffle de plus en plus fort. Nous devons virer de bord et mettre le cap au sud, car si nous continuons vers le nord nous allons faire naufrage et nous noyer. »
« Oh oui, dit le maître déquipage. Cest vraiment affreux que nous poursuivions vers le nord. Mais pourquoi devrais-je me contenter des toilettes pour sucer des bites ? Pourquoi devrais-je être traité de tapette ? Ne suis-je pas aussi bien que nimporte qui ? »
« Naviguer vers le nord est terrible, dit la passagère. Mais ne voyez-vous pas que cest exactement pour cela que les femmes ont besoin de davantage de couvertures pour avoir chaud ? Je demande le même nombre de couverture pour les femmes, immédiatement ! »
« Il est tout à fait exact, dit le professeur, que voguer vers le nord crée de grands problèmes à tous. Mais changer de cap pour aller au sud serait irréaliste. Vous ne pouvez pas revenir en arrière. Nous devons trouver un moyen raisonnable de gérer la situation. »
« Écoutez, dit le garçon de cabine. Si nous laissons les quatre fous de la dunette agir à leur guise, nous finirons tous noyés. Si nous parvenons à mettre le navire hors de danger, alors nous pourrons nous soucier des conditions de travail, des couvertures pour les femmes et du droit à sucer des bites. Mais avant tout, nous devons obtenir de virer de bord. Si quelques-uns dentre nous se réunissent, élaborent un plan et agissent avec courage, nous pourrons nous sauver. Nous navons pas besoin dêtre nombreux : six ou huit suffiraient. Nous pourrions prendre dassaut la dunette, balancer ces fous par-dessus bord et tourner le navire vers le sud. »
Le professeur leva le nez et dit sévèrement : « Je ne crois pas à la violence, cest immoral. »
« Il nest jamais éthique dutiliser la violence » dit le maître déquipage.
« La violence me terrifie » dit la passagère.
Le capitaine et les officiers avaient regardé et écouté tout le temps. Au signal du capitaine, le troisième second rejoignit sur le pont. Il alla parmi les passagers et léquipage en disant quil restait de nombreux problèmes sur le navire.
« Nous avons fait beaucoup de progrès, dit-il, mais il reste beaucoup à faire. Les conditions de travail du deuxième classe restent difficiles, le Mexicain na toujours pas le même salaire que les Européens, les femmes nont toujours pas autant de couvertures que les hommes, les parties de dés du samedi soir de lIndien sont un dédommagement dérisoire considérant ses terres perdues, il est injuste que le maître déquipage doive rester dans les toilettes pour sucer des bites et que le chien reçoive encore parfois des coups de pied. »
« Je pense que le capitaine a besoin dêtre poussé encore. Il faudrait que vous organisiez tous une autre manifestation pourvu quelle reste non-violente. »
Comme le troisième second retournait vers larrière, les passager et léquipage linsultèrent, mais firent néanmoins ce quil avait dit et se réunirent devant la dunette pour une autre manifestation. Ils fulminèrent, semportèrent, brandissant le poing et ils lancèrent même un uf pourri sur le capitaine (qui lesquiva habilement).
Après avoir écouté leurs plaintes, le capitaine et les officiers se réunirent pour une conférence, durant laquelle ils se firent des clins dil et de larges sourires.
Puis le capitaine alla à lavant de la dunette et annonça que le matelot recevrait des gants pour quil ait les doigts au chaud, que le marin mexicain recevrait un salaire égal aux trois-quarts du salaire dun Anglo-Saxon, que les femmes allaient recevoir une nouvelle couverture, que le marin indien pourrait organiser des parties de dés tous les samedi et dimanche soirs, que le maître déquipage serait autorisé à sucer des bites en public la nuit et que personne ne pourrait frapper le chien sans une permission spéciale du capitaine.
Les passagers et léquipage sextasièrent devant cette grande victoire révolutionnaire, mais le lendemain matin, ils étaient de nouveau mécontents et recommencèrent à se plaindre des mêmes difficultés.
Cette fois le garçon de cabine se mit en colère :
« Bande didiots ! cria-t-il. Ne voyez-vous pas ce que le capitaine et les officiers sont en train de faire ? Ils vous occupent lesprit avec vos réclamations dérisoires sur les couvertures, les salaires, les coups de pied au chien, de sorte que vous ne pensiez pas à ce qui est vraiment problématique sur ce bateau nous sommes toujours plus loin vers le nord et nous allons tous être noyés. Si quelques-uns dentre nous reviennent à la raison, se réunissent et attaquent la dunette, nous pourrons virer de bord et sauver nos vies. Mais vous ne faites que vous lamenter sur vos petits problèmes insignifiants, comme les conditions de travail, les jeux de dés et le droit de sucer des bites. »
Les passagers et léquipage furent outrés de ces propos.
« Insignifiant !! sexclama le Mexicain.Vous trouvez normal que je ne reçoive que les trois-quarts du salaire dun marin anglais ? Cela est insignifiant ? »
« Comment pouvez-vous qualifier mes griefs dinsignifiant ? sécria le maître déquipage.Ignorez-vous combien il est humiliant dêtre traité de tapette ? »
« Donner des coups de pied au chien nest pas un "petit problème insignifiant" ! hurla lamie des animaux, cest un acte insensible, cruel et brutal ! »
« Bon, daccord, répondit le garçon de cabine, ces problèmes ne sont ni insignifiants, ni dérisoires. Donner des coups de pied au chien est cruel et brutal et il est humiliant de se faire traiter de tapette. Mais par rapport à notre vrai problème par rapport au fait que le navire se dirige toujours vers le nord vos réclamations sont mineures et mesquines, parce que si nous nobtenons pas que ce navire change de cap, nous allons tous nous noyer. »
« Fasciste ! » dit le professeur.
« Contre-révolutionnaire ! » sécria la passagère.
Et tous les passagers et léquipage renchérirent les uns après les autres, traitant le garçon de cabine de fasciste et de contre-révolutionnaire. Ils le repoussèrent et se remirent à grogner à propos des salaires, et à propos des couvertures à donner aux femmes, et à propos du droit de sucer des bites et à propos de la manière dont le chien devait être traité. Le navire poursuivit vers le nord, avant, au bout dun moment, de finir broyé entre deux icebergs et tout le monde se noya.