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Bible de Sacy
Bible de Sacy (livret des 10 volumes) (29.55 MB)
Le livre de la Genèse (49.01 MB)
Les livres de la loi (60.98 MB)
Les livres historiques d'avant l'exil (60.09 MB)
Les livres de Sagesse et les Psaumes (53.66 MB)
Les livres historiques d'après l'Exil (65.36 MB)
Les livres des Prophètes - Isaïe, Jérémie, les Lamentations, Ézéchiel, Daniel, Osée, Amos, Jonas (69.84 MB)
Evangiles de Matthieu et de Marc (58.51 MB)
Évangiles de Luc et de Jean (59.11 MB)
Actes des Apôtres, Épîtres de Paul (58.94 MB)
Épîtres diverses et Apocalypse (47.79 MB)
Le Maistre de Sacy, Isaac-Louis (1613-1684)
« Quelques personnages illustres
», Chroniques de Port-Royal, numéro spécial, 2004 ; Tony Gheeraert, Le Chant de la grâce : Port-Royal et la poésie, Champion, 2003
Le prêtre
Isaac-Louis Le Maistre de Sacy est le frère cadet des premiers reclus de Port-Royal des Champs, Antoine Le Maistre et M. de Séricourt. Chrétien fervent dès son enfance, il na pas eu à se convertir et sest naturellement placé sous la direction spirituelle des guides de sa famille, labbé de Saint-Cyran et Antoine Singlin, son continuateur. En 1649, il devient lui-même prêtre, et est choisi comme confesseur des moniales de Port-Royal des Champs. Son sens de la mesure se manifeste aussi bien à loccasion des polémiques jansénistes auxquelles il ne prend guère part, que durant les événements de la Fronde, lorsquil calme les ardeurs guerrières des Messieurs prêts à se battre. Serein et discret, il possède le suprême art damener les âmes à se convertir delles-mêmes, comme en témoigne son fameux Entretien avec Pascal venu le rencontrer aux Champs. Emprisonné quelque temps à la Bastille, il meurt en janvier 1684.
Le maître duvre de la Bible de Port-Royal
A ces qualités dâme correspondent un génie de lécriture et de la traduction, qui en fait lun des auteurs essentiels de Port-Royal. Sil réalise, entre autres ouvrages, dintéressantes éditions bilingues, latin-français des pièces de Térence et des fables de Phèdre pour les Petites Écoles, son uvre maîtresse consiste en un chantier considérable pour lépoque, à savoir la traduction à partir du grec ancien de la Bible. Pour cela, il répartit le travail au sein de léquipe de Port-Royal. Le résultat est un texte fidèle et superbe, « La Bible » dite « de Sacy », rééditée et utilisée jusquà nos jours. Au XVIIe siècle, sa publication a rencontré de nombreux obstacles, comme tous les livres de Port-Royal soupçonnés de jansénisme.
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Son secrétaire et biographe Nicolas Fontaine, témoin du goût précoce de M. de Sacy pour les vers, conserva dans ses Mémoires quatre poèmes dinspiration baroque sur des bourses colorées que lui avait offertes sa mère. M. de Sacy nen resta pas à ce coup dessai : en 1647, au moment où débutait la controverse sur lAugustinus, il donna le Poème de saint Prosper contre les Ingrats, traduction en vers du De Ingratis de saint Prosper, poète aquitain du Ve siècle, successeur de saint Augustin et pourfendeur des semipélagiens. Louvrage, entrepris sous les auspices de Saint-Cyran à titre de mortification, est un trésor de la pensée augustinienne, destiné moins à fournir une version méticuleuse du poème latin quà diffuser de manière agréable la théologie de lévêque dHippone à une date où elle commençait à être attaquée de plus en plus ouvertement. Mère Angélique admirait beaucoup ce poème, au point den envoyer trois exemplaires à la reine de Pologne. Le livre fut un succès de librairie jusquau milieu du XVIIIe siècle ; il semble même que la constitution Unigenitus donna à ce poème théologique une seconde jeunesse, puisquon en compte trois éditions de 1717 à 1726 : lorsquon considère que cest en 1720 que Louis Racine publie La Grâce, on doit conclure que la Régence fut un âge dor pour cette poésie de la grâce efficace.
En 1650 parut chez Pierre Le Petit lOffice de lÉglise et de la Vierge en latin et en français avec les hymnes traduites en vers, communément appelé Heures de Port-Royal, qui contient une traduction par Sacy des hymnes pour les fêtes et les dimanches. Cet ouvrage provoqua une importante querelle : les hymnes furent en effet attaquées par plusieurs jésuites au prétexte que Sacy avait délibérément et à plusieurs reprises mal traduit lexpression Christe Redemptor omnium, pour exagérer la petitesse du nombre des élus. Le Père Philippe Labbe dresse, entre autres griefs, une liste de passages incriminés dans le Calendrier des heures surnommées à la janséniste, publié sous le pseudonyme de Saint-Romain. Les Messieurs répliquèrent avec la Lettre à une personne de condition, attribuée habituellement à Antoine Lemaistre, et qui, bien que touchant davantage à lorthodoxie des vers quà leurs qualités littéraires, nen fournit pas moins quelques remarques judicieuses sur lexercice de la traduction. Les membres de la Compagnie reprochaient aussi aux Messieurs la pauvreté de leur style : aussi le Père Jean Adam crut-il de son devoir de répliquer à Port-Royal par des Heures catholiques, « comme si les autres ne létaient pas », ainsi que lécrit Guillaume Le Roy qui répondit au jésuite sous le pseudonyme de La Tour dans une Lettre au Père Adam jésuite, sur la traduction quil a faite en vers de quelques hymnes de lÉglise. Ce dernier ouvrage est extrêmement précieux car il propose une critique littéraire et non seulement théologique ; il permet aussi de faire apparaître, en contrepoint des reproches, quelles sont à ses yeux les qualités de la bonne poésie dont le paradigme est constitué par les Heures de Port-Royal. Son sentiment ne lengage pas seul puisquil apparaît que la brochure est le fruit du travail dun comité de lecture, comme Le Roy le souligne demblée ; la présence dans louvrage didées développées ailleurs par Sacy et Arnauld suggère leur éventuelle participation à la rédaction dun texte qui préfigure par bien des côtés la XIe Provinciale. Le jésuite ne supporta pas les coups sans répliquer et composa une Lettre sur la traduction des Heures. Il amenda néanmoins ses Heures en tenant compte des critiques de Port-Royal, démontrant ainsi la profonde influence exercée par le style des augustiniens jusque chez leurs adversaires les plus farouches. Antoine Arnauld, dans lInnocence et la vérité défendues, consacre également quelques pages à défendre les Heures de Port-Royal contre les accusations corrosives du Père Brisacier ; il développe des idées proches de celles contenues dans la lettre de Le Roy, à laquelle il renvoie dailleurs. Louis Gorin de Saint-Amour, émissaire chargé de défendre à Rome les cinq propositions, tenta en vain de protéger les Heures de Port-Royal de la censure pontificale. Malgré sa mise à lIndex, louvrage connut un succès considérable et fit lobjet de multiples rééditions, influençant aussi bien Racine que Corneille. Les hymnes de Sacy reparurent dans le Bréviaire romain en latin et en français de Le Tourneux publié en 1688, aux côtés de celles dAubigny et de Racine. Les polémiques concernant ce Bréviaire et les Heures, qui se poursuivirent jusquen plein XVIIIe siècle, attestèrent du succès durable rencontré par ces livres de piété auprès des fidèles. Le Jardin des racines grecques mérite à peine, quant à lui, le titre de poème : M. de Sacy se borna à versifier dans un but mnémotechnique un manuel pédagogique de vocabulaire grec composé par Claude Lancelot ; les listes alphabétiques de mots sont regroupées en dizains dalexandrins respectant lalternance des rimes masculines et féminines il serait vain de leur demander davantage. Lemaistre de Sacy est sans doute également lauteur dun poème satirique, les Enluminures du fameux almanach des jésuites intitulé Déroute et confusion des jansénistes, long poème en octosyllabes burlesques dont lattribution, en fait, est incertaine. Le texte fut publié dans la tourmente qui suivit la publication de la constitution Cum occasione promulguée par Innocent X (31 mai 1653) pour condamner formellement les cinq propositions. La décision papale fut ressentie comme un coup terrible porté au camp des augustiniens ; ceux-ci estimaient en effet que les propositions incriminées touchaient sans oser lavouer Jansénius et Augustin lui-même. Les jésuites, au contraire, triomphèrent bruyamment ; en particulier, ils répandirent une gravure colportée sur un almanach auquel le libraire Ganière assura une diffusion de masse : le chiffre généralement avancé de seize mille exemplaires est considérable pour lépoque. Limage représente Jansénius, affublé dailes de chauve-souris et écrasé par le Pape et le Roi, tandis que les « jansénistes » se réfugient dans les bras grand ouverts de Calvin tout cela avec force allégories et mise en scène spectaculaire. La situation était trop grave pour ne pas entraîner de riposte de la part des augustiniens qui décidèrent de porter laffaire devant lopinion : une première édition aujourdhui perdue des Enluminures parut dès janvier 1654 et fut suivie dune seconde, augmentée, en février. Dans ce poème, ils se défendent non seulement contre la gravure calomnieuse, mais aussi contre diverses rebuffades quils avaient eu à endurer les mois précédents ; les Enluminures mettent ainsi en évidence plusieurs scandales : à Flobecq, près de Cambrai, un curé avait fait accrocher un tableau où lon voyait des diables forger non seulement les livres de Calvin et de Luther, mais aussi ceux de Jansénius ; à Caen, les jésuites avaient demandé à la Vierge dintercéder auprès du Christ pour quil soit Rédempteur de tous excepté de ceux qui ne croyaient pas en la grâce suffisante ; lors dune disputatio scolaire, un élève des jésuites avait lancé un injurieux et triomphal Transeat Augustinus ; les Enluminures révélèrent enfin quun catéchisme de Saint-Louis enseignait que les jansénistes étaient les plus grands hérétiques. Plusieurs témoignages extérieurs semblent bien confirmer lexistence, en 1653, dune vaste campagne de diffamation dirigée contre les augustiniens : les port-royalistes étaient donc réduits à se défendre aux yeux de lopinion. Dans cette tentative pour rallier le public non spécialiste à la cause de la grâce efficace, on reconnaît en tout cas lobjectif poursuivi par les Provinciales, auxquelles les Enluminures ont ainsi servi de répétition générale, et lon ne saurait conclure avec Geneviève Delassault que les Enluminures « ne remportèrent pas le succès que connurent les autres uvres de Sacy » : labondance des rééditions, jusquau cur du XVIIIe siècle, accompagnées de mentions élogieuses, démontre le contraire. Cest seulement depuis le XIXe siècle que la critique est unanime à condamner ces vers. Sacy écrivit encore un Poème contenant la tradition de lÉglise sur le très saint Sacrement de lEucharistie contre les protestants, en dizains hétérométriques ; le choix dun tel sujet semble lié à la dévotion particulière de Port-Royal pour le Saint-Sacrement. Louvrage ne fut publié quen 1695, onze ans après la mort de son auteur, accompagné dune préface doctrinale composée par Thomas du Fossé. La date de première rédaction est incertaine, et peut-être précoce, comme semble lindiquer le passage sur la prise de La Rochelle ; G. Delassault propose les années 1627-1628. Lorsquen 1659 Sacy retrouva le manuscrit dans ses papiers, il fut déçu et le remania sans doute. Le poème, à visée didactique et morale, sappuie sur de nombreuses autorités patristiques pour soutenir contre les protestants lauthentique doctrine de la transsubstantiation. La relative faiblesse poétique de certains passages peut expliquer le retard dans la publication : on y rencontre fréquemment des vers et même des strophes franchement mauvais qui contrastent avec les réussites des Heures.
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