[large]Sir Samuel White Baker[/large] (8 juin 1821 ? 30 décembre 1893)
Les bons points des années 1920 que l'on donnait aux élèves les plus méritants ...
[center][large]La honte sur ceux qui crache sur l'Homme Blanc[/large][/center]
Sir Samuel White Baker (8 juin 1821 ? 30 décembre 1893) est un explorateur anglais.
[justify]Après un voyage à Constantinople et en Crimée en 1856, il supervise la construction d'un chemin de fer à travers le Dobroudja reliant le Danube à la Mer Noire. Puis il passe quelques mois à visiter le sud-est de l'Europe et l'Anatolie. C'est vers 1859 qu'il achète Florence Szász[small](1)[/small], une jeune femme hongroise sur un marché d'esclaves à Vidin en Bulgarie. Elle l'accompagnera dans tous ses voyages et ses expéditions et deviendra sa femme quelques années plus tard.
En 1869, à la demande du khédive Ismaïl, Samuel Baker prend le commandement d'une expédition militaire vers les régions équatoriales du Nil, avec pour objectifs la suppression du commerce des esclaves et l'ouverture d'une voie commerciale. Il reçoit le titre de pacha et le grade de major-général de l'armée ottomane avant de partir du Caire avec une force de 1700 égyptiens. Le khédive le nomme gouverneur général du nouveau territoire d'Equatoria et il le restera jusqu'à son remplacement par le colonel Charles Gordon. Durant cette période, il rencontre de nombreuses difficultés: blocus du fleuve, sourde hostilité des intérêts dans l'esclavage, opposition armée des indigènes ; mais il jette les bases sur lesquelles d'autres construirons une administration.[/justify]
_____________
(1) Née en 1841, probablement en Roumanie, Florence Barbara Maria Szász a été chassée de la maison familiale de Transylvanie par la révolution de 1848. Orpheline à sept ans, elle a grandi dans un harem de l'Empire ottoman pour être vendue en 1859 sur le marché des esclaves de Vidin en Bulgarie. Elle est remarquée par Samuel Baker, un voyageur et aventurier anglais de trente-sept ans qui s'empresse de l'acheter avant le pacha local. Dès lors, le couple ne se sépare plus.
Bibliographie
* The rifle and the hound in Ceylon. Longmans, Londres, 1853.
* Eight years' wanderings in Ceylon. Longmans, Londres, 1855.
* The Albert N'yanza, great basin of the Nile, and explorations of the Nile sources. Macmillan, Londres, 1866. (Gallica)
Voyage à l'Albert N'Yanza ou lac Albert (Le Louta N' Zigé du capitaine Speke). Paris, 1867. Édition abrégée. (Gallica)
Découverte de l'Albert N'Yanza. Nouvelles explorations des sources du Nil. Hachette, Paris, 1868.
Le Lac Albert. Nouveau voyage aux sources du Nil. Hachette, Paris, 1872. Édition abrégée.
Exploration du haut Nil. Récit d'un voyage dans l'Afrique centrale. Hachette, Paris, 1880. Édition abrégée. (Gallica)
* The Nile tributaries of Abyssinia, and the sword hunters of the hamran arabs. [5] Macmillan, Londres, 1867.
Exploration des affluents abyssiniens du Nil. Récits de chasse. (Gallica)
* Cast up by the sea. A boy's story. Macmillan, Londres, 1868.
L'enfant du naufrage. Hachette, Paris, 1870.
* Ismailia. A narrative of the expedition to Central Africa for the suppression of the slave trade, organized by Ismail, Khedive of Egypt. Macmillan, Londres, 1874.
Ismailia. Récit d'une expédition dans l'Afrique Centrale pour l'abolition de la traite des noirs. Hachette, Paris, 1875.
L'Afrique équatoriale. Récit d'une expédition armée ayant pour but la suppression de la traite des esclaves. Hachette, Paris, 1880. Édition abrégée.
* Cyprus as I saw it in 1879. Macmillan, Londres, 1879.
* The Egyptian Question, being letters to the ?Times? and ?Pall Mall Gazette?. Macmillan, Londres, 1884.
* Wild beasts and their ways. Reminiscences of Europe, Asia, Africa, and America. Macmillan, Londres, 1890.
Les animaux sauvages et leur comportement. Payot, Paris, 1951.
Les explorateurs célèbres 13
Moderator: Le Tocard
Zimbabwe : Robert Mugabe frappe toujours ferme sur les Blancs
[small]par Sophie BOUILLON Libération, 20 juillet 2010[/small]
[center]Le cadavre d?un fermier blanc assassiné[/center]
Ils ne sont plus que 300 fermiers blancs au Zimbabwe. Une espèce en voie de disparition. « Chaque jour, j?ai peur que ce soit le dernier que je passe sur mes terres », raconte Peter (1), âgé de 36 ans, dernier fermier blanc de sa bourgade située au sud de la capitale, Harare. Ses douze voisins ont été expulsés. Jadis, il était le plus grand producteur de tabac du pays. Aujourd?hui, il tire mollement sur sa cigarette. En un an, il a perdu 20 kilos et la moitié de ses terres. Il a été traîné 54 fois au tribunal et s?est ruiné en frais de justice. Mais il ne baisse pas les bras. Quelque chose commence à bouger.
Des dizaines de sympathisants du président, Robert Mugabe, ont quitté, début juillet 2010, trois fermes détenues par Heinrich von Pezold, un Allemand. Et ce à la suite de menaces claires de suspension d?un crédit de 20 millions de dollars (15,5 millions d?euros), faites par Berlin. C?est la première fois qu?une pression diplomatique réussit au Zimbabwe, depuis la « réforme agraire » lancée en 2000. Cette politique menée par Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1981, a consisté à confisquer leurs fermes à 4500 Blancs, descendants de colons britanniques et autres Européens, sans aucune forme de compensation. A la clé, la ruine de l?agriculture, sur laquelle reposait l?économie du pays.
[center]Robert Mugabe
Comme Louis XIV robert aime à se montrer sur sa chaise perçée[/center]
En février 2009, un homme est arrivé chez Peter. Avec six camarades armés, se présentant comme d?anciens soldats, ils se sont installés dans l?une des deux fermes de sa propriété. C?était celle de son père, où il est lui-même né. Les envahisseurs ont saccagé la récolte de tabac qui séchait dans les hangars. « Il y en avait pour des centaines de milliers de dollars américains », précise Peter, les larmes aux yeux. Depuis, il lui faut cohabiter avec ce voisin encombrant. « Je lui ai donné une partie de ma récolte de citrons pour qu?il reste tranquille. Mais, en septembre 2009, trente types armés sont arrivés chez moi et ont cassé mon système d?irrigation. Ils sont revenus hier. Je suis sûr qu?ils vont voler la nouvelle récolte de tabac. Il y en a pour un million de dollars... » Dans cet Etat de non-droit qu?est devenu le Zimbabwe, aucun recours n?est possible devant les tribunaux. Les juges du pays ont tous eu droit à leur ferme, profitant de la réforme agraire. Le nouveau voisin de Peter, pourtant, n?est pas un homme de pouvoir. « C?est un type qui sort de prison et qui a tenté sa chance, raconte le fermier. Je n?avais jamais eu de problème avant, parce que j?ai n?ai jamais soutenu l?opposition. »
[center]Charles Lock et ses filles ont été chassés de leur ferme en 2007[/center]
Ne pas s?immiscer dans la politique, ce serait donc le secret pour garder sa ferme. « Ce serait du suicide de s?impliquer », explique Ajs Kirk, producteur de lait et de bétail, d?origine danoise. Son exploitation fonctionne encore, comme si, derrière la barrière en bois, le pays n?avait pas sombré dans le chaos. Sur ses 1300 hectares, dix milles vaches paissent l?herbe grasse. Une épée de Damoclès n?en reste pas moins suspendue au-dessus de la propriété. « Evidemment, des milices sont déjà venues, se souvient Ajs Kirk. Ils m?ont traîné le long des barbelés, m?ont frappé, ils hurlaient. Mes voisins ont eu peur et ont tout abandonné. Mais ce sont de vulgaires intimidations. » Si ce fermier est toujours sur ses terres, c?est grâce à ses ouvriers agricoles, dit-il. Leurs habitations sont soignées. Les 500 personnes qui y vivent ont toutes l?eau courante et l?électricité, et le propriétaire a fait construire une école. Tous les managers sont noirs. Dans la ferme, on se déplace avec des VTT dernier cri sur les pistes de terre. « Certains de mes collègues disent qu?ils traitaient bien leur personnel, comme on traite bien ses chiens. S?ils sont malades, on les soigne : on les emmène chez le vétérinaire. Mais il faut plus que ça pour installer un respect mutuel et que ces gars puissent nous défendre, le jour où la ferme sera envahie. »
Son cousin possédait l?une des exploitations voisines. Le jour où un homme de l?Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), le parti au pouvoir, est venu la saisir, Ajs Kirk s?est rendu sur place pour tenter de l?en dissuader. « Il m?a répondu que sa famille travaillait autrefois dans la ferme, et que l?ancien propriétaire, mon oncle, les fouettait depuis son cheval. Il volait donc cette ferme par esprit de vengeance. Je n?ai pas su quoi répondre. » Avec la réforme agraire, Robert Mugabe a de nouveau divisé le pays, l?ancienne Rhodésie ségrégationniste, selon des lignes raciales. Les Noirs sont considérés comme de « vrais Zimbabwéens », tandis que les Blancs ne sont que des « résidus de colons » qui doivent quitter l?Afrique. Grâce à ses connexions politiques, Ann (1), une femme noire, a pris possession d?une ferme à une centaine de kilomètres de la capitale. L?emplacement parfait pour aller passer un week-end à la campagne. Sans emploi, elle fait partie de ces « fermiers du portable » qui veillent à leur exploitation par téléphone, depuis Harare. Elle présente la réforme agraire comme le début d?une révolution contre le néo-colonialisme, qui s?étendra bientôt à tout le continent africain. Elle admet toutefois que les dernières saisies de fermes sont davantage le fait de pilleurs et d?opportunistes. « Il faut être honnête. Ceux qui voulaient vraiment une ferme l?ont depuis longtemps. Cela fait dix ans, maintenant... »
[center]Angela Campbell, une fermière blanche âgée de 66 ans,
a été battue et torturée par des membres de la Zanu-PF,
à l?occasion d?une attaque contre sa ferme, en juin 2008.
Son mari et son beau-fils ont subi le même traitement[/center]
Le plus important, pour le régime Mugabe, est de gagner les élections en s?assurant le vote des travailleurs agricoles. Peu importe que l?économie soit en crise, que le taux de chômage dépasse les 70 % et qu?un quart de la population ait quitté le pays, pour aller chercher subsistance en Afrique du Sud. « Mille personnes travaillent pour moi, raconte un fermier en activité, sous couvert d?anonymat. En comptant les familles, je pourrais facilement contrôler 12000 votes. Mes collègues organisaient des meetings de l?opposition sur leurs terres, donnaient des consignes de vote à leurs ouvriers. Ils ont déclaré la guerre à Mugabe. » La communauté blanche fait circuler des rumeurs, selon lesquelles ce fermier paierait le gouvernement pour garder sa ferme. « Totalement faux, se défend-il. La vérité, c?est que les Blancs n?ont jamais accepté de vivre dans un Zimbabwe gouverné par un président noir. Ils croyaient toujours vivre en Rhodésie. Mais ici, on ne fait pas ce qu?on veut. On vit en dictature. Il vaut mieux se taire, si on veut rester, et espérer qu?il n?y aura pas d?élections. Ce sont toujours des moments terribles. »
[center]Morgan Tsvangirai[/center]
Au siège du syndicat des fermiers industriels (Commercial Farmers Union, CFU), on regrette, aujourd?hui, d?avoir pris position pour Morgan Tsvangirai, le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Cet ancien opposant est devenu Premier ministre en février 2009. « On a réalisé qu?il fallait se tenir loin de la politique, regrette Deon Theron, le président du CFU. Le MDC n?a rien fait pour nous depuis qu?il partage le pouvoir avec Mugabe. » En effet, le Premier ministre ne s?est jamais exprimé clairement contre les nouvelles invasions de fermes. Sans cesse décrié comme « la marionnette des Blancs », Morgan Tsvangirai a une position délicate et ses adversaires sont féroces. Lui aussi veut gagner les prochaines élections. Or, les Zimbabwéens blancs ne représentent plus que 20000 voix dans tout le pays. « Bientôt, nous n?existerons plus », explique Deon Theron, le président du syndicat agricole, qui n?a pas perdu le sourire pour autant. « La loi nous oblige à accrocher un portrait de Robert Mugabe dans nos locaux. Voici le mien. » Il lève l?index : au-dessus de sa tête, un crâne de babouin.
_________________
(1) [small]Les prénoms ont été changés, à la demande des personnes interrogées.[/small]
[small]par Sophie BOUILLON Libération, 20 juillet 2010[/small]
[center]Le cadavre d?un fermier blanc assassiné[/center]
Ils ne sont plus que 300 fermiers blancs au Zimbabwe. Une espèce en voie de disparition. « Chaque jour, j?ai peur que ce soit le dernier que je passe sur mes terres », raconte Peter (1), âgé de 36 ans, dernier fermier blanc de sa bourgade située au sud de la capitale, Harare. Ses douze voisins ont été expulsés. Jadis, il était le plus grand producteur de tabac du pays. Aujourd?hui, il tire mollement sur sa cigarette. En un an, il a perdu 20 kilos et la moitié de ses terres. Il a été traîné 54 fois au tribunal et s?est ruiné en frais de justice. Mais il ne baisse pas les bras. Quelque chose commence à bouger.
Des dizaines de sympathisants du président, Robert Mugabe, ont quitté, début juillet 2010, trois fermes détenues par Heinrich von Pezold, un Allemand. Et ce à la suite de menaces claires de suspension d?un crédit de 20 millions de dollars (15,5 millions d?euros), faites par Berlin. C?est la première fois qu?une pression diplomatique réussit au Zimbabwe, depuis la « réforme agraire » lancée en 2000. Cette politique menée par Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1981, a consisté à confisquer leurs fermes à 4500 Blancs, descendants de colons britanniques et autres Européens, sans aucune forme de compensation. A la clé, la ruine de l?agriculture, sur laquelle reposait l?économie du pays.
[center]Robert Mugabe
Comme Louis XIV robert aime à se montrer sur sa chaise perçée[/center]
En février 2009, un homme est arrivé chez Peter. Avec six camarades armés, se présentant comme d?anciens soldats, ils se sont installés dans l?une des deux fermes de sa propriété. C?était celle de son père, où il est lui-même né. Les envahisseurs ont saccagé la récolte de tabac qui séchait dans les hangars. « Il y en avait pour des centaines de milliers de dollars américains », précise Peter, les larmes aux yeux. Depuis, il lui faut cohabiter avec ce voisin encombrant. « Je lui ai donné une partie de ma récolte de citrons pour qu?il reste tranquille. Mais, en septembre 2009, trente types armés sont arrivés chez moi et ont cassé mon système d?irrigation. Ils sont revenus hier. Je suis sûr qu?ils vont voler la nouvelle récolte de tabac. Il y en a pour un million de dollars... » Dans cet Etat de non-droit qu?est devenu le Zimbabwe, aucun recours n?est possible devant les tribunaux. Les juges du pays ont tous eu droit à leur ferme, profitant de la réforme agraire. Le nouveau voisin de Peter, pourtant, n?est pas un homme de pouvoir. « C?est un type qui sort de prison et qui a tenté sa chance, raconte le fermier. Je n?avais jamais eu de problème avant, parce que j?ai n?ai jamais soutenu l?opposition. »
[center]Charles Lock et ses filles ont été chassés de leur ferme en 2007[/center]
Ne pas s?immiscer dans la politique, ce serait donc le secret pour garder sa ferme. « Ce serait du suicide de s?impliquer », explique Ajs Kirk, producteur de lait et de bétail, d?origine danoise. Son exploitation fonctionne encore, comme si, derrière la barrière en bois, le pays n?avait pas sombré dans le chaos. Sur ses 1300 hectares, dix milles vaches paissent l?herbe grasse. Une épée de Damoclès n?en reste pas moins suspendue au-dessus de la propriété. « Evidemment, des milices sont déjà venues, se souvient Ajs Kirk. Ils m?ont traîné le long des barbelés, m?ont frappé, ils hurlaient. Mes voisins ont eu peur et ont tout abandonné. Mais ce sont de vulgaires intimidations. » Si ce fermier est toujours sur ses terres, c?est grâce à ses ouvriers agricoles, dit-il. Leurs habitations sont soignées. Les 500 personnes qui y vivent ont toutes l?eau courante et l?électricité, et le propriétaire a fait construire une école. Tous les managers sont noirs. Dans la ferme, on se déplace avec des VTT dernier cri sur les pistes de terre. « Certains de mes collègues disent qu?ils traitaient bien leur personnel, comme on traite bien ses chiens. S?ils sont malades, on les soigne : on les emmène chez le vétérinaire. Mais il faut plus que ça pour installer un respect mutuel et que ces gars puissent nous défendre, le jour où la ferme sera envahie. »
Son cousin possédait l?une des exploitations voisines. Le jour où un homme de l?Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique (Zanu-PF), le parti au pouvoir, est venu la saisir, Ajs Kirk s?est rendu sur place pour tenter de l?en dissuader. « Il m?a répondu que sa famille travaillait autrefois dans la ferme, et que l?ancien propriétaire, mon oncle, les fouettait depuis son cheval. Il volait donc cette ferme par esprit de vengeance. Je n?ai pas su quoi répondre. » Avec la réforme agraire, Robert Mugabe a de nouveau divisé le pays, l?ancienne Rhodésie ségrégationniste, selon des lignes raciales. Les Noirs sont considérés comme de « vrais Zimbabwéens », tandis que les Blancs ne sont que des « résidus de colons » qui doivent quitter l?Afrique. Grâce à ses connexions politiques, Ann (1), une femme noire, a pris possession d?une ferme à une centaine de kilomètres de la capitale. L?emplacement parfait pour aller passer un week-end à la campagne. Sans emploi, elle fait partie de ces « fermiers du portable » qui veillent à leur exploitation par téléphone, depuis Harare. Elle présente la réforme agraire comme le début d?une révolution contre le néo-colonialisme, qui s?étendra bientôt à tout le continent africain. Elle admet toutefois que les dernières saisies de fermes sont davantage le fait de pilleurs et d?opportunistes. « Il faut être honnête. Ceux qui voulaient vraiment une ferme l?ont depuis longtemps. Cela fait dix ans, maintenant... »
[center]Angela Campbell, une fermière blanche âgée de 66 ans,
a été battue et torturée par des membres de la Zanu-PF,
à l?occasion d?une attaque contre sa ferme, en juin 2008.
Son mari et son beau-fils ont subi le même traitement[/center]
Le plus important, pour le régime Mugabe, est de gagner les élections en s?assurant le vote des travailleurs agricoles. Peu importe que l?économie soit en crise, que le taux de chômage dépasse les 70 % et qu?un quart de la population ait quitté le pays, pour aller chercher subsistance en Afrique du Sud. « Mille personnes travaillent pour moi, raconte un fermier en activité, sous couvert d?anonymat. En comptant les familles, je pourrais facilement contrôler 12000 votes. Mes collègues organisaient des meetings de l?opposition sur leurs terres, donnaient des consignes de vote à leurs ouvriers. Ils ont déclaré la guerre à Mugabe. » La communauté blanche fait circuler des rumeurs, selon lesquelles ce fermier paierait le gouvernement pour garder sa ferme. « Totalement faux, se défend-il. La vérité, c?est que les Blancs n?ont jamais accepté de vivre dans un Zimbabwe gouverné par un président noir. Ils croyaient toujours vivre en Rhodésie. Mais ici, on ne fait pas ce qu?on veut. On vit en dictature. Il vaut mieux se taire, si on veut rester, et espérer qu?il n?y aura pas d?élections. Ce sont toujours des moments terribles. »
[center]Morgan Tsvangirai[/center]
Au siège du syndicat des fermiers industriels (Commercial Farmers Union, CFU), on regrette, aujourd?hui, d?avoir pris position pour Morgan Tsvangirai, le chef du Mouvement pour le changement démocratique (MDC). Cet ancien opposant est devenu Premier ministre en février 2009. « On a réalisé qu?il fallait se tenir loin de la politique, regrette Deon Theron, le président du CFU. Le MDC n?a rien fait pour nous depuis qu?il partage le pouvoir avec Mugabe. » En effet, le Premier ministre ne s?est jamais exprimé clairement contre les nouvelles invasions de fermes. Sans cesse décrié comme « la marionnette des Blancs », Morgan Tsvangirai a une position délicate et ses adversaires sont féroces. Lui aussi veut gagner les prochaines élections. Or, les Zimbabwéens blancs ne représentent plus que 20000 voix dans tout le pays. « Bientôt, nous n?existerons plus », explique Deon Theron, le président du syndicat agricole, qui n?a pas perdu le sourire pour autant. « La loi nous oblige à accrocher un portrait de Robert Mugabe dans nos locaux. Voici le mien. » Il lève l?index : au-dessus de sa tête, un crâne de babouin.
_________________
(1) [small]Les prénoms ont été changés, à la demande des personnes interrogées.[/small]