
[center][large]Prophétique[/large]
[small]La guerre au XXe siècle ; L'invasion noire (Flammarion, 1894),
3 parties: "Mobilisation africaine", "Le grand pélerinage à la Mecque", "Fin de l'Islam devant Paris"[/small][/center]
[justify][small]L'Invasion noire, surtitrée La Guerre au 20e siècle, raconte en trois livres et sur un peu plus de 1200 pages l'invasion de l'Europe par l'islamisme, le Sultan turc Abd-ul-M'hamed, assisté de son fils Omar, ayant convaincu tout ce que la Terre compte de musulmans de faire le jihad.[/small][/justify]
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[center][large]Capitaine Danrit[/large] (Driant, Émile-Cyprien)[/center]
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* La guerre au XXe siècle ; L'invasion noire (Flammarion, 1894)
Tome 1 http://www.histoireebook.com/index.php? ... e-Volume-1
Tome 2 http://www.histoireebook.com/index.php? ... e-Volume-2
Tome 3 http://www.histoireebook.com/index.php? ... e-Volume-3
3 parties : "Mobilisation africaine", "Le grand pèlerinage à la Mecque", "Fin de l'Islam devant Paris"
* La guerre de demain (Flammarion, 1888-1893),
6 volumes, 3 parties : "La guerre de forteresse", "La guerre en rase campagne", "La guerre en ballon"
* Jean Tapin (Série "Histoire d'une famille de soldats", I, Delagrave, 1898)
* Filleuls de Napoléon (Série "Histoire d'une famille de soldats" II, Delagrave, 1900)
* Petit Marsouin (Série "Histoire d'une famille de soldats", III, Delagrave, 1901)
* Le drapeau des chasseurs à pied (Matot, 1902)
* La guerre fatale (Flammarion, 1902-1903),
3 volumes, 3 parties: "A Bizerte",
"En sous-marin", "En Angleterre")

* Ordre du Tzar (Lafayette, 1905)
* Vers un nouveau Sedan (Juven, 1906)
* Guerre maritime et sous-marine (Flammarion, 1908, 14 volumes)
Manque Volume IV
* Robinsons de l'air (Flammarion, 1908)
* Robinsons sous-marins (Flammarion, 1908)
* L'aviateur du Pacifique (Flammarion, 1909)
* La grève de demain (Tallandier, 1909)
* L'invasion jaune (Flammarion, 1909),
en 1 volume : "La mobilisation sino-japonaise" et "A travers l'Europe")
* La révolution de demain (avec Arnould Galopin, Tallandier, 1909)
* L'alerte (Flammarion, 1910)
* Un dirigeable au Pôle Nord (Flammarion, 1910)
* Au dessus du continent noir (Flammarion, 1912)
* Robinsons souterrains (Flammarion, 1913, réédité sous le titre La guerre souterraine)
[small]du site http://mletourneux.free.fr/auteurs/fran ... danrit.htm[/small]


[justify]Danrit n'est pas le seul à l'époque à sentir monter le risque de la guerre: le colonel Royet (La patrie en danger, 1904-1905, avec Paul d'Ivoi), Paul d'Ivoi (Corsaire Triplex) et Pierre Giffard (La guerre infernale) en France laissent deviner une telle obsession; chez les Anglo-Saxons, des écrivains comme Max Pemberton (Pro Patria), William Le Queux (The Great War in England) ou même John Buchan (Les Trente neuf marches évoquent elles aussi la menace d'une guerre). D'autres viendront dans l'entre-deux guerre (Jean de La Hire sous le nom de Cazal, le colonel Royet à nouveau), témoignant à chaque fois du sentiment, partagé par l'opinion publique, d'une situation internationale ne pouvant mener qu'au chaos. Ces écrits sont le reflet d'une opinion publique obsédée par la menace d'une guerre. Ils accompagnent les discours quotidiens de la presse, toujours attentive aux incidents internationaux et aux risques d'embrasement qu'ils portent en eux. Mais en formalisant cette obsession collective, en leur donnant une dimension prophétique, ces récits contribuent aussi à inquiéter les esprits. La conclusion de La guerre de demain signale combien la peur d'une invasion prochaine s'accompagne de façon ambiguë d'un espoir d'une guerre de revanche: "Où que tu ailles, rappelle-toi le drapeau qui t'a abrité, et quand tu seras appelé à le défendre, bientôt peut-être, quand elle arrivera la guerre de demain, - bientôt, je veux l'espérer, - pars avec confiance, petit soldat". cette guerre que Danrit craint et souhaite à la fois, va être la cause de sa perte, puisqu'il meurt, le 22 février 1916, lors du combat du Bois des Caures, à Verdun. Mais, comme il l'aurait souhaité, son sacrifice sera largement récupéré par la presse et les publications de la guerre, pour galvaniser les troupes.[/justify]
[justify]Les romans du Capitaine Danrit sont donc moins des romans d'aventures au sens strict, que des romans d'anticipation guerrière et, de façon essentiellement fantasmatique, d'anticipation politique (La guerre de demain porte ainsi pour sous-titre "Grand récit patriotique et militaire"). Loin d'imaginer un futur lointain, Danrit préfère évoquer des événements prochains. Le bellicisme de Danrit est associé à l'obsession du déclin de la France (face aux autres nations européennes) et de celui de l'Europe (face aux autres continents, à la démographie menaçante). Ce n'est pas un bellicisme conquérant, mais paniqué, paranoïaque. Il faut combattre parce qu'on est menacé, parce que, si on n'entre pas en guerre le premier, l'autre nous envahira. Dans les romans de l'auteur, c'est toujours l'autre l'agresseur, et il paraît d'abord près de vaincre grâce à sa fourberie. Bien plus, cet autre est toujours potentiellement un ennemi, même lorsqu'il est théoriquement un allié: dans L'invasion jaune, ce sont les Américains, capitalistes âpres au gain, qui permettent aux asiatiques de s'armer, en leur vendant fusils et cartouches. A côté d'eux, les Anglais sont des traîtres, les Allemands, des brutes, les Arabes, des fanatiques, les Asiatiques des fourbes, et les Juifs mêlent à peu près les travers de tous les autres. L'autre est nécessairement pervers, parce qu'il est l'alien, celui qui vient de l'extérieur et dont la présence est par définition une menace. Dans cette vision obsidionale de la géopolitique se structure la pensée de l'auteur: l'autre est toujours prêt à fondre sur nous, il ne peut guère exister d'allié, et il faut donc se défendre. La peur de l'autre devient donc la source du discours sur l'armée, centre des valeurs. La plupart des romans de Danrit sont dédicacés à quelque général, quelque officier qui a servi la patrie en participant à son rayonnement ou à sa défense.[/justify]
[justify]Cette opposition de l'armée et de l'autre structure l'ensemble du récit de Danrit: au centre, il y a le jeune officier militaire, courageux, loyal, prêt au sacrifice pour sauver la patrie. Autour de lui, comme alliés objectifs, il y a l'ensemble de l'armée: non seulement les hommes, mais aussi (et surtout) le dispositif en lui même, c'est-à-dire les armes, les corps, les hiérarchies. Danrit aime à évoquer le fonctionnement du système, les stratégies en vogue, les mécanisme de telle arme, de tel véhicule, le rôle qu'ils sont appelés à jouer dans une offensive. C'est en cela qu'il offre, peut-être plus que tout autre écrivain, un véritable roman de guerre, dans la mesure où, contrairement aux écrivains de guerre traditionnel qui exaltent l'individu contre l'armée, l'individu tend, chez Danrit, à s'effacer derrière cet autre organisme qu'est l'armée. Cela donne à son ?uvre un aspect un peu sec, avec ses listes des forces en présence, ses fiches techniques sur telle ou telle arme, souvent accompagnées de croquis. S'il y a anticipation ici, ce n'est pas parce que Danrit invente des armes futures, mais plutôt parce qu'il imagine comment utiliser massivement les armes actuelles dans une situation de guerre mondiale : gaz mortels, aéroplanes, sous-marins, le rôle de chaque invention est considéré dans la perspective d'une vaste offensive. Et même lorsque l'auteur n'évoque qu'une machine isolée (Les Robinsons sous-marins, Au-dessus du continent noir), dans une perspective proche de ce qu'offrent les récits de machines de l'époque (ceux de Jules, Verne, de Paul d'Ivoi ou de Luigi Motta), l'auteur prend souvent soin d'évoquer ses possibilités comme arme. En ce sens, la remarque du marin Yvonnec, torpilleur sur le sous-marin Libellule, est significative: "c'est ici le principal dans un sous-marin, Capitaine; le reste, voyez-vous, c'est de l'accessoire. Tout ce qu'on fait ici, c'est pour arriver à lancer juste et au bon moment ce joli joujou réglé et armé par moi. Ici, c'est mon domaine, et j'étais bien sûr que vous voudriez voir mon tube" (Les robinsons sous-marins). La phrase vaut pour métaphore de l'ouvrage: comme le sous-marin se construit autour du compartiment du tube lance-torpille, le roman se construit autour de l'arme et pour l'arme.[/justify]

Au dessus du continent noir vient confirmer cette idée que la République française ne sait pas défendre son armée, quand il évoque les malheur de l'armée coloniale: "parfois, il est vrai, une lugubre nouvelle arrive en France: un de ces héroïques détachements a été détruit, et l'on vante alors la solide, lente et coûteuse préparation britannique, contrastant avec notre insouciante témérité. Les ministres envoient des ordres formels de prudence, parfois d'abandon; puis le naturel reprend le dessus: en France, les morts sont oubliés; en Afrique, les camarades ne songent qu'à les venger, et les petits tentacules se remettent à rayonner, à progresser, à annexer pour 'la plus grande patrie'". Autrement dit, le véritable patriotisme, c'est celui de l'armée, pas celui des hommes politiques.
[justify]On voit bien vers quelle solution politique nous oriente l'auteur. Il en donne quelques clefs au terme de L'invasion jaune, quand il désigne l'ennemi anglais: "c'est son argent qui a fait naître sur notre sol l'affaire lugubre (l'affaire Dreyfus), origine de tant de ruines morales, source de l'affaiblissement de notre armée. C'est elle qui, maîtresse de la Franc-maçonnerie française, a orienté constamment le gouvernement qui en était issu dans un sens contraire aux intérêts français. Et tous nos malheurs sont venus de cette entente cordiale qu'elle a transformée en alliance au seul profit de ses intérêts et de ses rancunes". Face à l'Anglais (et à tous les ennemis), la solution est claire. Il s'agit de constituer un gouvernement isolationniste et militarisé: "le seul moyen d'être indépendant pour un Etat, fit l'Américain, c'est d'être fort: votre flotte n'est pas entamée, refaites une armée solide retournez au Nil, plantez de nouveau votre drapeau en ce point capital de Fachoda que vous n'auriez jamais dû lâcher, faites un bloc de vos colonies africaines, du Sénégal à Djibouti, et votre nationalité ne périra pas". Certes, le bellicisme de Danrit n'est pas explicitement antidémocratique, mais la place qu'il accorde à l'armée, son goût des grands hommes, sa méfiance à l'égard des parlementaires, en font un discours équivoque qu'il serait intéressant d'étudier avec précision.[/justify]
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