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[center]911 - Le pouvoir des cauchemars
11 septembre 2001

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[justify]"The Power of Nightmares" : le pouvoir américain comme fabrique à cauchemars
Article de Jean-Luc Douin paru dans Le Monde à l?occasion du Festival de Cannes 2005
Autres temps, autres moeurs. En 2004, on se serait battu pour assister à la projection du film de Michael Moore, Fahrenheit 9/11. Cette année, c?est dans la plus petite salle du festival que l?on a visionné The Power of Nightmares ("Le Pouvoir des cauchemars"), documentaire du Britannique Adam Curtis, produit par la BBC. Ou comment des hommes politiques manipulent l?opinion au gré de cyniques numéros d?illusionnisme.
"Depuis que les gens ne croient plus aux rêves, et donc aux idéologues, dit Adam Curtis, nos gouvernants reprennent du pouvoir en nous assurant qu?ils nous protègent des cauchemars. Le pire d?entre eux serait le terrorisme international, censé opérer par un réseau de cellules éparpillées de par le monde. On veut nous protéger d?une terreur totalement virtuelle."
Il appartiendra aux spécialistes de se prononcer sur la démonstration d?Adam Curtis délivrée par une voix off. Elle brocarde les Etats-Unis et l?Angleterre de Tony Blair. Elle mêle, sur fond de musique d?Ennio Morricone, des interviews de responsables politiques, spécialistes en stratégie ou membres de services de renseignements, à des archives d?actualités filmées. Nous sommes dans le droit fil de Michael Moore, mais de façon plus ironique que guignolesque, plus documentée aussi. Adam Curtis donne un fracassant cours d?histoire, appuyé par un montage dynamique d?images.
LES FORCES DU MAL
Deux hommes, sous la présidence d?Harry Truman, au début des années 1950, seraient à la source des manipulations de l?opinion. L?Egyptien Sayyid Qutb, membre des Frères musulmans et adversaire du président égyptien Gamal Abdel Nasser, dont les idées auraient été reprises par Ayman Zawahiri, le mentor d?Oussama Ben Laden. Et le philosophe Leo Strauss, dont s?inspirent les néoconservateurs qui dominent aujourd?hui la Maison Blanche. Le premier a dénoncé la décadence des moeurs occidentales. Le second a élaboré le mythe d?une Amérique destinée à combattre les forces du Mal.
Les djihads islamiques n?ont cessé depuis de vouloir éliminer ceux qu?ils considéraient comme corrompus par l?Occident (dont le président égyptien Anouar Al-Sadate). Les républicains américains, de leur côté, se sont appuyés sur les activistes religieux pour mener leurs croisades morales, et sur une surévaluation de la menace soviétique assénée par Donald Rumsfeld et Paul Wolfowitz (anciens conseillers de Ronald Reagan) pour justifier leur propagande impérialiste.
C?est le moment fort du film. Adam Curtis veut démontrer comment les Américains, inlassables inventeurs de mythes, ont porté des accusations sans preuve à l?encontre de l?URSS (monstre qui aurait dirigé tous les mouvements terroristes de la planète, y compris l?IRA), puis de Saddam Hussein, et enfin d?un Ben Laden, qui ne serait, selon le film, qu?un banquier des djihads, n?aurait pas conçu les attentats du 11 Septembre, et dont la forteresse souterraine dans les montagnes de Tora Bora, en Afghanistan, serait une mystification.
Al-Qaida, nous explique Adam Curtis, n?a jamais existé. C?est une invention du ministère américain de la défense, tout comme les "cellules dormantes" implantées un peu partout dans le monde. Une cassette, que des prétendus terroristes arrêtés dans le cadre du Terrorism Act auraient tournée à Disneyland, est le prétexte à une discrète mise en boîte des services secrets.
Nous devrions voir en salles, à la rentrée, ce cours cinglant textes et images sur la façon dont des hommes sans foi ni loi "imaginent le pire au sujet d?une organisation -Al-Qaida- qui n?existe pas" . Film britannique d?Adam Curtis (2 h 37.)[/justify]
[center]Jean-Luc Douin
Article paru dans l?édition du 15.05.05[/center]