[justify]T'as pas l'impression de rêver. C'est pas le genre de la pouillerie de donner ! Faudrait que tu lises les livres qui vont bien pour comprendre. Non, Eux, ils conditionnent le soumis, à gratuitement offrir les abats de nos corps, à leur droit de l'animal envers les Hommes. Laquelle offrande se transforme par calcul en monceau de pognon du fait de leur prestation et spéculation sur le rognon, par exemple.
Un peu comme le sang, ce trafic qui fut mortel et qui continu à enrichir les mêmes bienfaiteurs de leur Humanité si bien élue par eux-même et mariée à leur daïmon par un mariage non consenti, avec pour prime l'offrande du prépuce au 8è jour du nouveau né mâle ; qui va ensuite très mal pendant les semaines de la cicatrisation. Ce qui favorise les problèmes psychiques des plus divers chez le récipiendaire de cette torture rituelle et sanguinaire faite à leurs propres (euphémisme) enfants, qui malgré tout ne méritent pas cela, même s'ils seront sans cette traditionnelle coupe au sécateur des ennemis de la chrétienté.
Tiens, en passant, je crache devant votre synagogue, comme vous le faites devant nos églises, et je récite la prière qui va bien avec.
[center][youtube]http://www.youtube.com/watch?v=kuC0Gvr42OQ[/youtube][/center]
Pour s'en rendre compte, il suffit de visionner la dernière scie du grand chanteur Charlélie Couture. Tout y est la dedans. Un condensé de psychiatrie à l'état naturel. Visionner sans retenue pour comprendre la triste réalité intérieure du monde crasseux de ces pauvres gens, qui malgré l'argent, le pouvoir volés aux imbéciles que nous sommes, ne peuvent se défaire de leur haine envers ceux qui leurs sont supérieurs en tout.[/justify]
[center]Car sans nous et notre volonté, notre force, nos connaissances, que seraient-ils ?
Des nomades toujours errant, allant de pisse en pisse, au gré du bouc guide du troupeau.[/center]
[center]______________________[/center]
[right][small]Greffe de foie réussie. Fait péter le bouchon Moshé !![/small][/right]
[large]L?implication d?Israéliens dans le trafic d?organes[/large]
Morice par MORICE
[justify]La découverte d?un réseau derrière les prélèvements d?organes au Kosovo avait été éventée dans le journal israélien Haaretz qui a cité les noms de tous les protagonistes. Des médecins israéliens, pionniers de la greffe, ont joué un rôle majeur dans cette histoire de prélèvements d?organes. On s?en doutait un peu, à voir le rapporteur de l?Union européenne fort gêné aux entournures quand on lui a demandé quels étaient les pays impliqués.
Tous les regards convergent vers Israël, car depuis plus de dix ans, maintenant, à chaque arrestation les mêmes noms reviennent, et surtout le même pays se retrouve cité. Logique, dans ce cas, d?avoir eu ces accusations de prélèvement sur des prisonniers palestiniens, accusations dont la preuve n?a pu être apportée formellement, et qui a suscité des retours de bâtons médiatiques assez sidérants de la part des pro-sionistes. Le phénomène des greffes remonte à l?avancée médicale israélienne et il a pris une ampleur démesurée depuis. Des personnes israéliennes riches, ayant un foie ou un rein en mauvais état, se font greffer à partir non pas de cadavres de prisonniers palestiniens abattus, mais de personnes vivantes fort démunies qui acceptent de leur laisser une partie de leur corps contre de l?argent. Cela touche tous les pays riches, ou toutes les personnes aisées atteintes de déficiences de ce type. On était dans l?horreur. On sombre dans le sordide.
La fameuse ?maison jaune? si chère à Bernard Kouchner est devenue un site de référence. Elle ne servait en réalité que d?endroit de convalescence, les opérations ayant lieu à 20 km de là, dans un hôpital psychiatrique appelé ?Prison no.320? par l?UCK. Il ne peut y avoir ambiguïté, contrairement à ce laissait entendre Bernard Kouchner. ?Je vous dis que c?est seulement en 2001 qu?on nous l?a peinte en blanc, et une seule bande, au niveau du sol, un mètre de haut, était restée jaune. Je vous dis comment cela a été. Si vous ne me voulez pas me croire, laissez-moi, maintenant, dit la petite fille de la propriétaire, Dashuri Katuqi, interrogée récemment. Je vous le dis quand et les raisons pour lesquelles. Nous avons eu un mariage. Nous avons peint la maison blanche, et au fond nous avons laissé une bande jaune?. Une autre photo en atteste. C?est bien ce bâtiment dont parlaient les prisonniers de l?UCK. Et dont Bernard Kouchner ne voulait pas entendre parler. Une maison ?jaune? grâce à laquelle on sait aujourd?hui comment toute l?affaire a sinon démarré, du moins éclaté au grand jour.
A l?aéroport de Pristina, en octobre 2008, un passager à l?air très fatigué s?est plaint de douleurs dans le dos. Les policiers de l?aéroport ont été intrigués par l?individu, qui semblait en état de fatigue prononcé. Il avait sur lui une lettre de son médecin traitant indiquant qu?il devait se faire soigner pour le c?ur au Kosovo. Mais, étrangement, il ne possédait aucun mode de paiement et n?avait aucun argent en sa possession. L?homme était en fait suivi depuis son arrivée par la police, à la demande d?un procureur qui avait de forts soupçons sur l?activité de la clinique désormais horriblement célèbre. C?est en tentant de retourner à Istanbul qu?il a été arrêté avec le médecin qui l?accompagnait : un urologue albanais, Lutfi Dervishi, l?un des principaux responsables du trafic d?organes. L?homme qu?accompagnait Lutfi Dervishi venait de subir une greffe dans des conditions effroyables, une partie des soins ayant été effectués à bord de l?ambulance même ! Et cet homme qui semblait malade était israélien. Arrêté, lui aussi, très vite, il a déballé toute l?affaire aux policiers. ?Pendant l?interrogatoire, il a été établi qu?il avait subi une chirurgie entre-temps. Il a confirmé qu?une partie des soins chirurgicaux a été effectuée dans l?ambulance même de la clinique Medicus. Une enquête plus approfondie a déterminé que ce citoyen israélien est arrivé à Pristina probablement sur l?ordre d?Arben Dervishi, le directeur de la clinique, où il a reçu une transplantation de rein, à parti d?un donneur qui était citoyen turc?, déclare l?agence officielle KPS. L?agence précise que la clinique ?Medicus? ?n?est pas enregistrée pour des interventions chirurgicales de ce type, mais seulement pour des examens classiques d?urologie. Des médicaments trouvés dans l?ambulance étaient depuis longtemps expirés. Un certain nombre de sacs de plastique avec du sang de l?inconnu, ne portant pas d?identification, ont également été trouvés. Il a été établi que plusieurs autres personnes ont également été arrêtés dans l?opération?. Selon les mêmes sources, la même clinique avait bénéficié d?une ?aide humanitaire allemande en 2005?. Voilà pourquoi certains n?ont jamais rien dit. Plusieurs pays sont incriminés. Et des ONG ont dû se laisser prendre à ce terrible jeu, affirment les Serbes aujourd?hui.
Le receveur de greffe israélien, est un témoin clé. Il a expliqué à la police comment ça se passait, et depuis combien de temps ça durait. Et qui était dans le coup, ce que reprend l?agence dans ses effroyables explications : ?Il a également été annoncé que la police est à la recherche du troisième médecin de nationalité turque, Jusuf Erchin Sonmez, qui a effectué cette opération illégale et a été assistée par les Albanais de Pri?tina dans l?ambulance Medicus. Erchin Sonmez, qui est interdit de pratique médicale en Turquie, avait convenu avec le propriétaire de Medicus, Arben Dervishi, d?effectuer des transplantations à Pristina et, dans ce dernier cas, de trouver également un donneur en Turquie. Le prix que le citoyen israëlien a payé pour la greffe de rein à partir d?un donneur turc est de 80000 euros, dont 20000 sont allés à un jeune turc âgé de 23 ans. Les 60000 euros restants ont été divisés entre les ?médecins? et le propriétaire de la clinique?. Le jeune donneur turc, retrouvé par l?enquête, s?appelle Yilman Altun. Le 4 novembre 2008, à la suite de l?arrestation, la clinique est perquisitionnée par la police. On y découvre deux autres médecins : Sokol Hajdini et Driton Jilta. Des mandats d?amener sont également lancés via Interpol par le procureur serbe Vladimir Vuk?evi?, à l?encontre de Moshe Harel, citoyen israélien, qui a servi d?intermédiaire, et le docteur turc, Yusuf Sonmez. Mais un deuxième docteur israélien est également cité comme organisateur principal du réseau -c?est Zaki Shapira-, en même temps qu?un médecin turc réputé, Kenan Demirkol. A l?heure où paraît le livre de Carla del Ponte, on arrêtait donc ceux qu?elle avait dénoncés sans être arrivée à en réunir les preuves. Quelle ironie du sort. Le responsable cité est loin d?être un inconnu. C?est ce médecin, en effet, qui est le principal suspect. Le réseau est donc plutôt turco-israélien, mais placé sous la bienveillante protection d?Ilir Rrecaj, qui n?est autre alors que l?ancien ministre kosovar de la Santé, celui qui a signé l?autorisation d?exploitation de la clinique, un bâtiment qui ressemble plutôt extérieurement à un hangar qu?à un centre médical. Le journal israélien Haaretz les cite tous, le 12 novembre 2010, un mois avant la parution du rapport du Conseil de l?Europe, en précisant que cela fait deux ans qu?ils sont tous recherchés par Interpol, et que plusieurs sont en fuite depuis. Deux ans qu?on se doute de cette filière essentiellement israélienne, dont on possède tous les noms.
Depuis longtemps, une femme avait tiré la sonnette d?alarme. Elle enquête sur ces transferts d?organes, s?appelle Nancy Scheper-Hughes, et peut aujourd?hui être autant admirée par les véritables démocrates que Carla Del Ponte. Elles sont l?honneur de l?humanité, toutes deux, à avoir dénoncé dans le désert médiatique ces actes incroyables et les pays qui s?y sont livrés. On comprend aujourd?hui également la prudence de Dick Marty à ne pas citer les pays incriminés. Parler de médecins israéliens effectuant des prélèvements d?organes, c?est marcher sur des ?ufs, en ravivant la théorie ancestrale des juifs ?malfaisants?, mais aussi une histoire qui ravive les rumeurs de prélèvements sur les cadavres de prisonniers palestiniens, qui ont connu des débats épiques ces derniers mois.
Cette fois, on a les preuves, on connaît les responsables, et c?est bien pourquoi le dossier de l?enquête européenne est étayé sur du solide. Le chirurgien Yusuf Sonmez est un récidiviste : le 3 novembre 2010, un magazine turc révélait qu?il avait fait sa première transplantation en 1993, et que depuis il en aurait commis plus de 1300. En 2005 encore, il possédait une clinique privée à Istanbul, tenue avec son frère Bulent, qui sera fermée en 2007 pour conditions douteuses d?exercice de la médecine. Le journal lui donne alors comme surnom celui du ?Boucher? ou de ?Frankenstein?, pour préciser sa dextérité ou ses qualités opératoires. Ce serait en 2006 seulement qu?il aurait contacté Arben Dervishi, selon la police serbe, Yarel lui servant d?agent de liaison, notamment avec le dénommé Zaki Shapira, un chirurgien qui se chargeait au départ des transplantations au Beilinson Medical Center situé à Petah Tikva, au Nord-Ouest de Tel-Aviv, et qui aurait dû quitter l?hôpital pour ?des questions d?éthique?, apprend-t-on : il avait été dénoncé par le comité du même nom ou Commission Cotev.
Surprise, car cet hôpital est un haut-lieu de la médecine en israël : c?est là qu?a eu lieu la première transplantation de rein, et ce, dès 1964. Mais c?est aussi un lieu qui a eu en son temps fort mauvaise presse. Les chirurgiens israéliens ont réussi là les premières greffes de c?ur, en 1968, un an à peine après celle de Barnard, en Afrique du Sud. Or la toute première, faite à cet endroit, une véritable réussite médicale, est entachée d?une accusation fondamentale. En décembre 1968, un homme, Avraham Sadegat, meurt à l?hôpital Beilinson deux jours après avoir été hospitalisé pour un Avc. La famille réclame alors son corps et ne l?obtient tout d?abord pas. En insistant, elle finit par entrer en sa possession. Or elle découvre, effarée, que son torse est couvert de bandages, et que sous ses bandages, la cavité thoracique est vide et le c?ur absent. S?en suit un dépôt de plainte, qui durera le temps de trois ministères israéliens, dont le dernier finira par reconnaître que le c?ur de Sadegat avait bien servi à une transplantation, sans l?assentiment de la famille. La toute première transplantation cardiaque israélienne s?est faite dans des circonstances juridiquement douteuses. La raison ? La religion, hostile à tout prélèvement sur des cadavres.
Que pouvait bien faire ?d?illégal? Zaki Shapira au Beilinson Medical Center, c?est bien là le n?ud du problème. Car le lieu également est un symbole. C?est celui de la toute première implantation agricole juive en Palestine. Et un lieu dévasté depuis des mois par une colonie de jeunes néo-nazis israéliens, arrêtés après de nombreuses exactions dans la contrée, notamment le saccage de lieux de culte juif. Là-bas il n?y a que l?embarras du choix : à Petah Tikva, on compte 280 synagogues. Zaki Shapira a déjà été cité dans un rapport d?IPS : c?est lui aussi un récidiviste, sinon le principal du genre. En 2004, en effet, on arrête, à Pernambouc, au Brésil, deux citoyens israéliens, Gedalya Tauber, officier en retraite de la police israélienne, et Eliezer Ramon, et six brésiliens originaires de Recife, dont Ivan Bonifacio da Silva, autre retraité -mais de la police brésilienne celui-là-, qui organisaient un trafic de reins, selon Raimundo Pimentel, député du parti social démocrate brésilien et le responsable de la commission chargé de l?affaire. Selon les renseignements collectés, des jeunes donneurs étaient transférés et opérés en Afrique du Sud, à l?hôpital St. Augustine de Durban. Gedalya Tauber et Ivan Bonifacio da Sivla ont créé ensemble, en Hollande, une société de sécurité et de vente d?armes. Le trafic d?organes n?était qu?un bout de l?iceberg. Or, qui trouve-t-on déjà comme chirurgien dans cette sombre histoire ? Zaki Shapira, qui s?est réfugié en Afrique du Sud après avoir dû quitter Israël pour ses pratiques douteuses. Il professait également en Turquie, selon d?autres sources. Et officiait désormais dans la clandestinité, ayant été chassé de son hôpital d?origine.
Au Brésil, bien avant 2004, certains avaient déjà dénoncé ce trafic, dont des religieuses. ?Des religieuses brésiliennes qui avaient dénoncé le trafic d?organes ont perdu l?une d?elles, Doraci Edinger, trouvée assassinée, le 24 février 2004, chez elle, à Nampula, au Mozambique. Cette femme avait parlé dès 2001 du trafic d?organes au nord du Mozambique et de la menace qui pesait sur elle. Cette information avait fait le tour du monde, dans BBC News, Independent Catholic News et d?autres publications. En Moldavie, ?à l?issue d?une enquête, dit Le Quotidien du Médecin du 1er juillet 2003, le Conseil de l?Europe a présenté à Strasbourg un rapport sur le trafic d?organes en provenance des pays les plus pauvres d?Europe orientale, informant que des réseaux se sont spécialisés dans la recherche des donneurs vivants.? Cette religieuse avait vu le pire et l?avait raconté avant de disparaître assassinée. ?Un cas emblématique est celui de Sarima Iburamo, une fille âgée de 12 ans disparue le 12 octobre 2002, dont le corps mutilé a été retrouvé par Rufina Omar, la reine des tribus de la région de Namipoco, à proximité de la ville. Or les missionnaires parlaient depuis longtemps du problème du trafic d?organes. Dès 2001, Doraci Edinger avait sonné l?alarme. Avec la missionnaire assassinée et avec Elilde dos Santos, une Brésilienne laïque consacrée, les religieuses du monastère Mater Dei ont recueilli de nombreux témoignages d?enlèvements, de disparitions et de découvertes macabres (?) L?an dernier, Moisés, pasteur de l?église évangélique « suivait plus de cent cinquante enfants des rues et leur donnait de la nourriture, des vêtements et des cahiers pour l?école ; depuis janvier il n?en a plus que neuf ». Le père Claudio a vu bien des choses de ses propres yeux. « Un homme âgé, Pastola Cocola, m?a conduit », raconte-t-il, « près des fosses où ont été enterrés une femme, un homme et deux fillettes, qui n?avaient plus d?organes internes lorsque la population les a retrouvés (?) J?ai parlé avec les religieuses mais aussi avec beaucoup de gens qui ont vu des cadavres sans yeux et sans organes, et avec des parents qui espèrent encore retrouver leurs enfants disparus ». Selon un autre son de cloche, ces événements avaient été amplifiés à partir de fausses informations : « Ces événements aboutirent à une enquête judiciaire au terme duquel le Procureur général Joaquim Madeira conclut qu?il n?y avait aucune preuve de trafic d?organe. Les autorités estiment que la rumeur amplifia les faits réels. Cependant, l?Eglise reste d?autant plus inquiète et préoccupée que les religieuses catholiques qui avaient dénoncé le trafic firent à mainte reprises l?objet de menaces. Persistant dans leur accusation, elles dénoncent la mauvaise volonté des autorités locales et la superficialité des autopsies », précise Patrice Dx. Bref un imbroglio, certes, mais des témoignages laissant entendre un possible trafic. Ce qui explique peut-être l?assassinat de celle qui avait dénoncé un trafic?
Lors du procés des trafiquants de reins brésiliens, on fait venir à la barre Nancy Scheper-Hughes, qui dirige le projet Organs Watch à l?Université de Californie de Berkeley, et qui témoigne que « le trafic international d?organes humains a commencé il y a environ douze ans déjà, et qu?il a été promu par Zacki Shapira, ancien directeur d?un hôpital de Tel Aviv ». Elle raconte que Zaki Shapira « a effectué plus de 300 greffes de rein et parfois raccompagné lui-même ses patients vers d?autres pays, comme la Turquie. » Les bénéficiaires de ses soins, sont, selon elle, « des personnes très riches ou possédant une très bonne assurance, et les « donneurs » sont des gens très pauvres de l?Est de Europe, des Philippines et d?autres pays en développement. » On notera ceux originaires des « pays très pauvres de l?Est » : le Kosovo, par exemple, auquel on songe obligatoirement. Nancy Scheper-Hugues annonce douze ans d?existence et nous sommes alors en 2004 : les faits se sont passés en 1992 et la guerre au Kosovo date de sept années plus tard. En 2004, on savait donc déjà qu?un trafic de ce genre existait, qu?il était bel et bien né en Israël, et se perpétuait grâce à la science des greffes acquises par Zaki Shapira et ses émules, voire ses disciples. la BBC, le 5 décembre 2003, expose les faits et produit une infographie qui relie trois villes : Pernambouc, Durban et Tel-Aviv. Elle cite même un receveur, Agania Robel, âgé de 41 ans, israélien, arrêté et aussitôt relâché. Son donneur, cette fois, était israélien lui aussi et s?appelait S. Zohr. Il avait reçu 18000 dollars pour se séparer d?un de ses reins. Il avait tenté de s?échapper de la clinique avant d?avoir à subir l?opération, mais avec les 18000 dollars en poche.
Nancy Scheper-Hughes venait de sortir un article retentissant sur ces pratiques, appelé « The New Cannibalism », le « Nouveau cannibalisme » dans lequel elle fustigeait ces pratiques de barbares exploitant la pauvreté dans le monde. Lors du procès, on retrouvera un des donneurs, Alberty Josi da Silva, et sa receveuse, une américaine de Brooklyn ayant quinze années de dialyse et sept de liste d?attente de greffe. C?est son mari qui avait entendu parler d?un « médecin israélien » qui aurait pu mettre fin à son calvaire. On songe à Zaki Shapira, nécessairement. Dans son cas, comme dans une centaine d?autres, c?est un autre israélien âgé de 52 ans, qui aura servi d?intermédiaire, Ilan Peri (ou Perry), travaillant alors chez TechCom. Dans son témoignage, Nancy Scheper-Hughes donne quelques indications de tarifs moyens de reins « frais » : en tête on trouve aujourd?hui l?Irak, à 10000 dollars seulement le rein de rechange. La Bosnie-Herégovine figure également dans la liste, ainsi que l?Ukraine pour 19000 dollars accordé au donneur. Pour l?opération, le tarif est tout autre. Les reins ou la cornée d?Irak proviendraient des morgues du pays ou des prisons. On songe à ce qu?ont enduré certains détenus à Abou Grhaib, où de lourds soupçons pèsent sur la présence de mercenaires israéliens comme geôliers, chose qui a été établie avec ceux de Zapata Engineering, notamment ou ceux de Qinetiq recrutés par la ?Science Applications International Corp?, (ou SAIC) fondée par J. Robert ?Bob? Beyster. Dans les dépositions des donateurs de greffes, le nom d?Israël ne cesse de revenir, dès 1999 et même avant. Et cela, tout le monde le sait, mais tout le monde se tait.[/justify]
[left][small]Pour greffe ; très très beau prépuce à vendre.[/small][/left]
Question : L'israëlien donne-t-il ses organes aux akum ?
Moderator: Le Tocard
[large]Le mensonge juif dans toute son horreur[/large]
[center][youtube]http://www.youtube.com/watch?v=cq-OtMi1zPE[/youtube][/center]
[center][youtube]http://www.youtube.com/watch?v=cq-OtMi1zPE[/youtube][/center]
[large]Interviews[/large]
Dick Marty s?exprime à propos de son rapport sur le trafic d?organes au Kosovo
par Bashkim ISENI
[justify]Question :
- "Votre rapport a suscité d?immenses polémiques, qui plutôt que de s?affaiblir, continuent de s?amplifier en rapport à l?accusation que des responsables politiques kosovars seraient impliqués dans le trafic d?organes.
Mais avant d?entrer dans le vif du sujet, dans le préambule de votre rapport, vous vous référez à la Résolution 1244 de l?ONU. Or celle-ci n?est plus une référence, même pour Belgrade. De plus, en été 2010, sur demande de l?Etat serbe, la Cour Internationale de Justice de La Haye (CIJ) a donné son avis en estimant que la proclamation de l?Indépendance du Kosovo ne violait pas le droit international.
Notre question est la suivante : Pourquoi ce silence dans votre rapport relatif à la Cour Internationale de Justice de La Haye, mais aussi par rapport à la notion d?Etat du Kosovo -d?ailleurs vous parlez plutôt d?administration des Kosovars ?"
Dick Marty :
- "Tout d?abord, permettez-moi de vous remercier de me donner l?occasion de m?adresser aux citoyens et citoyennes du Kosovo et de l?Albanie, aux albanophones en général. Je suis très reconnaissant pour l?occasion qui m?est ainsi offerte, parce que je pense qu?il est nécessaire que certaines affirmations et certaines impressions soient corrigées.
Ce rapport et mon activité n?ont jamais été, je vous l?assure, et ne doivent pas être compris comme quelque chose contre la communauté kosovare, ou contre la communauté albanophone. Au contraire. J?ai essayé de faire un travail qui m?a été demandé. Ce n?est pas moi qui suis allé le chercher. J?ai été chargé de ce mandat. Je l?ai fait au plus près de ma conscience.
Je sais que la recherche de la vérité peut faire mal, mais jamais je n?ai entendu critiquer, et encore moins criminaliser une entière communauté. J?ai trop d?amis et de connaissances kosovars et albanaises. Beaucoup parmi eux vivent en Suisse et jamais je n?ai eu un quelconque problème avec quelqu?un provenant du Kosovo ou de l?Albanie. J?ai eu seulement des rapports de respect et d?amitié."
-"Mais justement, M. Dick Marty, la majorité des critiques émanent des milieux politiques, mais aussi de la société civile kosovare et des différents milieux, y compris académiques. Ils vous reprochent d?être l?auteur de ce rapport, alors que, précédemment, vos prises de positions politiques étaient tranchées contre l?intervention de l?OTAN au Kosovo et la déclaration d?indépendance du Kosovo. Donc, selon vous, est-ce que l?opinion politique kosovare et albanaise exprimant de sérieux doute quant à votre impartialité est justifiée ?"
- "Je crois que, là aussi, il y a un malentendu. J?ai exprimé des critiques de nature absolument juridique. J?ai déploré que l?intervention de l?OTAN n?ait pas eu lieu conformément au droit international, c?est-à-dire avec l?aval du Conseil de sécurité de l?ONU. C?est si vrai, que la Suisse avait interdit le survol des avions de l?OTAN sur son territoire, parce que cela n?était pas conforme au droit international.
Cela dit, j?étais aussi convaincu qu?il fallait intervenir au Kosovo. Que la politique criminelle de folie de Milosevic de nettoyage ethnique était absolument absurde. Voilà pourquoi je pensais -et je le pense toujours- que si on avait fait les choses d?un point de vue juridique de manière propre et nette, nous aurions eu beaucoup moins de polémiques.
Quant à l?indépendance, je n?ai jamais contesté l?indépendance en tant que telle. J?ai contesté et critiqué d?un point de vue juridique, en m?appuyant en tant que président de la Commission sur les questions des Affaires étrangères, sur des avis de droit de professeurs internationalistes connus qui nous nous ont démontré que la façon dont était déclarée l?indépendance n?était pas tout à fait correcte. Et moi je pense que si cette indépendance, que je ne conteste pas en tant que telle, avait été peut-être un peu mieux préparée, nous aurions beaucoup moins de problèmes et peut-être que la population kosovare aurait pu vivre mieux. Donc, ce sont les modalités et non la substance que j?ai remises en question et critiquées. D?ailleurs, une de mes critiques sur les modalités, hélas, s?est réalisée. J?avais dit que cela allait créer un précédent dangereux, car il y en aura qui vont invoquer ce précédent. C?est ce qui s?est passé avec l?Abkhazie et l?Ossétie du Sud qui, à tort ou à raison, ont invoqué ce précédent. Mais, je le répète, ce n?est pas l?indépendance en tant que telle, mais la façon dont elle a été décidée que j?ai critiquée. J?aurais préféré que ce soit les Kosovars, eux seuls, qui décident, et non que cette décision soit prise à Washington, Berlin ou Paris.
Je suis aussi un peu critique sur cet état de perfusion qui existe maintenant avec les internationaux au Kosovo. Je pense que les Kosovars seraient peut-être à même de faire beaucoup plus de chose tout seuls et qu?il y aurait moins d?effets négatifs qu?avec cette forte présence internationale."
-"Vous avez effectivement dit que la déclaration de d?indépendance n?avait pas été décidée à Prishtina. Mais, en fin de compte, elle a abouti à une série de négociations..."
- "Moi, je ne la remets plus en discussion. Ce n?est plus un sujet pour moi. Le Kosovo indépendant, j?aimerais qu?il soit vraiment indépendant. Qu?il puisse voler de ses propres ailes. Et, pour moi, ce n?est absolument plus une discussion. Il s?agissait, pour moi, des modalités, du moment, de la précipitation de la Suisse à propos de la reconnaissance qui est contraire à la pratique de la Suisse qu?elle avait suivie jusqu?à présent, un point c?est tout. Je suis réaliste. Les Kosovars, certainement, veulent l?indépendance, et je crois que, maintenant, on doit respecter cette indépendance. Pour moi, c?est un chapitre tout à fait clos et je dois dire qu?il n?a absolument rien à voir avec mon rapport.
J?ai fait un autre rapport très critique sur la Russie et sur sa politique dans le Caucase du Nord. Ce n?est pas pour autant que j?ai pris position en faveur ou contre l?indépendance de la Tchétchénie. Ce n?est pas ma tâche. La tâche qui m?a été confiée est une tâche qui va dans le sens du respect des principes de la Convention européenne des Droits de l?Homme, un point c?est tout."
-"Très bien. Puisque vous parlez de la Russie, est-il vrai que l?auteur de la motion qui a donné lieu à ce rapport est un député russe du nom de Konstantin Kosachev ? Beaucoup d?analystes kosovars de la région s?interrogent sur le bien-fondé de cette initiative, sachant que la Russie n?est pas vraiment un modèle en ce qui concerne la défense des Droits de l?Homme et qu?elle est connue comme étant l?alliée traditionnel de Belgrade. Donc, est-ce que vous ne redoutiez pas que cette initiative faisait l?objet d?intentions politiques ?"
- "M. Kosachev est l?un des signataires de cette motion. Mais pour que la motion puisse être valable, elle doit être signée par vingt députés et doit représenter, sauf erreur, cinq différents pays. Donc, il y a des députés de différents partis et de différents pays qui l?on signée. Je vous signale, entre parenthèses, que je ne l?ai pas signée."
-"Oui, mais est-ce que c?est bien lui l?initiateur de cette motion ?"
- "Je ne sais pas si c?était l?initiateur. Je n?ai pas été interpellé et je n?étais pas au courant de cette initiative. La procédure est la suivante. Lorsqu?il y a une motion, celle-ci est examinée par le bureau de l?Assemblée du Conseil de l?Europe, qui lui-même décide de la validité de celle-ci. Dans ce cas, il a décidé qu?elle était valable et l?a attribuée à la Commission des questions juridiques des Droit de l?Homme. Cette Commission doit désigner un rapporteur, et elle a décidé de m?attribuer ce rapport. Je dois vous dire que je n?étais pas nécessairement enthousiaste, et je peux vous assurer que ce n?est pas moi qui suis allé chercher ce travail."
-"Puisque nous parlons de votre rapport, je propose d?entrer dans le vif du sujet. Auparavant, il y a eu deux rapports du Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie et de l?EULEX sur l?ex-Yougoslavie. Deux enquêtes réalisées sur les allégations à propos du trafic d?organes. Qu?est-ce que votre rapport apporte de plus par rapport à ce qui a été fait jusqu?à maintenant ?"
- "Parler d?enquête du Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie et de l?EULEX par rapport à ces faits, je crois que c?est beaucoup dire. En 2002 ou 2003, le Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie avait une mission à « Burrel ». Dans ce cadre, il a recueilli un certain nombre de preuves techniques, comme des traces de sang, des médicaments, etc., et il n?y a eu aucune suite à cette visite sur les lieux. Et même, ces preuves qui, aujourd?hui, pourraient être exploitées dans le cadre d?une véritable enquête, ont été détruites, ce qui est évidemment assez étrange. Parce que je ne connais aucune autorité judiciaire, aucun ministère public qui, même dans le cas où il reconnaît ne pas être compétent, détruit, après moins de deux ans, des éléments de preuves qui pourraient, demain, se révéler capitales.
Donc, en somme il n?y a jamais eu de véritable enquête sur ces faits. Aussi, parce que l?Albanie -et c?est le ministre de la Justice albanaise et le ministre de l?Intérieur qui me l?ont dit- considérait qu?elle n?avait aucun motif pour ouvrir une enquête sur les éventuels faits survenus sur son territoire, car elle ne faisait pas partie du conflit avec l?ex-Yougoslavie et que de ce fait, elle ne voyait pas en quoi elle devait ouvrir une enquête. Aujourd?hui nous savons, et EULEX est en train de le prouver -il y a un acte d?accusation-, qu?un camp de prisonniers secret était tenu sur les territoires de l?Albanie du Nord par des forces de l?UÇK.
Là aussi, permettez-moi de vous dire que si on lit attentivement mon rapport, ce n?est pas l?UÇK en tant que telle qui est criminalisée ou critiquée. Je voudrais même souligner qu?il y a des membres de l?UÇK qui se sont engagés de façon admirable pour leur patrie. Je ne crois pas que l?on puisse considérer l?UÇK comme une armée structurée au sens classique avec un Général etc. Mais, il y a eu des abus et des crimes qui ont été commis par certains groupes qui, à mon avis, doivent faire aussi l?objet d?une enquête. Ce que j?ai amené dans ce rapport n?est finalement pas très neuf. Que ce soit l?UÇK, certaines forces de l?UÇK, ou M. Thaçi, tous ont déjà été cités dans de très nombreux rapports des services de renseignements, d?études qui ont été réalisés, d?articles rédigés, ou d?un service de la BBC. Ce que nous avons donc pu faire, c?est apporter des détails que nos recherches nous ont permis de trouver. Des témoins très fiables ont pu donner des détails qui sont contenus dans le rapport.
Mais nous ne sommes pas une autorité d?enquête, et encore moins de jugement. Nous sommes une autorité de dénonciation. Nous dénonçons et nous réclamons des enquêtes pour des faits qui indiquent des indices très graves de violations des Droits de l?Homme. Et nous l?avons fait à de très nombreuses reprises. Tout à l?heure vous avez parlé du rapport sur les prisons secrètes. Je vous signale que, là aussi, j?ai cité des noms, comme celui de l?ancien président de la Roumanie ou du conseiller de la Sécurité polonaise qui étaient au courant de ce qui se passait. Et, en juin 2007, j?ai présenté ce rapport pour lequel ont m?a aussi réclamé des preuves. A quoi j?ai rétorqué que c?était à eux de rechercher les preuves. Ma tâche consiste à dénoncer. Et je peux vous dire que, trois après, il n?y a pas eu un seul mot de mon rapport qui a été démenti. Et aujourd?hui, je crois que le contenu de mon rapport est considéré comme prouvé dans tous ses éléments."
-"Justement, on vous reproche le fait qu?il y beaucoup trop d?accusations très dures et très sévères, alors que les preuves pour appuyer ces accusations font défaut. Le sentiment général est que votre rapport est un jugement avant l?instruction juridique."
- "Non ! En citant de très nombreuses sources et documents, je dis qu?il y a tellement d?indications -sans oublier les témoins que j?ai entendus qui dénoncent des faits- qu?on ne peut pas faire semblant que rien ne s?est passé. C?est pourquoi il faut faire une enquête. Or je constate que les autorités judiciaires en charge de la région ne sont hélas pas à même de protéger les témoins. Et c?est pour cette raison que les témoins ne parlent pas. Vous savez très bien qu?il y a des témoins qui ont été assassinés. Vous savez très bien qu?il y a des témoins qui ont fait des déclarations à charge dans des instructions de procès et qui n?ont plus parlé lors du procès. Vous savez très bien qu?il n?y toujours pas, comme la communauté internationale l?a demandée, une loi de protection des témoins.
Donc, ce n?est pas une population qui est criminalisée. Je trouve que la grande partie des Kosovars ont été des victimes et ont dû payer un lourd tribut. J?aimerais, pour ces hommes et ces femmes, que leur avenir ne soient pas bâti sur des doutes et des mensonges, mais qu?il le soit sur la vérité. Il est vrai que la recherche de la vérité fait mal, mais il ne faut pas réagir comme les Serbes. Les Serbes ont réagi, quand il y a eu l?accusation contre Milosevic et les crimes horribles qui ont été commis contre des musulmans et albanophones. Ils ont aussi dit "on veut des preuves", qu?il n?y avait pas de preuves. Il ne faut pas réagir comme cela. Je trouve que la réaction juste est de dire : vous faites des accusations très sérieuses. Maintenant, on veut que les autorités compétentes mettent tout en ?uvre pour que l?on recherche la vérité. Car la vérité est dans notre intérêt.
Il y a bien trop d?exemples, et même en Suisse, avec les fameux fonds en déshérence des juifs, les biens des Juifs qui étaient laissés dans nos banques. Pendant des années, nous avons fait semblant de ne pas voir ce problème et l?histoire nous a rattrapés longtemps après la guerre. Et cela a fait un mal énorme à notre pays. En Autriche, il y a avait un président qui était impliqué dans le nazisme et pendant longtemps on a fait semblant de ne pas le savoir. Puis, là encore l?histoire nous a rattrapés.
Je n?ai été qu?une fois au Kosovo, mais j?ai été très impressionné par la chaleur et l?accueil de la population, un accueil que j?ai retrouvé, par ailleurs, aussi en Albanie. Moi, je leur souhaite de vivre un futur prospère. Mais ce futur n?est possible que si l?on se confronte avec son passé en recherchant la vérité. Cela est également valable pour mon pays et pour toute autre société."
-"Mais votre rapport a été amorcé en tout cas suite à la publication du livre de l?ancienne procureur du Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie, Mme Carla del Ponte. À ce sujet, sa porte-parole, Mme Florence Hartmann, qualifie ces propos d?irresponsables, car elle présente comme des faits avérés de simples hypothèses. Sachant que votre rapport se base sur cet ouvrage, au fond, les Albanais du Kosovo ont le sentiment que vous leur demandez de prouver leur innocence, faute d?avoir pu établir leur culpabilité."
- "Monsieur, je suis en fin de carrière politique et j?ai un certain âge, pour ne pas dire un âge certain. J?ai servi dans les trois pouvoirs de l?Etat : justice, exécutif et maintenant au législatif. Vous n?allez tout de même pas croire que je vais jeter aux orties ma carrière en ayant écrit un roman comme rapport. Je crois à une certaine conscience professionnelle et un savoir-faire professionnel. Pendant plus de quinze ans, j?ai été procureur et je me suis surtout occupé de la criminalité organisée internationale. D?ailleurs j?ai reçu deux distinctions du Département de la Justice américain. Je ne le dis pas par vantardise, mais pour étayer une certaine compétence que je revendique. Je sais comment interroger un témoin. Je sais qu?on ne peut pas se baser sur une seule déclaration, et qu?il faut avoir des contrôles croisés.
Si vous lisez attentivement mon rapport, je ne dis jamais que M. Thaçi est directement impliqué dans un trafic d?organes, mais je dis que des personnes très proches de M. Thaçi sont impliquées. Donc, qu?il est difficile de penser qu?il n?en a jamais entendu parler. Contrairement à Mme Del Ponte, je précise beaucoup d?aspects. Je ne dis pas qu?il s?agit de centaines de transplantations illégales. Je ne parle que d?une poignée de cas."
-"Très brièvement, d?ailleurs !"
- "Mais, c?est écrit. Je n?ai pas écrit le contraire. Je crois qu?une vérité, il suffit de la déclarer une fois. Quand on commence à déclarer trop souvent une vérité, cela commence à être suspect. Tout ça pour dire, que j?aimerais que quelqu?un de professionnel traduise ce rapport. Car ce rapport n?a pas été lu par 99,9 % des personnes qui aujourd?hui sont indignées. Seuls des extraits publiés par la presse ont été lus. Une presse partisane qui a extrait seulement certaines parties de ce rapport. Or, ce rapport est aujourd?hui exploité par des milieux des deux parties à des fins nationalistes. Par des Serbes, ce qui m?irrite beaucoup. Et par des nationalistes du Kosovo. Le fait qu?il soit exploité par les deux côtés plaide presque en faveur du rapport.
Le rapport est très dur envers les Serbes. Il n?y a aucune complaisance et aucune compréhension pour les crimes horribles commis par les Serbes. Mais les crimes commis par les Serbes ne peuvent justifier des crimes commis aussi par quelques Kosovars -et non pas par les Kosovars. Il n?y a pas un crime qui peut compenser l?autre. La justice doit être égale pour tous, et il faut mener des enquêtes des deux côtés. Or, ce que l?ambassadeur américain a dit, lors de la mise en place, en 1999-2000, de la nouvelle administration locale, il a dit que le passé était le passé et qu?il fallait se préoccuper du futur. Ce n?est pas une bonne base pour partir. Même si on peut avoir une certaine compréhension.
Je me suis rendu compte qu?au Kosovo on murmure depuis longtemps sur ces choses. En réalité, si on est honnête jusqu?au bout, on ne devrait pas être tellement surpris par ce rapport. Le grand tabou demeure à propos du fait que des albanophones aient été assassinés par certains éléments d?UÇK. Mais, cher Monsieur, vous savez que cela a eu lieu. Je trouve que ces crimes doivent également être clarifiés. J?ai rencontré les parents de victimes disparues, soit à Belgrade, soit à Prishtina. A chaque fois, j?ai été bouleversé, car je sais ce que représente la perte d?un enfant, en particulier lorsqu?on ne sait rien de ce qui est arrivé. Dans ces cas-là, le deuil n?est même pas possible. Donc, je trouve que le rapport mérite une lecture plus sereine, et cela même si je me rends compte que ce n?est pas facile. Je dois vous avouer que j?ai une certaine compréhension à l?égard de ces réactions."
-"Tout à l?heure vous avez évoqué l?implication de M. Hashim Thaçi dans le présupposé trafic d?organes. Mais des députés suisses qui appuient votre rapport, le président des verts, mais aussi d?autres députés tout aussi respectables, se sont montrés assez dubitatifs sur le lien que vous faites."
- "Je vous répète qu?en lisant attentivement, vous ne trouverez aucune implication directe de M. Thaçi avec le trafic d?organes. Il y a des noms précis sur le trafic d?organes, mais pas celui de M. Thaçi. Ce que l?on dit, c?est que ces personnes font partie du milieu de M. Thaçi. Il faut savoir que M. Thaçi avait quand même des responsabilités importantes au sein de l?UÇK et au sein de ce groupe. Je vois mal M. Thaçi avoir participé personnellement à un prélèvement d?organes.
Même si tout s?est focalisé sur les prélèvements d?organes, la vérité est qu?il y a des centaines de personnes qui manquent à l?appel et dont on a perdu toute trace, alors que de nombreux indices, confirmés aujourd?hui par EULEX, démontrent qu?elles ne sont parties vers l?Albanie. Parmi celles-là, il n?y a pas que des Serbes, mais aussi des Kosovars albanophones."
-"Est-ce que la présomption d?innocence vaut aussi pour M. Thaçi ?"
- "Il ne s?agit pas d?une condamnation, mais d?une dénonciation éventuellement. Ce n?est pas une condamnation. Il faudra que finalement quelqu?un se donne la peine de faire une enquête, ce qui n?a jamais été le cas jusqu?à présent, malgré la publication de certains articles qui parlaient de criminalité organisée liée à certains milieux de l?UÇK. Ainsi, en 1989 déjà, un article du New York Times, un autre du Guardian, se basaient sur un rapport du FBI, des services allemands, grecs, italiens, et du Centre européen d?études de Berlin, etc. Au fond, je suis étonné que le scandale survienne aujourd?hui et qu?il n?ait pas éclaté avant."
-"En Suisse, M. Alain de Weck, une sommité mondiale dans le domaine de la transplantation d?organes, exprime de profonds doutes sur l?ampleur des allégations et suggère une remise en perspective de l?accusation d?un massacre à grande échelle."
- "Il faut lire mon rapport. Qui a mentionné, en Albanie et au Kosovo, que je parle d?une poignée de cas ? Personne. D?ailleurs, pas seulement au Kosovo. Il y a eu d?autres médias qui ont indiqué que contrairement à Mme del Ponte, M. Marty ne parle que d?une poignée de cas. Et vous savez, que le trafic d?organes a continué, sous les nez des internationaux, à Prishtina même. Ce sont substantiellement les mêmes filières, et cela, je le prétends, qui sont en ?uvre. Car, une fois que l?organe a quitté le pays, il est pris en charge par des filières internationales. Le trafic d?organe constitue des grandes plaies de ce monde, contre lequel j?estime que l?on ne fait pas assez.
Aujourd?hui, le terrorisme est perçu comme l?ennemi numéro un, alors qu?il y a des phénomènes qui font beaucoup plus de victimes. Je pense au trafic d?armes, de drogues, d?êtres humains, d?enfants, et au trafic d?organes. Des trafics contre lesquels on ne consacre pas un dixième de l?énergie de celle que l?on met contre le terrorisme qui fait beaucoup moins de victimes. Cela ne veut pas dire pour autant qu?il ne faut pas combattre le terrorisme, mais que l?on ne prête pas assez d?attention à ces autres phénomènes dont nous risquons tous d?être victimes, et cela, indépendamment de la nationalité et de l?ethnie."
-"Est-ce que votre rapport n?est pas aussi, quelque part, victime de cet emballement politico-médiatique qui met en évidence ce commerce abject organisé à grande échelle ? Est-ce que le titre de votre rapport n?a pas desservi votre enquête en donnant l?impression que le trafic d?organes était le noyau de la réflexion, alors qu?elle englobe toute une problématique qui va bien au-delà du trafic d?organes ?"
- "Je ne suis pas responsable du titre. Cela m?a été attribué. Le tout est parti des déclarations de Mme del Ponte. J?étais très surpris par ses déclarations. Je me suis demandé pourquoi une personne qui avait des responsabilités judiciaires dans la région fait de telles déclarations, non pas au moment où elle avait le dossier en charge, mais une fois qu?elle a quitté cette fonction. Et en plus, elle les fait à travers un livre. J?étais très sceptique sur ses déclarations. Ensuite on a constaté que le Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie n?était pas compétent car les faits s?étaient passés après le 12 juin 1999, et que cela s?était passé en Albanie. D?ailleurs on peut se poser la question si EULEX est compétent.
Il est vrai que mon rapport prête à sensation. Je suis un professionnel de la défense des Droits de l?Homme. Lorsque?on me charge de faire un rapport, je recueille des indices très sérieux, je découvre toute une série de documents, et je fais état de tous ces faits dans mon rapport. C?était mon devoir. Je sais qu?avec ce rapport je me suis seulement attiré des ennuis. Il faut savoir qu?avec un tel rapport on ne gagne rien du tout. On ne perçoit pas de salaire pour ce type de rapport. À l?instar de chaque rapporteur, on reçoit, de la part du parlement suisse, la somme de 200 CHF, et ce, quel que soit l?objet de l?étude, que ce soit au parlement suisse ou à celui de Strasbourg. Ce rapport ne crée que des ennuis et ne me porte aucun bénéfice personnel, je peux l?assurer. C?était mon devoir. À partir du moment où j?ai reçu ce mandat, il fallait que je dise ce que j?avais découvert. Après, il s?agit d?une dénonciation, et, par la suite, il revient aux autorités compétentes de faire leur devoir. J?ai fait cela pour les questions des prisons secrètes, pour les abus qui ont lieu et qui continuent dans le Caucase du Nord, pour Chypre, pour le Congo dans les régions des Grands lacs. Je n?ai aucun motif personnel contre le Kosovo, l?Albanie et les Albanais. Bien au contraire, je fais partie de ceux qui ont beaucoup lu les livres de M. Kadaré."
-"Effectivement, c?est une sommité mondiale.
Ne craignez-vous pas qu?il y ait quand même un usage politique surtout à propos de la chronologie du rapport ? Même Jacques Rupnik, qui est une personnalité très respectée dans le monde académique européen et international, soutient que ce rapport est une manière de torpiller le processus de paix entre Belgrade et Prishtina.
Ce rapport arrive juste après l?élection de M. Thaçi."
- "Je crois qu?on aurait fait la même observation à n?importe quel moment de la divulgation du rapport. Je suis de l?avis que les journalistes et la personne que vous citez auraient dû être plus sérieux et se renseigner mieux. Il y a une procédure très rigoureuse pour la présentation des rapports. Nous devons présenter les rapports dans les deux ans, et on ne peut demander qu?une seule prolongation. S?agissant de mon cas, le dernier terme était la session de janvier 2011. Donc, le dernier délai pour de le présenter à la Commission était le 16 décembre 2010. Lors de l?établissement de l?ordre du jour de la session du mois de janvier 2011, dans lequel figurait aussi le rapport, personne n?avait encore décidé la date des élections au Kosovo. Car comme vous le savez, il ne s?agissait pas d?élections ordinaires. Il s?agissait d?élections extraordinaires dont la date n?avait été fixée qu?au mois de novembre 2010. D?ailleurs, la première date qui avait été fixée était pour le mois de février 2011.
Donc, cela n?a absolument rien à avoir avec le processus électoral. Les dates ont été fixées en fonction de la réglementation et je n?avais aucune influence sur ces dates. C?est très important, car il y a eu tellement de spéculations, alors qu?il aurait suffi de se renseigner un peu. Les documents sont clairs : l?ordre du jour a été fait avant la fixation de la date des élections. D?ailleurs, selon le règlement du Conseil de l?Europe nous aurions dû envoyer le rapport une semaine avant la séance de la Commission à tous les membres qui sont au nombre de 82. Donc nous aurions dû envoyer le rapport le jeudi avant les élections, donc le 9. Or, cet envoi est adressé à 82 membres. Il est impossible de maintenir le secret. Avec le Président de la Commission, nous avons décidé qu?il était impensable d?envoyer un tel rapport à 48 heures des élections. Donc, en dépit de la violation du règlement, nous l?avons envoyé seulement le dimanche soir, afin d?éviter d?être accusé sur une quelconque influence sur les élections."
-"Vous avez évoqué les questions des sources. À ce sujet, il y a pas mal de polémiques et d?interrogations au sein des milieux albanophones et plus généralement. Vous vous appuyez essentiellement sur des témoignages, et des rapports de services de renseignements. On critique les sources, sur lesquelles vous appuyez vos accusations. De même on vous accuse de n?avoir pas rencontré vous-mêmes les témoins, comme vous l?indiquez dans votre rapport. Vous expliquez que c?était lié aux conditions dans lesquelles vous avez dû travailler en rapport avec la question de la protection des témoins."
- "Il ne s?agit pas de tous les témoins. Certains ont parlé personnellement avec moi."
-"En tout cas, pour la majorité, cela n?a pas été le cas."
- "Non ! Les témoins clés ont parlé avec nous. Et cela n?a pas été facile, car ils devaient avoir une garantie absolue de discrétion. Ces témoins ont peur. Il y a eu des témoins qui ont été menacés et assassinés. Tant que le problème des témoins n?est pas résolu, on ne fera jamais la justice contre les tout-puissants. Le drame réside dans le fait que la justice est très forte avec les petits poissons et très faible avec les gros, et ce n?est pas seulement dans le cas Kosovo."
-"Mais, là aussi, vous vous appuyez essentiellement sur des rapports des services de renseignement des pays qui ne sont pas nécessairement en faveur de l?indépendance du Kosovo. Pouvez-vous nous en dire un peu plus, car il y a beaucoup de spéculations et de bruits autour des sources de ce rapport ?"
- "Ce ne sont pas les services officiels qui m?ont donné ces rapports. N?ayez crainte. Ces rapports ont suscité en général l?irritation des chancelleries, car cela n?allait pas dans leur sens. Ainsi, le Bundesnachrichtendienst allemand. Leur rapport a été « leaké », c?est-à-dire qu?il a été rendu public par le Spiegel en 2005. L?administration allemande était furieuse que ce rapport soit sorti, car le contenu de ce rapport ne servait pas les intérêts de la politique allemande, qui en cette période était -et je crois est toujours- très favorable à l?administration kosovare.
Mais, je crois qu?il ne faut pas toujours raisonner dans une optique politique. Ne peut-on pas accepter que quelqu?un puisse simplement travailler en faveur de la recherche de la vérité, et d?une justice qui soit égale pour tout le monde ? C?est ce qui me choque. On s?est interrogé sur les motifs du moment de la publication, sur les éventuels sommes d?argents reçues de la part des Serbes. J?ai peut-être commis des erreurs car personne n?est parfait, mais ce que je peux assurer à tous les Kosovars et Albanais, c?est que j?ai essayé de faire mon travail très honnêtement dans un esprit de la recherche de la vérité et de justice. Je sais, par expérience, que la recherche de la vérité peut faire très mal. Mais au bout du compte, c?est un mal nécessaire."
-"Mais il faut aussi choisir la méthode pour le faire."
- "Quelle méthode ?"
-"Par exemple, vous vous êtes servi des rapports de la justice serbe. Était-ce vraiment le cas ?"
- "Non ! Si vous lisez bien le rapport, je suis très critique envers l?autorité judiciaire serbe qui, selon moi, ferait mieux de faire un peu moins de relations publiques et de travailler un peu plus sérieusement."
-"Les témoignages cités dans les rapports de la justice serbe ont été obtenus sous la torture subie dans les geôles serbes..."
- "Je vous donne ma parole d?honneur qu?aucun matériel serbe n?a pu être utilisé."
-"Lorsqu?un quotidien kosovar, Koha Ditore, établit un étrange parallèle entre un rapport de service de renseignements serbes et votre rapport..."
- "Non ! J?ai lu. Ce n?est pas sérieux, je regrette. D?ailleurs un haut fonctionnaire de l?administration américaine a déclaré qu?il était inacceptable que M. Marty se soit rendu en Russie tout de suite après son rapport. En pensant que mon déplacement en Russie avait un lien avec ce rapport. Ce qu?il n?a pas expliqué, c?est que je me suis rendu à Moscou et à Tbilissi en tant que président de la Commission du monitoring. J?étais chargé par l?Assemblée du Conseil de l?Europe d?avoir une fonction de médiation entre la délégation Russe et celle de Géorgie sur le conflit russo-géorgien. Lors de ce déplacement, nous n?avons même pas abordé, ne serait-ce qu?une seconde, la question du Kosovo. C?est dire comment on peut tricoter des fantaisies à partir d?un fait faussement interprété. Je suis content que vous m?ayez donné l?occasion de m?expliquer sur cela."
-"C?est justement le but, car les réactions des classes politiques kosovares et albanaises ont été extrêmement dures envers ce rapport et vous-même. Ce rapport a été dépeint comme une attaque politique visant à souiller l?image des Albanais de manière plus générale. Alors que, parallèlement, les autorités ont déclaré être disposées à coopérer. Le président ad intérim du Kosovo, M. Krasniqi, a publiquement dit que la vérité devait être mise au grand jour, et cela le plus vite possible, même avant toute forme de négociation avec Belgrade."
- "Je pense que les réactions ont été exagérées et qu?elles sont l?objet de motivations politiques. Vous connaissez la règle politique qui vaut pour tous les pays. L?ennemi extérieur sert toujours à mobiliser vos propres troupes et cela permet d?oublier un certain nombre de problèmes internes. Je suis donc devenu le bouc émissaire, alors que je crois que les problèmes sont sur place et que c?est là-bas qu?il faut les résoudre.
Car ces accusations existent depuis longtemps. Si on avait voulu chercher la vérité, on aurait dû le faire avant, et ne pas attendre mon rapport. Il y a eu moult manifestations où on parlait des crimes organisés, de l?implication de personnes au pouvoir. Pourquoi n?a-t-on pas cherché à faire la lumière avant ? Je répète que ce n?est pas moi qui suis allé chercher ce travail et je n?avais aucun motif de me soustraire. Je ne me suis jamais soustrait à mes obligations, mais je vous assure que j?aurai préféré faire quelque chose de plus gratifiant ces derniers temps."
-"Il y a les réactions de la classe politique albanaise -qu?elle soit au Kosovo ou ailleurs-, mais aussi celles de la population du Kosovo qui éprouve un sentiment de totale incompréhension."
- "J?ai lu la presse. Il y a des amis kosovars qui m?ont tenu informé et qui m?ont traduit des articles. Vous n?allez quand même pas me dire qu?il y a eu de la part de la plus grande partie de la presse albanaise un compte rendu objectif ? Je regrette, c?était tendancieux, partiel. Il y a eu des choses qu?on n?a pas citées. Ce rapport a été présenté comme proserbe, en oubliant de citer toutes les choses que je dis contre les Serbes, ou contre les responsables serbes d?alors. Je crois que cette population kosovare aurait eu avantage de pouvoir lire tranquillement et sereinement ce rapport.
J?ai eu quelques expériences intéressantes avec des Albanais qui habitaient en Autriche et en Allemagne. Ils m?ont écrit scandalisés. Je me suis donné la peine de leur répondre par e-mail et je leur ai expliqué. Eh bien, j?ai été très touché car ces personnes m?ont répondu pour me remercier et s?excuser pour l?usage des expressions qu?elles avaient employées dans leur premier message, mais aussi pour me dire qu?ils comprenaient maintenant mieux mon travail. Et d?ailleurs j?espère qu?au terme de cette interview nous arriverons à la même conclusion.
Je me rends bien compte que cela n?est pas facile, qu?il a un réflexe patriotique, dans les meilleurs des cas un peu nationaliste. Cela arriverait dans n?importe quel pays. Lorsque nous avons été critiqués en Suisse pour les avoirs juifs en déshérence, nous avons aussi eu des réactions totalement exagérées et fausses. Puis, avec le temps, on s?est rendu compte que nous devions peut-être réagir autrement."
-"Le but de cet interview est effectivement de pouvoir discuter dans la sérénité une fois que les émotions se soient tassées. Pour ma part, je rentre à l?instant des Balkans, où j?ai rencontré beaucoup de monde, car je profite de chaque occasion pour tâter le pouls des gens. Je peux vous dire que vous êtes « célèbre » car votre nom est dans la bouche de chaque Kosovar ou Albanais. Ces derniers ont le sentiment profond que ce rapport cherche justement à relativiser les crimes à grande échelle commis contres les civils albanais du Kosovo."
- "C?est ce que l?on a cherché à leur faire croire. Ces personnes n?ont pas lu le rapport."
- "Vous avez raison, le commun des mortels n?a pas pu lire le rapport mais..."
- "Mais vous savez très bien comme il est facile de conditionner l?opinion publique. Pour cela, il n?y a pas besoin d?aller jusqu?au Kosovo. Il suffit de regarder la télévision de Berlusconi pour constater comment on peut conditionner une société."
-"Qu?est-ce vous répondez à ceux qui sont de l?avis que ce rapport vise à relativiser l?échelle des massacres commis contre les Albanais, contre la population civile, par l?appareil étatique serbe ?"
- "C?est absolument absurde.
C?est comme l?exemple de Dresde. Je considère le bombardement de Dresde, pendant la Seconde guerre mondiale, comme un crime de guerre. Dresde fut bombardé lorsque l?Allemagne était déjà à genoux. Les objectifs visés n?étaient pas militaires mais civils. Il est évident que, par rapport aux crimes commis par les nazis, nous pourrions soutenir que le cas de Dresde est insignifiant. Non ! Je trouve que, dans les deux cas, il s?agit de crimes. Il est évident que l?un est à une toute une autre échelle, mais cela ne doit pas être un motif pour ne pas condamner l?autre."
-"Oui, mais de ne pas le relativiser non plus..."
-Mais mon Dieu, non ! J?ai tenté de le dire. Un crime ne peut pas compenser l?autre. Il va de soit qu?il y a des crimes plus graves et des crimes moins graves. Il y a des crimes qui ont une dimension, comme ceux commis par les nazis, qui étaient systématiques et structurés."
-"Cela était également le cas au Kosovo en 1998-1999."
- "Oui. Mais j?ai parlé, je crois, d?une politique effroyable et de folie criminelle à propos de Milosevic. J?ai employé les adjectifs les plus forts que l?on puisse employer en français. Ce sont des adjectifs que vous ne trouvez à aucun endroit dans le reste du rapport. Là encore, ces passages du rapport n?ont pas été cités."
-"Mais ces réactions ont également concerné la communauté kosovare ou suisso-kosovare qui est très forte en Suisse."
- "Je pense que beaucoup de ces Kosovars me connaissent. Ils savent que je me suis beaucoup engagé contre l?initiative visant à interdire la construction des minarets en Suisse. Ils savent que je suis personnellement et farouchement contre la politique anti-terrorisme qui ne vise que des musulmans. Car la politique américaine n?envoie à Guantánamo que des musulmans. Ils savent que je suis très inquiet de ces mouvements anti-islamique. Les Kosovars qui sont en Suisse et qui suivent un peu l?actualité sont au courant. Ils savent que je n?ai aucun préjugé contre la culture musulmane. Bien au contraire. Je me suis engagé, j?ai participé à des débats, j?ai rédigé des articles, j?ai fait une contribution dans un livre pour condamner ces mouvements anti-musulmans qui, à mon avis, sont extrêmement dangereux."
-"Mais dans le cas des minarets, les réactions des Kosovars étaient totalement inexistantes, alors que suite à la sortie de votre rapport, on a relevé les opinions des principaux porte-parole communautaires qui sont tout à fait respectables et respectés..."
- "Vous savez Monsieur, l?émotion est très mauvaise conseillère. Je comprends cette émotion. Je suis confiant, car une fois que cette émotion sera tombée, la raison prévaudra. À ce moment-là, on comprendra mieux le sens de mon rapport.
Le projet de résolution que j?ai présenté a été accepté à l?unanimité par la Commission des questions juridiques et des Droits de l?Homme. Il y a eu quelques abstentions. Des personnes qui avaient dit qu?elles n?avaient pas pu prendre connaissance du rapport. Mais il n?y a eu aucune voix contre, et ce sont des spécialistes de ces problèmes des Droits de l?Homme. Ca veut dire quand même quelque chose qu?un rapport pareil ne prenne pas une seule voix contre dans la Commission qui est dévolue à l?analyse de ces problèmes et qui se confronte depuis des années à ce genre de problèmes. Ça, non plus, on ne l?a pas dit dans la presse. Ce que va faire l?Assemblée du Conseil de l?Europe, je l?ignore. Parce que, naturellement, il y a des mouvements qui se sont organisés. Mais la Commission, je crois qu?elle a pu juger d?une façon objective et sereine ce rapport."
-"En tout cas, le soutien que vous dites que vous avez eu de la communauté de la diaspora albanaise en Suisse contraste avec ce que nous avons pu en relever..."
- "Je ne dis pas soutien. Mais s?ils me connaissent, ils devraient savoir que j?essaye du moins d?être intellectuellement honnête et de m?engager toujours contre l?injustice de toute sorte."
-"Est-ce que ce rapport a des conséquences sur le processus de reconnaissance du Kosovo par le reste de la Communauté internationale ?"
- "Je ne sais pas. Je ne crois pas, car le processus aurait pu alors être achevé déjà avant. Je crois que s?il y avait des obstacles avant, ce rapport n?a pas d?influence sur ces obstacles. Ils existaient avant. Il y a des pays de l?Union européenne qui n?ont pas reconnu le Kosovo et ce n?est pas ce rapport qui va changer quelque chose. Par contre, ce dont je suis persuadé, c?est que si on avait préparé mieux l?indépendance, je suis sûr que le Kosovo serait aujourd?hui membre du Conseil de l?Europe et des institutions internationales. C?est cela ma critique et c?est là où je suis mal compris."
-"Oui, mais la position de Belgrade sur ce plan était intangible..."
- "La position de Belgrade a aussi changé. Si l?Union européenne avait mieux joué ses cartes et si on n?avait pas seulement écouté Washington, je pense qu?on serait arrivé à l?indépendance et que cette indépendance serait aujourd?hui moins contestée. Moi je n?ai rien contre l?indépendance. Je n?ai jamais demandé à la Suisse de rompre les relations avec le Kosovo. Au contraire. Je sais que l?ambassadeur s?est prononcé contre le rapport. Il fait son devoir. J?ai beaucoup d?estime pour lui et pour son travail. J?essaye de ne pas me laisser prendre par les émotions, et je comprends que les gens qui sont encore sous le coup de l?émotion puissent dire des choses plus où moins inacceptable. Comme certaines comparaisons qui ont été faites avec des assassins nazis. Mais je pense que le temps va corriger toutes ces choses."
-"Dans le Washington Post du 8 janvier 2011, le co-auteur du livre de Carla del Ponte disait qu?il fallait que des preuves soient fournies, et si c?est le cas, cela devrait être fait dans des conditions optimales de sécurité et de sécurisation des témoins cités. Toutefois, ce même auteur demande à ce que le Conseil de l?Europe ne soit pas instrumentalisé par la Russie et la Serbie dans le but de délégitimer le Kosovo. Craignez-vous un tel scénario, où cette question serait instrumentalisée ?"
- "Non ! D?ailleurs, dans la résolution, il y a quelque chose qui concerne la Serbie et qui demande aux Serbes de se bouger pour arrêter les deux criminels de guerre qui manquent toujours à l?appel du Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie. Dans la majorité actuelle du Conseil de l?Europe, je ne vois aucun danger dans ce sens. Il est vrai qu?il y a des groupes nationalistes serbes qui essaient d?exploiter ce rapport. Mais que faire là contre ? Cela ne sera pas le fait du Conseil de l?Europe en tant que tel.
Quant au langage utilisé pour désigner le Kosovo, il ne s?agit pas de mon choix. Il s?agit d?une directive stricte édictée par le Conseil de l?Europe. Les pays qui ne sont pas membres et qui ne sont pas membres des Nations Unies sont désignés d?une certaine façon. C?est comme cette dénomination que je trouve ridicule de : « ex-république de Yougoslavie de Macédoine » etc. Mais il s?agit d?un langage qui nous est imposé. D?ailleurs cette partie-là, ce n?est même pas moi qui l?ai écrite. Le préambule n?est pas rédigé par l?auteur du rapport."
-"À supposer qu?une enquête d?envergure internationale aboutisse, avec la coopération de toutes les parties, afin que la vérité puisse éclater au grand jour..."
- "La condition essentielle, c?est que l?on est à même de donner toutes les garanties au témoin. Ce qu?aujourd?hui aucune instance n?est à même de faire."
-"Mais à supposer que l?enquête aboutisse, et que les résultats de l?enquête conduisent, peut-être, à des cas de trafic d?organes par des groupements criminels, très souvent transfrontaliers et trans-ethniques..."
- "Je dis que les relations entre la mafia kosovare et serbe fonctionnent mieux que les relations entre les gouvernements. Mais les mafias existent partout. Il n?y a pas une exclusivité dans la région. Hélas, aujourd?hui la collaboration entre les criminels fonctionne mieux que la collaboration entre les institutions étatiques. Il est clair que les trafics d?organes ont eu lieu dans un contexte de criminalité internationale où les gens de diverses origines ont participé. Mais je le rappelle, moi je parle d?une poignée de cas."
-"Mais l?image du Kosovo en a pâti. Peut-on vraiment se relever, suite à de telles accusations ?"
- "Ecoutez, je crois que tout le monde sait que le Kosovo n?est pas ça. Je crois que le Kosovo a une perception fausse. En Suisse nous savons qu?il y a des dizaines de milliers de Kosovars qui travaillent, qui contribuent à notre bien être et qui ont des familles. Mes enfants ont eu des amis kosovars à l?école. Nous savons tout cela. Je crois qu?il s?agit d?une perception fausse que les Kosovars pensent que nous allons les identifier eux ou le Kosovo avec la criminalité. Non !
Une fois encore, le rapport parle d?une proximité inquiétante de certains milieux politiques avec le crime organisé. Mais on ne peut pas faire semblant de ne pas l?avoir su. Moi, j?ai reçu cette mission pour m?occuper de cet aspect particulier."
-"Il y a des personnalités qui vous connaissent et qui prétendent que vous gardez le jeu pour la fin. Selon eux, vous avez certainement d?autres éléments que vous n?avez pas encore déballés. D?autres soutiennent que vous jouez au jeu de poker. Est-ce que vous disposez d?autres documents sur l?affaire, des documents que vous n?auriez pas encore divulgués ?"
- "Je ne suis pas capable de jouer au poker. Je n?ai jamais joué de ma vie. Je n?ai jamais joué un seul franc dans une machine à sous. C?est quelque chose qui ne fait pas partie de moi et je ne sais pas si les personnes dont vous parlez me connaissent bien. Je n?ai jamais été un grand calculateur. Je suis plutôt du genre spontané et non pas calculateur.
Ce qui m?intéresse, c?est la vérité et la justice, même si cela sonne un peu grandiloquent. Il y a certains de mes collègues qui, pendant ce temps, sont dans les affaires depuis très longtemps, et ce sont des lobbyistes de grandes entreprises où l?on gagne beaucoup d?argent. Pensez-vous qu?en s?engageant sur la question de la Tchétchénie, l?Afrique et cette affaire, cela apporte quelque chose de matériel ? Non, mais on le fait car on croit qu?on peut apporter une contribution. J?accepte donc toutes les critiques, sauf celle de la malhonnêteté intellectuelle. Je crois que mes quarante ans de carrière le démontrent. Même si l?histoire ne se répète jamais complètement, les polémiques actuelles me rappellent celles qui ont suivi mon rapport sur les prisons de la CIA. Là aussi, j?avais été dénoncé par un homme politique polonais."
-"On vous a traité d?antiaméricain notamment."
- "Oui, alors que j?ai un frère qui a la nationalité américaine et que j?ai des neveux qui sont américains. Alors que j?ai reçu deux distinctions en Américain. Non ! Je dirai que je suis plutôt amoureux de la vérité et la vérité est souvent dérangeante."
-"Il n?y a aucune visée politique derrière votre rapport ?"
- "Non ! Je ne suis l?instrument de personne. Ce que l?on m?a reproché, et à raison, c?est que je suis plutôt un solitaire. Je suis un mauvais membre du parti, parce que si je suis désaccord avec mon parti, je ne vote pas pour mon parti. Je vote comme je pense, et tout le monde peut en témoigner. Je ne suis donc l?instrument de personne.
Et une fois encore, je n?ai absolument rien sinon de la sympathie et de la compassion pour les Kosovars. En 1999, je suis allé exprès en Albanie pour visiter les camps de réfugiés. J?ai été bouleversé. J?en avais les larmes aux yeux. A mon retour, j?ai écrit un article sur ce que j?avais vu. Ce qui m?avait bouleversé, c?était l?hospitalité extraordinaire de la population albanaise pauvre qui avait accueilli dans leur maison leurs cousins kosovar, en raison du manque de place dans les camps. Je crois que, dans mon rapport, j?ai écrit une phrase qui dit que j?avais vu ce qui s?était passé. Est-ce que quelqu?un l?a citée au Kosovo ? Personne."[/justify]
[right]Propos recueillis par Bashkim ISENI[/right]
Dick Marty s?exprime à propos de son rapport sur le trafic d?organes au Kosovo
par Bashkim ISENI
[justify]Question :
- "Votre rapport a suscité d?immenses polémiques, qui plutôt que de s?affaiblir, continuent de s?amplifier en rapport à l?accusation que des responsables politiques kosovars seraient impliqués dans le trafic d?organes.
Mais avant d?entrer dans le vif du sujet, dans le préambule de votre rapport, vous vous référez à la Résolution 1244 de l?ONU. Or celle-ci n?est plus une référence, même pour Belgrade. De plus, en été 2010, sur demande de l?Etat serbe, la Cour Internationale de Justice de La Haye (CIJ) a donné son avis en estimant que la proclamation de l?Indépendance du Kosovo ne violait pas le droit international.
Notre question est la suivante : Pourquoi ce silence dans votre rapport relatif à la Cour Internationale de Justice de La Haye, mais aussi par rapport à la notion d?Etat du Kosovo -d?ailleurs vous parlez plutôt d?administration des Kosovars ?"
Dick Marty :
- "Tout d?abord, permettez-moi de vous remercier de me donner l?occasion de m?adresser aux citoyens et citoyennes du Kosovo et de l?Albanie, aux albanophones en général. Je suis très reconnaissant pour l?occasion qui m?est ainsi offerte, parce que je pense qu?il est nécessaire que certaines affirmations et certaines impressions soient corrigées.
Ce rapport et mon activité n?ont jamais été, je vous l?assure, et ne doivent pas être compris comme quelque chose contre la communauté kosovare, ou contre la communauté albanophone. Au contraire. J?ai essayé de faire un travail qui m?a été demandé. Ce n?est pas moi qui suis allé le chercher. J?ai été chargé de ce mandat. Je l?ai fait au plus près de ma conscience.
Je sais que la recherche de la vérité peut faire mal, mais jamais je n?ai entendu critiquer, et encore moins criminaliser une entière communauté. J?ai trop d?amis et de connaissances kosovars et albanaises. Beaucoup parmi eux vivent en Suisse et jamais je n?ai eu un quelconque problème avec quelqu?un provenant du Kosovo ou de l?Albanie. J?ai eu seulement des rapports de respect et d?amitié."
-"Mais justement, M. Dick Marty, la majorité des critiques émanent des milieux politiques, mais aussi de la société civile kosovare et des différents milieux, y compris académiques. Ils vous reprochent d?être l?auteur de ce rapport, alors que, précédemment, vos prises de positions politiques étaient tranchées contre l?intervention de l?OTAN au Kosovo et la déclaration d?indépendance du Kosovo. Donc, selon vous, est-ce que l?opinion politique kosovare et albanaise exprimant de sérieux doute quant à votre impartialité est justifiée ?"
- "Je crois que, là aussi, il y a un malentendu. J?ai exprimé des critiques de nature absolument juridique. J?ai déploré que l?intervention de l?OTAN n?ait pas eu lieu conformément au droit international, c?est-à-dire avec l?aval du Conseil de sécurité de l?ONU. C?est si vrai, que la Suisse avait interdit le survol des avions de l?OTAN sur son territoire, parce que cela n?était pas conforme au droit international.
Cela dit, j?étais aussi convaincu qu?il fallait intervenir au Kosovo. Que la politique criminelle de folie de Milosevic de nettoyage ethnique était absolument absurde. Voilà pourquoi je pensais -et je le pense toujours- que si on avait fait les choses d?un point de vue juridique de manière propre et nette, nous aurions eu beaucoup moins de polémiques.
Quant à l?indépendance, je n?ai jamais contesté l?indépendance en tant que telle. J?ai contesté et critiqué d?un point de vue juridique, en m?appuyant en tant que président de la Commission sur les questions des Affaires étrangères, sur des avis de droit de professeurs internationalistes connus qui nous nous ont démontré que la façon dont était déclarée l?indépendance n?était pas tout à fait correcte. Et moi je pense que si cette indépendance, que je ne conteste pas en tant que telle, avait été peut-être un peu mieux préparée, nous aurions beaucoup moins de problèmes et peut-être que la population kosovare aurait pu vivre mieux. Donc, ce sont les modalités et non la substance que j?ai remises en question et critiquées. D?ailleurs, une de mes critiques sur les modalités, hélas, s?est réalisée. J?avais dit que cela allait créer un précédent dangereux, car il y en aura qui vont invoquer ce précédent. C?est ce qui s?est passé avec l?Abkhazie et l?Ossétie du Sud qui, à tort ou à raison, ont invoqué ce précédent. Mais, je le répète, ce n?est pas l?indépendance en tant que telle, mais la façon dont elle a été décidée que j?ai critiquée. J?aurais préféré que ce soit les Kosovars, eux seuls, qui décident, et non que cette décision soit prise à Washington, Berlin ou Paris.
Je suis aussi un peu critique sur cet état de perfusion qui existe maintenant avec les internationaux au Kosovo. Je pense que les Kosovars seraient peut-être à même de faire beaucoup plus de chose tout seuls et qu?il y aurait moins d?effets négatifs qu?avec cette forte présence internationale."
-"Vous avez effectivement dit que la déclaration de d?indépendance n?avait pas été décidée à Prishtina. Mais, en fin de compte, elle a abouti à une série de négociations..."
- "Moi, je ne la remets plus en discussion. Ce n?est plus un sujet pour moi. Le Kosovo indépendant, j?aimerais qu?il soit vraiment indépendant. Qu?il puisse voler de ses propres ailes. Et, pour moi, ce n?est absolument plus une discussion. Il s?agissait, pour moi, des modalités, du moment, de la précipitation de la Suisse à propos de la reconnaissance qui est contraire à la pratique de la Suisse qu?elle avait suivie jusqu?à présent, un point c?est tout. Je suis réaliste. Les Kosovars, certainement, veulent l?indépendance, et je crois que, maintenant, on doit respecter cette indépendance. Pour moi, c?est un chapitre tout à fait clos et je dois dire qu?il n?a absolument rien à voir avec mon rapport.
J?ai fait un autre rapport très critique sur la Russie et sur sa politique dans le Caucase du Nord. Ce n?est pas pour autant que j?ai pris position en faveur ou contre l?indépendance de la Tchétchénie. Ce n?est pas ma tâche. La tâche qui m?a été confiée est une tâche qui va dans le sens du respect des principes de la Convention européenne des Droits de l?Homme, un point c?est tout."
-"Très bien. Puisque vous parlez de la Russie, est-il vrai que l?auteur de la motion qui a donné lieu à ce rapport est un député russe du nom de Konstantin Kosachev ? Beaucoup d?analystes kosovars de la région s?interrogent sur le bien-fondé de cette initiative, sachant que la Russie n?est pas vraiment un modèle en ce qui concerne la défense des Droits de l?Homme et qu?elle est connue comme étant l?alliée traditionnel de Belgrade. Donc, est-ce que vous ne redoutiez pas que cette initiative faisait l?objet d?intentions politiques ?"
- "M. Kosachev est l?un des signataires de cette motion. Mais pour que la motion puisse être valable, elle doit être signée par vingt députés et doit représenter, sauf erreur, cinq différents pays. Donc, il y a des députés de différents partis et de différents pays qui l?on signée. Je vous signale, entre parenthèses, que je ne l?ai pas signée."
-"Oui, mais est-ce que c?est bien lui l?initiateur de cette motion ?"
- "Je ne sais pas si c?était l?initiateur. Je n?ai pas été interpellé et je n?étais pas au courant de cette initiative. La procédure est la suivante. Lorsqu?il y a une motion, celle-ci est examinée par le bureau de l?Assemblée du Conseil de l?Europe, qui lui-même décide de la validité de celle-ci. Dans ce cas, il a décidé qu?elle était valable et l?a attribuée à la Commission des questions juridiques des Droit de l?Homme. Cette Commission doit désigner un rapporteur, et elle a décidé de m?attribuer ce rapport. Je dois vous dire que je n?étais pas nécessairement enthousiaste, et je peux vous assurer que ce n?est pas moi qui suis allé chercher ce travail."
-"Puisque nous parlons de votre rapport, je propose d?entrer dans le vif du sujet. Auparavant, il y a eu deux rapports du Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie et de l?EULEX sur l?ex-Yougoslavie. Deux enquêtes réalisées sur les allégations à propos du trafic d?organes. Qu?est-ce que votre rapport apporte de plus par rapport à ce qui a été fait jusqu?à maintenant ?"
- "Parler d?enquête du Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie et de l?EULEX par rapport à ces faits, je crois que c?est beaucoup dire. En 2002 ou 2003, le Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie avait une mission à « Burrel ». Dans ce cadre, il a recueilli un certain nombre de preuves techniques, comme des traces de sang, des médicaments, etc., et il n?y a eu aucune suite à cette visite sur les lieux. Et même, ces preuves qui, aujourd?hui, pourraient être exploitées dans le cadre d?une véritable enquête, ont été détruites, ce qui est évidemment assez étrange. Parce que je ne connais aucune autorité judiciaire, aucun ministère public qui, même dans le cas où il reconnaît ne pas être compétent, détruit, après moins de deux ans, des éléments de preuves qui pourraient, demain, se révéler capitales.
Donc, en somme il n?y a jamais eu de véritable enquête sur ces faits. Aussi, parce que l?Albanie -et c?est le ministre de la Justice albanaise et le ministre de l?Intérieur qui me l?ont dit- considérait qu?elle n?avait aucun motif pour ouvrir une enquête sur les éventuels faits survenus sur son territoire, car elle ne faisait pas partie du conflit avec l?ex-Yougoslavie et que de ce fait, elle ne voyait pas en quoi elle devait ouvrir une enquête. Aujourd?hui nous savons, et EULEX est en train de le prouver -il y a un acte d?accusation-, qu?un camp de prisonniers secret était tenu sur les territoires de l?Albanie du Nord par des forces de l?UÇK.
Là aussi, permettez-moi de vous dire que si on lit attentivement mon rapport, ce n?est pas l?UÇK en tant que telle qui est criminalisée ou critiquée. Je voudrais même souligner qu?il y a des membres de l?UÇK qui se sont engagés de façon admirable pour leur patrie. Je ne crois pas que l?on puisse considérer l?UÇK comme une armée structurée au sens classique avec un Général etc. Mais, il y a eu des abus et des crimes qui ont été commis par certains groupes qui, à mon avis, doivent faire aussi l?objet d?une enquête. Ce que j?ai amené dans ce rapport n?est finalement pas très neuf. Que ce soit l?UÇK, certaines forces de l?UÇK, ou M. Thaçi, tous ont déjà été cités dans de très nombreux rapports des services de renseignements, d?études qui ont été réalisés, d?articles rédigés, ou d?un service de la BBC. Ce que nous avons donc pu faire, c?est apporter des détails que nos recherches nous ont permis de trouver. Des témoins très fiables ont pu donner des détails qui sont contenus dans le rapport.
Mais nous ne sommes pas une autorité d?enquête, et encore moins de jugement. Nous sommes une autorité de dénonciation. Nous dénonçons et nous réclamons des enquêtes pour des faits qui indiquent des indices très graves de violations des Droits de l?Homme. Et nous l?avons fait à de très nombreuses reprises. Tout à l?heure vous avez parlé du rapport sur les prisons secrètes. Je vous signale que, là aussi, j?ai cité des noms, comme celui de l?ancien président de la Roumanie ou du conseiller de la Sécurité polonaise qui étaient au courant de ce qui se passait. Et, en juin 2007, j?ai présenté ce rapport pour lequel ont m?a aussi réclamé des preuves. A quoi j?ai rétorqué que c?était à eux de rechercher les preuves. Ma tâche consiste à dénoncer. Et je peux vous dire que, trois après, il n?y a pas eu un seul mot de mon rapport qui a été démenti. Et aujourd?hui, je crois que le contenu de mon rapport est considéré comme prouvé dans tous ses éléments."
-"Justement, on vous reproche le fait qu?il y beaucoup trop d?accusations très dures et très sévères, alors que les preuves pour appuyer ces accusations font défaut. Le sentiment général est que votre rapport est un jugement avant l?instruction juridique."
- "Non ! En citant de très nombreuses sources et documents, je dis qu?il y a tellement d?indications -sans oublier les témoins que j?ai entendus qui dénoncent des faits- qu?on ne peut pas faire semblant que rien ne s?est passé. C?est pourquoi il faut faire une enquête. Or je constate que les autorités judiciaires en charge de la région ne sont hélas pas à même de protéger les témoins. Et c?est pour cette raison que les témoins ne parlent pas. Vous savez très bien qu?il y a des témoins qui ont été assassinés. Vous savez très bien qu?il y a des témoins qui ont fait des déclarations à charge dans des instructions de procès et qui n?ont plus parlé lors du procès. Vous savez très bien qu?il n?y toujours pas, comme la communauté internationale l?a demandée, une loi de protection des témoins.
Donc, ce n?est pas une population qui est criminalisée. Je trouve que la grande partie des Kosovars ont été des victimes et ont dû payer un lourd tribut. J?aimerais, pour ces hommes et ces femmes, que leur avenir ne soient pas bâti sur des doutes et des mensonges, mais qu?il le soit sur la vérité. Il est vrai que la recherche de la vérité fait mal, mais il ne faut pas réagir comme les Serbes. Les Serbes ont réagi, quand il y a eu l?accusation contre Milosevic et les crimes horribles qui ont été commis contre des musulmans et albanophones. Ils ont aussi dit "on veut des preuves", qu?il n?y avait pas de preuves. Il ne faut pas réagir comme cela. Je trouve que la réaction juste est de dire : vous faites des accusations très sérieuses. Maintenant, on veut que les autorités compétentes mettent tout en ?uvre pour que l?on recherche la vérité. Car la vérité est dans notre intérêt.
Il y a bien trop d?exemples, et même en Suisse, avec les fameux fonds en déshérence des juifs, les biens des Juifs qui étaient laissés dans nos banques. Pendant des années, nous avons fait semblant de ne pas voir ce problème et l?histoire nous a rattrapés longtemps après la guerre. Et cela a fait un mal énorme à notre pays. En Autriche, il y a avait un président qui était impliqué dans le nazisme et pendant longtemps on a fait semblant de ne pas le savoir. Puis, là encore l?histoire nous a rattrapés.
Je n?ai été qu?une fois au Kosovo, mais j?ai été très impressionné par la chaleur et l?accueil de la population, un accueil que j?ai retrouvé, par ailleurs, aussi en Albanie. Moi, je leur souhaite de vivre un futur prospère. Mais ce futur n?est possible que si l?on se confronte avec son passé en recherchant la vérité. Cela est également valable pour mon pays et pour toute autre société."
-"Mais votre rapport a été amorcé en tout cas suite à la publication du livre de l?ancienne procureur du Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie, Mme Carla del Ponte. À ce sujet, sa porte-parole, Mme Florence Hartmann, qualifie ces propos d?irresponsables, car elle présente comme des faits avérés de simples hypothèses. Sachant que votre rapport se base sur cet ouvrage, au fond, les Albanais du Kosovo ont le sentiment que vous leur demandez de prouver leur innocence, faute d?avoir pu établir leur culpabilité."
- "Monsieur, je suis en fin de carrière politique et j?ai un certain âge, pour ne pas dire un âge certain. J?ai servi dans les trois pouvoirs de l?Etat : justice, exécutif et maintenant au législatif. Vous n?allez tout de même pas croire que je vais jeter aux orties ma carrière en ayant écrit un roman comme rapport. Je crois à une certaine conscience professionnelle et un savoir-faire professionnel. Pendant plus de quinze ans, j?ai été procureur et je me suis surtout occupé de la criminalité organisée internationale. D?ailleurs j?ai reçu deux distinctions du Département de la Justice américain. Je ne le dis pas par vantardise, mais pour étayer une certaine compétence que je revendique. Je sais comment interroger un témoin. Je sais qu?on ne peut pas se baser sur une seule déclaration, et qu?il faut avoir des contrôles croisés.
Si vous lisez attentivement mon rapport, je ne dis jamais que M. Thaçi est directement impliqué dans un trafic d?organes, mais je dis que des personnes très proches de M. Thaçi sont impliquées. Donc, qu?il est difficile de penser qu?il n?en a jamais entendu parler. Contrairement à Mme Del Ponte, je précise beaucoup d?aspects. Je ne dis pas qu?il s?agit de centaines de transplantations illégales. Je ne parle que d?une poignée de cas."
-"Très brièvement, d?ailleurs !"
- "Mais, c?est écrit. Je n?ai pas écrit le contraire. Je crois qu?une vérité, il suffit de la déclarer une fois. Quand on commence à déclarer trop souvent une vérité, cela commence à être suspect. Tout ça pour dire, que j?aimerais que quelqu?un de professionnel traduise ce rapport. Car ce rapport n?a pas été lu par 99,9 % des personnes qui aujourd?hui sont indignées. Seuls des extraits publiés par la presse ont été lus. Une presse partisane qui a extrait seulement certaines parties de ce rapport. Or, ce rapport est aujourd?hui exploité par des milieux des deux parties à des fins nationalistes. Par des Serbes, ce qui m?irrite beaucoup. Et par des nationalistes du Kosovo. Le fait qu?il soit exploité par les deux côtés plaide presque en faveur du rapport.
Le rapport est très dur envers les Serbes. Il n?y a aucune complaisance et aucune compréhension pour les crimes horribles commis par les Serbes. Mais les crimes commis par les Serbes ne peuvent justifier des crimes commis aussi par quelques Kosovars -et non pas par les Kosovars. Il n?y a pas un crime qui peut compenser l?autre. La justice doit être égale pour tous, et il faut mener des enquêtes des deux côtés. Or, ce que l?ambassadeur américain a dit, lors de la mise en place, en 1999-2000, de la nouvelle administration locale, il a dit que le passé était le passé et qu?il fallait se préoccuper du futur. Ce n?est pas une bonne base pour partir. Même si on peut avoir une certaine compréhension.
Je me suis rendu compte qu?au Kosovo on murmure depuis longtemps sur ces choses. En réalité, si on est honnête jusqu?au bout, on ne devrait pas être tellement surpris par ce rapport. Le grand tabou demeure à propos du fait que des albanophones aient été assassinés par certains éléments d?UÇK. Mais, cher Monsieur, vous savez que cela a eu lieu. Je trouve que ces crimes doivent également être clarifiés. J?ai rencontré les parents de victimes disparues, soit à Belgrade, soit à Prishtina. A chaque fois, j?ai été bouleversé, car je sais ce que représente la perte d?un enfant, en particulier lorsqu?on ne sait rien de ce qui est arrivé. Dans ces cas-là, le deuil n?est même pas possible. Donc, je trouve que le rapport mérite une lecture plus sereine, et cela même si je me rends compte que ce n?est pas facile. Je dois vous avouer que j?ai une certaine compréhension à l?égard de ces réactions."
-"Tout à l?heure vous avez évoqué l?implication de M. Hashim Thaçi dans le présupposé trafic d?organes. Mais des députés suisses qui appuient votre rapport, le président des verts, mais aussi d?autres députés tout aussi respectables, se sont montrés assez dubitatifs sur le lien que vous faites."
- "Je vous répète qu?en lisant attentivement, vous ne trouverez aucune implication directe de M. Thaçi avec le trafic d?organes. Il y a des noms précis sur le trafic d?organes, mais pas celui de M. Thaçi. Ce que l?on dit, c?est que ces personnes font partie du milieu de M. Thaçi. Il faut savoir que M. Thaçi avait quand même des responsabilités importantes au sein de l?UÇK et au sein de ce groupe. Je vois mal M. Thaçi avoir participé personnellement à un prélèvement d?organes.
Même si tout s?est focalisé sur les prélèvements d?organes, la vérité est qu?il y a des centaines de personnes qui manquent à l?appel et dont on a perdu toute trace, alors que de nombreux indices, confirmés aujourd?hui par EULEX, démontrent qu?elles ne sont parties vers l?Albanie. Parmi celles-là, il n?y a pas que des Serbes, mais aussi des Kosovars albanophones."
-"Est-ce que la présomption d?innocence vaut aussi pour M. Thaçi ?"
- "Il ne s?agit pas d?une condamnation, mais d?une dénonciation éventuellement. Ce n?est pas une condamnation. Il faudra que finalement quelqu?un se donne la peine de faire une enquête, ce qui n?a jamais été le cas jusqu?à présent, malgré la publication de certains articles qui parlaient de criminalité organisée liée à certains milieux de l?UÇK. Ainsi, en 1989 déjà, un article du New York Times, un autre du Guardian, se basaient sur un rapport du FBI, des services allemands, grecs, italiens, et du Centre européen d?études de Berlin, etc. Au fond, je suis étonné que le scandale survienne aujourd?hui et qu?il n?ait pas éclaté avant."
-"En Suisse, M. Alain de Weck, une sommité mondiale dans le domaine de la transplantation d?organes, exprime de profonds doutes sur l?ampleur des allégations et suggère une remise en perspective de l?accusation d?un massacre à grande échelle."
- "Il faut lire mon rapport. Qui a mentionné, en Albanie et au Kosovo, que je parle d?une poignée de cas ? Personne. D?ailleurs, pas seulement au Kosovo. Il y a eu d?autres médias qui ont indiqué que contrairement à Mme del Ponte, M. Marty ne parle que d?une poignée de cas. Et vous savez, que le trafic d?organes a continué, sous les nez des internationaux, à Prishtina même. Ce sont substantiellement les mêmes filières, et cela, je le prétends, qui sont en ?uvre. Car, une fois que l?organe a quitté le pays, il est pris en charge par des filières internationales. Le trafic d?organe constitue des grandes plaies de ce monde, contre lequel j?estime que l?on ne fait pas assez.
Aujourd?hui, le terrorisme est perçu comme l?ennemi numéro un, alors qu?il y a des phénomènes qui font beaucoup plus de victimes. Je pense au trafic d?armes, de drogues, d?êtres humains, d?enfants, et au trafic d?organes. Des trafics contre lesquels on ne consacre pas un dixième de l?énergie de celle que l?on met contre le terrorisme qui fait beaucoup moins de victimes. Cela ne veut pas dire pour autant qu?il ne faut pas combattre le terrorisme, mais que l?on ne prête pas assez d?attention à ces autres phénomènes dont nous risquons tous d?être victimes, et cela, indépendamment de la nationalité et de l?ethnie."
-"Est-ce que votre rapport n?est pas aussi, quelque part, victime de cet emballement politico-médiatique qui met en évidence ce commerce abject organisé à grande échelle ? Est-ce que le titre de votre rapport n?a pas desservi votre enquête en donnant l?impression que le trafic d?organes était le noyau de la réflexion, alors qu?elle englobe toute une problématique qui va bien au-delà du trafic d?organes ?"
- "Je ne suis pas responsable du titre. Cela m?a été attribué. Le tout est parti des déclarations de Mme del Ponte. J?étais très surpris par ses déclarations. Je me suis demandé pourquoi une personne qui avait des responsabilités judiciaires dans la région fait de telles déclarations, non pas au moment où elle avait le dossier en charge, mais une fois qu?elle a quitté cette fonction. Et en plus, elle les fait à travers un livre. J?étais très sceptique sur ses déclarations. Ensuite on a constaté que le Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie n?était pas compétent car les faits s?étaient passés après le 12 juin 1999, et que cela s?était passé en Albanie. D?ailleurs on peut se poser la question si EULEX est compétent.
Il est vrai que mon rapport prête à sensation. Je suis un professionnel de la défense des Droits de l?Homme. Lorsque?on me charge de faire un rapport, je recueille des indices très sérieux, je découvre toute une série de documents, et je fais état de tous ces faits dans mon rapport. C?était mon devoir. Je sais qu?avec ce rapport je me suis seulement attiré des ennuis. Il faut savoir qu?avec un tel rapport on ne gagne rien du tout. On ne perçoit pas de salaire pour ce type de rapport. À l?instar de chaque rapporteur, on reçoit, de la part du parlement suisse, la somme de 200 CHF, et ce, quel que soit l?objet de l?étude, que ce soit au parlement suisse ou à celui de Strasbourg. Ce rapport ne crée que des ennuis et ne me porte aucun bénéfice personnel, je peux l?assurer. C?était mon devoir. À partir du moment où j?ai reçu ce mandat, il fallait que je dise ce que j?avais découvert. Après, il s?agit d?une dénonciation, et, par la suite, il revient aux autorités compétentes de faire leur devoir. J?ai fait cela pour les questions des prisons secrètes, pour les abus qui ont lieu et qui continuent dans le Caucase du Nord, pour Chypre, pour le Congo dans les régions des Grands lacs. Je n?ai aucun motif personnel contre le Kosovo, l?Albanie et les Albanais. Bien au contraire, je fais partie de ceux qui ont beaucoup lu les livres de M. Kadaré."
-"Effectivement, c?est une sommité mondiale.
Ne craignez-vous pas qu?il y ait quand même un usage politique surtout à propos de la chronologie du rapport ? Même Jacques Rupnik, qui est une personnalité très respectée dans le monde académique européen et international, soutient que ce rapport est une manière de torpiller le processus de paix entre Belgrade et Prishtina.
Ce rapport arrive juste après l?élection de M. Thaçi."
- "Je crois qu?on aurait fait la même observation à n?importe quel moment de la divulgation du rapport. Je suis de l?avis que les journalistes et la personne que vous citez auraient dû être plus sérieux et se renseigner mieux. Il y a une procédure très rigoureuse pour la présentation des rapports. Nous devons présenter les rapports dans les deux ans, et on ne peut demander qu?une seule prolongation. S?agissant de mon cas, le dernier terme était la session de janvier 2011. Donc, le dernier délai pour de le présenter à la Commission était le 16 décembre 2010. Lors de l?établissement de l?ordre du jour de la session du mois de janvier 2011, dans lequel figurait aussi le rapport, personne n?avait encore décidé la date des élections au Kosovo. Car comme vous le savez, il ne s?agissait pas d?élections ordinaires. Il s?agissait d?élections extraordinaires dont la date n?avait été fixée qu?au mois de novembre 2010. D?ailleurs, la première date qui avait été fixée était pour le mois de février 2011.
Donc, cela n?a absolument rien à avoir avec le processus électoral. Les dates ont été fixées en fonction de la réglementation et je n?avais aucune influence sur ces dates. C?est très important, car il y a eu tellement de spéculations, alors qu?il aurait suffi de se renseigner un peu. Les documents sont clairs : l?ordre du jour a été fait avant la fixation de la date des élections. D?ailleurs, selon le règlement du Conseil de l?Europe nous aurions dû envoyer le rapport une semaine avant la séance de la Commission à tous les membres qui sont au nombre de 82. Donc nous aurions dû envoyer le rapport le jeudi avant les élections, donc le 9. Or, cet envoi est adressé à 82 membres. Il est impossible de maintenir le secret. Avec le Président de la Commission, nous avons décidé qu?il était impensable d?envoyer un tel rapport à 48 heures des élections. Donc, en dépit de la violation du règlement, nous l?avons envoyé seulement le dimanche soir, afin d?éviter d?être accusé sur une quelconque influence sur les élections."
-"Vous avez évoqué les questions des sources. À ce sujet, il y a pas mal de polémiques et d?interrogations au sein des milieux albanophones et plus généralement. Vous vous appuyez essentiellement sur des témoignages, et des rapports de services de renseignements. On critique les sources, sur lesquelles vous appuyez vos accusations. De même on vous accuse de n?avoir pas rencontré vous-mêmes les témoins, comme vous l?indiquez dans votre rapport. Vous expliquez que c?était lié aux conditions dans lesquelles vous avez dû travailler en rapport avec la question de la protection des témoins."
- "Il ne s?agit pas de tous les témoins. Certains ont parlé personnellement avec moi."
-"En tout cas, pour la majorité, cela n?a pas été le cas."
- "Non ! Les témoins clés ont parlé avec nous. Et cela n?a pas été facile, car ils devaient avoir une garantie absolue de discrétion. Ces témoins ont peur. Il y a eu des témoins qui ont été menacés et assassinés. Tant que le problème des témoins n?est pas résolu, on ne fera jamais la justice contre les tout-puissants. Le drame réside dans le fait que la justice est très forte avec les petits poissons et très faible avec les gros, et ce n?est pas seulement dans le cas Kosovo."
-"Mais, là aussi, vous vous appuyez essentiellement sur des rapports des services de renseignement des pays qui ne sont pas nécessairement en faveur de l?indépendance du Kosovo. Pouvez-vous nous en dire un peu plus, car il y a beaucoup de spéculations et de bruits autour des sources de ce rapport ?"
- "Ce ne sont pas les services officiels qui m?ont donné ces rapports. N?ayez crainte. Ces rapports ont suscité en général l?irritation des chancelleries, car cela n?allait pas dans leur sens. Ainsi, le Bundesnachrichtendienst allemand. Leur rapport a été « leaké », c?est-à-dire qu?il a été rendu public par le Spiegel en 2005. L?administration allemande était furieuse que ce rapport soit sorti, car le contenu de ce rapport ne servait pas les intérêts de la politique allemande, qui en cette période était -et je crois est toujours- très favorable à l?administration kosovare.
Mais, je crois qu?il ne faut pas toujours raisonner dans une optique politique. Ne peut-on pas accepter que quelqu?un puisse simplement travailler en faveur de la recherche de la vérité, et d?une justice qui soit égale pour tout le monde ? C?est ce qui me choque. On s?est interrogé sur les motifs du moment de la publication, sur les éventuels sommes d?argents reçues de la part des Serbes. J?ai peut-être commis des erreurs car personne n?est parfait, mais ce que je peux assurer à tous les Kosovars et Albanais, c?est que j?ai essayé de faire mon travail très honnêtement dans un esprit de la recherche de la vérité et de justice. Je sais, par expérience, que la recherche de la vérité peut faire très mal. Mais au bout du compte, c?est un mal nécessaire."
-"Mais il faut aussi choisir la méthode pour le faire."
- "Quelle méthode ?"
-"Par exemple, vous vous êtes servi des rapports de la justice serbe. Était-ce vraiment le cas ?"
- "Non ! Si vous lisez bien le rapport, je suis très critique envers l?autorité judiciaire serbe qui, selon moi, ferait mieux de faire un peu moins de relations publiques et de travailler un peu plus sérieusement."
-"Les témoignages cités dans les rapports de la justice serbe ont été obtenus sous la torture subie dans les geôles serbes..."
- "Je vous donne ma parole d?honneur qu?aucun matériel serbe n?a pu être utilisé."
-"Lorsqu?un quotidien kosovar, Koha Ditore, établit un étrange parallèle entre un rapport de service de renseignements serbes et votre rapport..."
- "Non ! J?ai lu. Ce n?est pas sérieux, je regrette. D?ailleurs un haut fonctionnaire de l?administration américaine a déclaré qu?il était inacceptable que M. Marty se soit rendu en Russie tout de suite après son rapport. En pensant que mon déplacement en Russie avait un lien avec ce rapport. Ce qu?il n?a pas expliqué, c?est que je me suis rendu à Moscou et à Tbilissi en tant que président de la Commission du monitoring. J?étais chargé par l?Assemblée du Conseil de l?Europe d?avoir une fonction de médiation entre la délégation Russe et celle de Géorgie sur le conflit russo-géorgien. Lors de ce déplacement, nous n?avons même pas abordé, ne serait-ce qu?une seconde, la question du Kosovo. C?est dire comment on peut tricoter des fantaisies à partir d?un fait faussement interprété. Je suis content que vous m?ayez donné l?occasion de m?expliquer sur cela."
-"C?est justement le but, car les réactions des classes politiques kosovares et albanaises ont été extrêmement dures envers ce rapport et vous-même. Ce rapport a été dépeint comme une attaque politique visant à souiller l?image des Albanais de manière plus générale. Alors que, parallèlement, les autorités ont déclaré être disposées à coopérer. Le président ad intérim du Kosovo, M. Krasniqi, a publiquement dit que la vérité devait être mise au grand jour, et cela le plus vite possible, même avant toute forme de négociation avec Belgrade."
- "Je pense que les réactions ont été exagérées et qu?elles sont l?objet de motivations politiques. Vous connaissez la règle politique qui vaut pour tous les pays. L?ennemi extérieur sert toujours à mobiliser vos propres troupes et cela permet d?oublier un certain nombre de problèmes internes. Je suis donc devenu le bouc émissaire, alors que je crois que les problèmes sont sur place et que c?est là-bas qu?il faut les résoudre.
Car ces accusations existent depuis longtemps. Si on avait voulu chercher la vérité, on aurait dû le faire avant, et ne pas attendre mon rapport. Il y a eu moult manifestations où on parlait des crimes organisés, de l?implication de personnes au pouvoir. Pourquoi n?a-t-on pas cherché à faire la lumière avant ? Je répète que ce n?est pas moi qui suis allé chercher ce travail et je n?avais aucun motif de me soustraire. Je ne me suis jamais soustrait à mes obligations, mais je vous assure que j?aurai préféré faire quelque chose de plus gratifiant ces derniers temps."
-"Il y a les réactions de la classe politique albanaise -qu?elle soit au Kosovo ou ailleurs-, mais aussi celles de la population du Kosovo qui éprouve un sentiment de totale incompréhension."
- "J?ai lu la presse. Il y a des amis kosovars qui m?ont tenu informé et qui m?ont traduit des articles. Vous n?allez quand même pas me dire qu?il y a eu de la part de la plus grande partie de la presse albanaise un compte rendu objectif ? Je regrette, c?était tendancieux, partiel. Il y a eu des choses qu?on n?a pas citées. Ce rapport a été présenté comme proserbe, en oubliant de citer toutes les choses que je dis contre les Serbes, ou contre les responsables serbes d?alors. Je crois que cette population kosovare aurait eu avantage de pouvoir lire tranquillement et sereinement ce rapport.
J?ai eu quelques expériences intéressantes avec des Albanais qui habitaient en Autriche et en Allemagne. Ils m?ont écrit scandalisés. Je me suis donné la peine de leur répondre par e-mail et je leur ai expliqué. Eh bien, j?ai été très touché car ces personnes m?ont répondu pour me remercier et s?excuser pour l?usage des expressions qu?elles avaient employées dans leur premier message, mais aussi pour me dire qu?ils comprenaient maintenant mieux mon travail. Et d?ailleurs j?espère qu?au terme de cette interview nous arriverons à la même conclusion.
Je me rends bien compte que cela n?est pas facile, qu?il a un réflexe patriotique, dans les meilleurs des cas un peu nationaliste. Cela arriverait dans n?importe quel pays. Lorsque nous avons été critiqués en Suisse pour les avoirs juifs en déshérence, nous avons aussi eu des réactions totalement exagérées et fausses. Puis, avec le temps, on s?est rendu compte que nous devions peut-être réagir autrement."
-"Le but de cet interview est effectivement de pouvoir discuter dans la sérénité une fois que les émotions se soient tassées. Pour ma part, je rentre à l?instant des Balkans, où j?ai rencontré beaucoup de monde, car je profite de chaque occasion pour tâter le pouls des gens. Je peux vous dire que vous êtes « célèbre » car votre nom est dans la bouche de chaque Kosovar ou Albanais. Ces derniers ont le sentiment profond que ce rapport cherche justement à relativiser les crimes à grande échelle commis contres les civils albanais du Kosovo."
- "C?est ce que l?on a cherché à leur faire croire. Ces personnes n?ont pas lu le rapport."
- "Vous avez raison, le commun des mortels n?a pas pu lire le rapport mais..."
- "Mais vous savez très bien comme il est facile de conditionner l?opinion publique. Pour cela, il n?y a pas besoin d?aller jusqu?au Kosovo. Il suffit de regarder la télévision de Berlusconi pour constater comment on peut conditionner une société."
-"Qu?est-ce vous répondez à ceux qui sont de l?avis que ce rapport vise à relativiser l?échelle des massacres commis contre les Albanais, contre la population civile, par l?appareil étatique serbe ?"
- "C?est absolument absurde.
C?est comme l?exemple de Dresde. Je considère le bombardement de Dresde, pendant la Seconde guerre mondiale, comme un crime de guerre. Dresde fut bombardé lorsque l?Allemagne était déjà à genoux. Les objectifs visés n?étaient pas militaires mais civils. Il est évident que, par rapport aux crimes commis par les nazis, nous pourrions soutenir que le cas de Dresde est insignifiant. Non ! Je trouve que, dans les deux cas, il s?agit de crimes. Il est évident que l?un est à une toute une autre échelle, mais cela ne doit pas être un motif pour ne pas condamner l?autre."
-"Oui, mais de ne pas le relativiser non plus..."
-Mais mon Dieu, non ! J?ai tenté de le dire. Un crime ne peut pas compenser l?autre. Il va de soit qu?il y a des crimes plus graves et des crimes moins graves. Il y a des crimes qui ont une dimension, comme ceux commis par les nazis, qui étaient systématiques et structurés."
-"Cela était également le cas au Kosovo en 1998-1999."
- "Oui. Mais j?ai parlé, je crois, d?une politique effroyable et de folie criminelle à propos de Milosevic. J?ai employé les adjectifs les plus forts que l?on puisse employer en français. Ce sont des adjectifs que vous ne trouvez à aucun endroit dans le reste du rapport. Là encore, ces passages du rapport n?ont pas été cités."
-"Mais ces réactions ont également concerné la communauté kosovare ou suisso-kosovare qui est très forte en Suisse."
- "Je pense que beaucoup de ces Kosovars me connaissent. Ils savent que je me suis beaucoup engagé contre l?initiative visant à interdire la construction des minarets en Suisse. Ils savent que je suis personnellement et farouchement contre la politique anti-terrorisme qui ne vise que des musulmans. Car la politique américaine n?envoie à Guantánamo que des musulmans. Ils savent que je suis très inquiet de ces mouvements anti-islamique. Les Kosovars qui sont en Suisse et qui suivent un peu l?actualité sont au courant. Ils savent que je n?ai aucun préjugé contre la culture musulmane. Bien au contraire. Je me suis engagé, j?ai participé à des débats, j?ai rédigé des articles, j?ai fait une contribution dans un livre pour condamner ces mouvements anti-musulmans qui, à mon avis, sont extrêmement dangereux."
-"Mais dans le cas des minarets, les réactions des Kosovars étaient totalement inexistantes, alors que suite à la sortie de votre rapport, on a relevé les opinions des principaux porte-parole communautaires qui sont tout à fait respectables et respectés..."
- "Vous savez Monsieur, l?émotion est très mauvaise conseillère. Je comprends cette émotion. Je suis confiant, car une fois que cette émotion sera tombée, la raison prévaudra. À ce moment-là, on comprendra mieux le sens de mon rapport.
Le projet de résolution que j?ai présenté a été accepté à l?unanimité par la Commission des questions juridiques et des Droits de l?Homme. Il y a eu quelques abstentions. Des personnes qui avaient dit qu?elles n?avaient pas pu prendre connaissance du rapport. Mais il n?y a eu aucune voix contre, et ce sont des spécialistes de ces problèmes des Droits de l?Homme. Ca veut dire quand même quelque chose qu?un rapport pareil ne prenne pas une seule voix contre dans la Commission qui est dévolue à l?analyse de ces problèmes et qui se confronte depuis des années à ce genre de problèmes. Ça, non plus, on ne l?a pas dit dans la presse. Ce que va faire l?Assemblée du Conseil de l?Europe, je l?ignore. Parce que, naturellement, il y a des mouvements qui se sont organisés. Mais la Commission, je crois qu?elle a pu juger d?une façon objective et sereine ce rapport."
-"En tout cas, le soutien que vous dites que vous avez eu de la communauté de la diaspora albanaise en Suisse contraste avec ce que nous avons pu en relever..."
- "Je ne dis pas soutien. Mais s?ils me connaissent, ils devraient savoir que j?essaye du moins d?être intellectuellement honnête et de m?engager toujours contre l?injustice de toute sorte."
-"Est-ce que ce rapport a des conséquences sur le processus de reconnaissance du Kosovo par le reste de la Communauté internationale ?"
- "Je ne sais pas. Je ne crois pas, car le processus aurait pu alors être achevé déjà avant. Je crois que s?il y avait des obstacles avant, ce rapport n?a pas d?influence sur ces obstacles. Ils existaient avant. Il y a des pays de l?Union européenne qui n?ont pas reconnu le Kosovo et ce n?est pas ce rapport qui va changer quelque chose. Par contre, ce dont je suis persuadé, c?est que si on avait préparé mieux l?indépendance, je suis sûr que le Kosovo serait aujourd?hui membre du Conseil de l?Europe et des institutions internationales. C?est cela ma critique et c?est là où je suis mal compris."
-"Oui, mais la position de Belgrade sur ce plan était intangible..."
- "La position de Belgrade a aussi changé. Si l?Union européenne avait mieux joué ses cartes et si on n?avait pas seulement écouté Washington, je pense qu?on serait arrivé à l?indépendance et que cette indépendance serait aujourd?hui moins contestée. Moi je n?ai rien contre l?indépendance. Je n?ai jamais demandé à la Suisse de rompre les relations avec le Kosovo. Au contraire. Je sais que l?ambassadeur s?est prononcé contre le rapport. Il fait son devoir. J?ai beaucoup d?estime pour lui et pour son travail. J?essaye de ne pas me laisser prendre par les émotions, et je comprends que les gens qui sont encore sous le coup de l?émotion puissent dire des choses plus où moins inacceptable. Comme certaines comparaisons qui ont été faites avec des assassins nazis. Mais je pense que le temps va corriger toutes ces choses."
-"Dans le Washington Post du 8 janvier 2011, le co-auteur du livre de Carla del Ponte disait qu?il fallait que des preuves soient fournies, et si c?est le cas, cela devrait être fait dans des conditions optimales de sécurité et de sécurisation des témoins cités. Toutefois, ce même auteur demande à ce que le Conseil de l?Europe ne soit pas instrumentalisé par la Russie et la Serbie dans le but de délégitimer le Kosovo. Craignez-vous un tel scénario, où cette question serait instrumentalisée ?"
- "Non ! D?ailleurs, dans la résolution, il y a quelque chose qui concerne la Serbie et qui demande aux Serbes de se bouger pour arrêter les deux criminels de guerre qui manquent toujours à l?appel du Tribunal pénal pour l?ex-Yougoslavie. Dans la majorité actuelle du Conseil de l?Europe, je ne vois aucun danger dans ce sens. Il est vrai qu?il y a des groupes nationalistes serbes qui essaient d?exploiter ce rapport. Mais que faire là contre ? Cela ne sera pas le fait du Conseil de l?Europe en tant que tel.
Quant au langage utilisé pour désigner le Kosovo, il ne s?agit pas de mon choix. Il s?agit d?une directive stricte édictée par le Conseil de l?Europe. Les pays qui ne sont pas membres et qui ne sont pas membres des Nations Unies sont désignés d?une certaine façon. C?est comme cette dénomination que je trouve ridicule de : « ex-république de Yougoslavie de Macédoine » etc. Mais il s?agit d?un langage qui nous est imposé. D?ailleurs cette partie-là, ce n?est même pas moi qui l?ai écrite. Le préambule n?est pas rédigé par l?auteur du rapport."
-"À supposer qu?une enquête d?envergure internationale aboutisse, avec la coopération de toutes les parties, afin que la vérité puisse éclater au grand jour..."
- "La condition essentielle, c?est que l?on est à même de donner toutes les garanties au témoin. Ce qu?aujourd?hui aucune instance n?est à même de faire."
-"Mais à supposer que l?enquête aboutisse, et que les résultats de l?enquête conduisent, peut-être, à des cas de trafic d?organes par des groupements criminels, très souvent transfrontaliers et trans-ethniques..."
- "Je dis que les relations entre la mafia kosovare et serbe fonctionnent mieux que les relations entre les gouvernements. Mais les mafias existent partout. Il n?y a pas une exclusivité dans la région. Hélas, aujourd?hui la collaboration entre les criminels fonctionne mieux que la collaboration entre les institutions étatiques. Il est clair que les trafics d?organes ont eu lieu dans un contexte de criminalité internationale où les gens de diverses origines ont participé. Mais je le rappelle, moi je parle d?une poignée de cas."
-"Mais l?image du Kosovo en a pâti. Peut-on vraiment se relever, suite à de telles accusations ?"
- "Ecoutez, je crois que tout le monde sait que le Kosovo n?est pas ça. Je crois que le Kosovo a une perception fausse. En Suisse nous savons qu?il y a des dizaines de milliers de Kosovars qui travaillent, qui contribuent à notre bien être et qui ont des familles. Mes enfants ont eu des amis kosovars à l?école. Nous savons tout cela. Je crois qu?il s?agit d?une perception fausse que les Kosovars pensent que nous allons les identifier eux ou le Kosovo avec la criminalité. Non !
Une fois encore, le rapport parle d?une proximité inquiétante de certains milieux politiques avec le crime organisé. Mais on ne peut pas faire semblant de ne pas l?avoir su. Moi, j?ai reçu cette mission pour m?occuper de cet aspect particulier."
-"Il y a des personnalités qui vous connaissent et qui prétendent que vous gardez le jeu pour la fin. Selon eux, vous avez certainement d?autres éléments que vous n?avez pas encore déballés. D?autres soutiennent que vous jouez au jeu de poker. Est-ce que vous disposez d?autres documents sur l?affaire, des documents que vous n?auriez pas encore divulgués ?"
- "Je ne suis pas capable de jouer au poker. Je n?ai jamais joué de ma vie. Je n?ai jamais joué un seul franc dans une machine à sous. C?est quelque chose qui ne fait pas partie de moi et je ne sais pas si les personnes dont vous parlez me connaissent bien. Je n?ai jamais été un grand calculateur. Je suis plutôt du genre spontané et non pas calculateur.
Ce qui m?intéresse, c?est la vérité et la justice, même si cela sonne un peu grandiloquent. Il y a certains de mes collègues qui, pendant ce temps, sont dans les affaires depuis très longtemps, et ce sont des lobbyistes de grandes entreprises où l?on gagne beaucoup d?argent. Pensez-vous qu?en s?engageant sur la question de la Tchétchénie, l?Afrique et cette affaire, cela apporte quelque chose de matériel ? Non, mais on le fait car on croit qu?on peut apporter une contribution. J?accepte donc toutes les critiques, sauf celle de la malhonnêteté intellectuelle. Je crois que mes quarante ans de carrière le démontrent. Même si l?histoire ne se répète jamais complètement, les polémiques actuelles me rappellent celles qui ont suivi mon rapport sur les prisons de la CIA. Là aussi, j?avais été dénoncé par un homme politique polonais."
-"On vous a traité d?antiaméricain notamment."
- "Oui, alors que j?ai un frère qui a la nationalité américaine et que j?ai des neveux qui sont américains. Alors que j?ai reçu deux distinctions en Américain. Non ! Je dirai que je suis plutôt amoureux de la vérité et la vérité est souvent dérangeante."
-"Il n?y a aucune visée politique derrière votre rapport ?"
- "Non ! Je ne suis l?instrument de personne. Ce que l?on m?a reproché, et à raison, c?est que je suis plutôt un solitaire. Je suis un mauvais membre du parti, parce que si je suis désaccord avec mon parti, je ne vote pas pour mon parti. Je vote comme je pense, et tout le monde peut en témoigner. Je ne suis donc l?instrument de personne.
Et une fois encore, je n?ai absolument rien sinon de la sympathie et de la compassion pour les Kosovars. En 1999, je suis allé exprès en Albanie pour visiter les camps de réfugiés. J?ai été bouleversé. J?en avais les larmes aux yeux. A mon retour, j?ai écrit un article sur ce que j?avais vu. Ce qui m?avait bouleversé, c?était l?hospitalité extraordinaire de la population albanaise pauvre qui avait accueilli dans leur maison leurs cousins kosovar, en raison du manque de place dans les camps. Je crois que, dans mon rapport, j?ai écrit une phrase qui dit que j?avais vu ce qui s?était passé. Est-ce que quelqu?un l?a citée au Kosovo ? Personne."[/justify]
[right]Propos recueillis par Bashkim ISENI[/right]
[large]C'est les vacances !...[/large]
Voici venir le temps des disparitions et de la résurrection des dégénérés de l'organe.
[center][youtube]http://www.youtube.com/watch?v=coNv5U4t2Zk[/youtube][/center]
Voici venir le temps des disparitions et de la résurrection des dégénérés de l'organe.
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