Koursk, un sous-marin en eaux troubles

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[center][large]Koursk, un sous-marin en eaux troubles[/large][/center]

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[center]La tragédie du Koursk K-141 sous-marin d'attaque nucléaire de classe OSCAR II (Antey selon la dénomination Russe).[/center]





[center]Après sa diffusion le 7/1/05, mes commentaires sur le 70 minutes de Michel Carré consacré au naufrage du Koursk

Jean Pierre Petit - 14 janvier 2005
[/center]

[justify]Le film du réalisateur Michel Carré "Un sous-marin en eaux troubles", consacré au naufrage du Koursk, "grand comme un terrain de football", survenu en août 2000 dans la mer de Barentz a été diffusé sur France 2 le 7 janvier 2005. Certains de mes lecteurs ont été très contents de voir mon nom figurer au générique, en tant que conseiller scientifique, au côté de celui de Jean-René Germain, ancien rédacteur en chez de Science et Vie. Ils ont pensé ainsi que j'avais suivi toute la réalisation du document et que mes relations avec la presse s'étaient améliorées.

La réalité est très différente.

Carré s'était mis en contact avec moi fin 2002 en me demandant de monter à Paris pour visionner certains documents vidéo qu'il avait collecté en commençant une enquête sur le naufrage du léviathan russe. Nous nous sommes vus en tout et pour tout deux heures. Le lui ai offert mes services de scientifique et d'expert (gratuits) pour les questions de plongée sous-marine. Je lui ai proposé d'accompagner son équipe de tournage à Mourmansk en figurant "comme dessinateur". Je lui ai même suggéré de m'envoyer à Moscou avec un journaliste pour rencontrer Vélikhov, conseiller militaire de Poutine et vice président de l'académie des Sciences de Russie. Vélikhov, élève de Sakharov, fut un des pionniers de la MHD. J'ai dit à Carré qu'en branchant Vélikhov sur la question des avions hypersonique ( aux USA, l'Aurora et en Russie le projet Ajax) je pourrais peut être en apprendre un peu plus, au détour d'une phrase, sur la MHD sous-marine russe. J'ai bien connu Vélikhov dans le temps, en 1965-67. Tout cela gratuitement, bien sûr. Mais Carré n'a donné suite à aucune de ces propositions. Avant d'évoquer le détail de ce qui a pu être échangé au cours de notre conversation, quelques précisions sur le calendrier de ces échanges.

En 2003 une collaboratrice de Carré m'a appelé au téléphone en me disant :

- Michel Carré voudrait que vous nous fournissiez la liste des questions que l'équipe de tournage devrait poser aux experts anglais que nous allons bientôt rencontrer au musée de la marine de Londres, où le tournage sera réalisé.
- Est-ce qu'il ne serait pas plus utile que je me joigne à votre équipe de tournage et que je pose moi-même ces questions. Ce sont des problèmes assez pointus, vous savez, et même si je fournissais une liste de questions il n'est pas certains que les gens de l'équipe sauraient interpréter correctement les réponses qui leur seraient fournies. Ma prestation serait bien entendu gratuite.
- C'est que ... nous n'avons pas de budget pour vous faire monter là-bas....
- Vous savez, je peux monter jusqu'à Douvres par le train, et je paye demi-tarif, vu mon âge. Là-bas, il suffirait d'une chambre d'hôtel supplémentaire à Londres.

Aucune suite.

Entre temps j'ai essayé de me mettre en rapport avec Jean-René Germain, dont je savais qu'il avait déjà commencé à jouer le rôle d'expert pour la préparation du film. Aucune réponse. Normal. Germain faisait partie de l'équipe des "Anti-ovnis" de Science et Vie.

Fin novembre Carré m'a appelé au téléphone :

- Je commence à me demander si vous n'avez pas raison. L'émission avait été programmée du France 2 pour le 10 décembre. Elle vient d'être déprogrammée. Je pensais que c'était à cause de ce qui était dit sur Poutine Mais il semble que la chaîne ait été sensible à des pressions des Américains.
- Est-ce que le film passera ?
- C'est un soixante dix minutes. Je vais vous en envoyer une copie en VHS. De toute façon, je vais organiser une projection en avant-première devant des collègues journalistes. Je connais du monde et ça ne se passera pas comme ça ( cette projection eut effectivement lieu le 10 décembre à Paris ). Je suis en pourparlers avec la chaîne. Ils ne sont pas d'accord avec certains aspects techniques....
- Voulez-vous que j'intervienne ? Vous n'avez qu'à rajouter une courte interview. Je monte sur Paris quand vous voulez. Demain si vous voulez.
- Je vous tiens au courant (...)

Aucune suite. Cependant, quelques jours plus tard je reçois effectivement une copie VHS du film, que je visionne. J'y décèle pas mal de choses incorrectes et même franchement fausses, comme l'idée que le réacteur nucléaire du Koursk serait "identique à celui de Techernobyl". J'appelle Carré en réitérant ma proposition d'intervention sous la forme d'une interview qui pourrait être jointe au film. Pas de suite à cette proposition.

Il y a l'histoire du Koursk, qui gardera de nombreux points d'ombre, et il y a "l'histoire dans l'histoire", c'est à dire les informations collectées par Carré et évoquée lors de notre premier coup de fil, confirmées par d'autres sources, mais éliminées au montage du film. Il y a une inénarrable rencontre avec des correspondants de la DGSE, dans un restaurant Parisien, puis ce qui a pu émerger au fil des mois, transmis par des correspondants par e-mail, certaines informations émanant même directement de Russie.

Avant de conter tout cela et d'émettre des critiques, un coup de chapeau à Carré. Son film nous aura tenu en haleine pendant 70 minutes. C'est très bien fichu, très bien monté, cinématographiquement parlant. La voix de Girodeau est bien posée, les phrases bien tournées. Carré a pu mettre la main sur des images choc exceptionnelles. Cela commence par le "sacre de Poutine", qui, du haut de ses un mètre soixante huit foule le tapis rouge du Kremlin en franchissant des portes plaquées or, qui évoquent un dessin animé de Walt Disney. Il nous montre par la suite un clip pro-Poutine où deux superbes créatures vantent sa ... virilité. Nous devons aux recherches de l'équipe de Michel Carré des scènes hallucinantes, poignantes, dont l'une montre une femme de marin, anesthésiées par une femme-médecin, en civile, seringue à la main, au moment où elle invective un responsable gouvernemental venu "entendre les familles". Carré a sacrément bien choisi ses images. Je repense à la tête du procureur chargé d'instruire le dossier après renflouement du sous-marin avec ses petits yeux bleus et sa tête de faux-frère de la côte, à faire froid dans le dos. Un bonhomme poupin que j'avais vu, dans un film précédemment présenté, s'agenouiller avec emphase devant l'épave du Koursk avant de commencer son enquête, en signe de respect vis à vis des victimes. Un homme qui annoncera tout tranquillement que la perte du submersible est due à "l'explosion accidentelle d'une torpille d'essai". Carré nous a également sorti une phrase de l'ingénieur de la société Rubine, qui a conçu le Koursk et qui dit simplement "que pour une raison inexplicable le système enregistreur des données du Koursk n'a pas été enclenché.

Ben voyons...

Même s'il y a à redire sur le film de Carré, ça reste une bombe, un sacré document. Je regrette que certains aspects techniques, que je jugeais importants, aient été ignorés, mais ce qui se dégage du film c'est l'immensité du mensonge d'état et l'évidence d'une intervention américaine, occultée à travers des négociations secrètes.

Venons-en à l'historique. Au cours de notre unique rencontre à Paris Carré me déballe en bloc ce qu'il a appris de sources diverses. Il y a eu deux explosions, parfaitement enregistrées, y compris par une station sismographique norvégienne. La seconde est beaucoup plus forte. Il y aurait eu un général chinois à bord. Avant les manoeuvres navales de la mer de Barentz la chambre des torpilles du Koursk aurait été modifiée pour pouvoir accueillir des torpilles de plus grand diamètre (détail que Carré n'a pas évoqué dans son film). Des SOS frappés sur la coque auraient été entendus pendant des jours.

Un autre détail, beaucoup plus intrigant, évoqué part Carré, dont il ne parlera pas dans son film : On aurait retrouvé sur l'un des marins morts un billet, griffonné au crayon, où l'homme aurait mis "Nous sommes dans la chambre d'évacuation située à l'arrière". Deux sous-officiers qui sont familiers de la manoeuvre du sas d'évacuation tentent vainement de le manoeuvrer. Pour une raison qu'ils ne comprennent pas celui-ci semble totalement bloqué". Carré parle également d'une approche d'un sous-marin de poche qui aurait vainement tenté de s'amarrer sur la coque de l'épave. On aurait retrouvé, après renflouement du sous-marin, l'officier chargé de garder la porte de l'amurerie tué d'une balle dans la tête et cette porte grande ouverte. La Marine russe aurait refusé de laisser les familles voir les corps, qui ne leur ont été rendus que 400 jours après le décès, est-il précisé dans le film. Carré dit avoir appris que les Russes aurait prétendu avoir perdu l'épave pendant des dizaines d'heures (ce qu'il rappellera dans son film), alors qu'il est aisé de localiser une telle masse dans un fond aussi faible, simplement en faisant survoler la zone par un avion de type Lookeed Neptune (doté d'un magnétomètre détectant les masses métalliques et équipant le Royale, en France. Toutes les marines du monde ont des appareils équivalents). Selon Carré (ce qu'il rappelle dans son film) quand le navire amiral "Pierre de Grand", commandé par l'amiral Popov, aurait été averti du naufrage, au lieu de se porter sur les lieux il se serait au contraire éloigné du site !

Toutes ces informations sont largement suffisantes pour que je me mette à gamberger. Plusieurs détails clochent. La profondeur à laquelle le Koursk repose est ridiculement faible : 108 mètres. Vue sa hauteur, le pont supérieur est à 80 mètres de la surface. Je me renseigne auprès d'un spécialiste des sous-marins, que je connais. Pendant la guerre de 39-45 des évacuation à 60-80 mètres de profondeur étaient courantes, avec des systèmes individuels très simples. Aujourd'hui tous les sous-marins disposent d'équipements individuels permettent d'évacuer un sous marin à des profondeurs atteignant 600 mètres de fond. En Angleterre ces système sont fabriqués par la société Beaufort. Je me procure assez rapidement de la documentation :[/justify]

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[justify]Le détail de la procédure d'évacuation a été décrit dans le dossier que j'ai installé sur le sujet depuis deux ans. En août 2000, pendant que Christine Okhrent plasmodiait les notes qu'on lui donnait à lire où il était dit "qu'on attendait les secours", n'importe quel journaliste connaissant un tant soit peu la plongée sous-marine aurait été à même de se rendre compte de l'absurdité de cette "attente fiévreuse" mis en scène par les journalistes. On peut alors se demander :

- S'ils sont à ce point incompétents
- S'ils sont complices ou se gardent bien de dire ce qu'on ne peur a pas expressément demandé de colporter.

C'est sans doute un mélange des deux. Tout est absurde dans de naufrage. Je n'arrive pas à imaginer qu'un sous-marin à double coque ( il s'agit en fait, structurellement parlant, de deux sous-marins nucléaires accolés. Le Koursk est propulsé non par un réacteur nucléaire, mais par deux, et ils ne sont pas "identiques à celui de Techernobyl". Les réacteurs équipant les sous marins sont fondamentalement différents de ceux qui équipent les centrales. Je suis sceptique sur le fait qu'un sous marin de cette taille de possède qu'un seul sas d'évacuation. Il y en aurait au moins deux, puisqu'il est fait de deux coques accolées, sinon plus. Par ailleurs un journal allemand reproduira ( &&& si quelqu'un a ces images ! ) l'agencement intérieur du Koursk. C'est une unité digne d'un roman de Jules Vernes. D'après mes souvenirs l'énorme cockpit contientrait deux sous-marins d'évacuation, auto-propulsés par un ensemble moteur électrique-batteries, disposés côte à côte, qui seraient susceptibles de contenir tout l'équipage et permettre des sauvetages à des profondeurs atteignant mille mètres (la profondeur d'évolution du Koursk). Selon la thèse officielle "l'explosion de la chambre des torpilles aurait été si violente qu'elle aurait ... bloqué toutes les issues". Mais comment imaginer qu'une explosion de la partie avant, sur ce submersible de 154 mètres de long, ait pu bloquer le verrouillage du (ou des) sas d'évacuation situés à l'arrière.[/justify]

LA SUITE : http://www.jp-petit.org/Koursk/Koursk_michel_carre.htm

http://www.jp-petit.org/Koursk/Koursk1.htm
Last edited by Libris on Wed Jul 27, 2011 9:32 pm, edited 1 time in total.
BPriest
Rebut de la société marchande
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