[center][large]L'art de la réalisation
Chandra Swami[/large][/center]
[large]Les qualifications fondamentales :
La sincérité
La pureté
La discrimination
Le dépassionnement
La maîtrise de soi
Le travail désintéressé
La pensée métaphysique
L?abnégation
La persévérance[/large]
[center][large]Chandra Swami - L art de la realisation.pdf (187.41 KB)
http://www.aryanalibris.com/index.php?p ... ealisation[/large][/center]
[justify][large]Préface[/large]
II y a trois siècles, dans le Punjab occidental (aujourd'hui le Pakistan), vivait un mystique du nom de Baba Bhuman Shah (1687-1747). Il appartenait à la lignée des Udasins. La portée de sa réalisation et l'universalité de sa vision attiraient à la fois hindous et musulmans, qui venaient chercher à son contact une orientation spirituelle et la paix intérieure. Il vivait entouré de disciples et autres chercheurs de vérité. Sa réputation s'étendit de plus en plus loin tout au long de sa vie et, à l'époque de sa mort, il était le chef spirituel d'une vaste communauté religieuse. Plus tard, sur les lieux où il avait vécu, se construisit un village qui aujourd'hui encore s'appelle Village Bhuman Shah. Le smadhi (la tombe) de Baba Bhuman Shah est toujours là, dans le village, et quelques musulmans viennent y prier (les hindous ayant émigré après la division de la région en 1947).
C'est dans ce même village que le 5 mars 1930 naquit Suraj Prakash ? aujourd'hui Chandra Swami. Ses parents étaient simples et religieux. La dévotion et la ferveur spirituelle de sa mère laissèrent une impression indélébile sur le coeur sensible de l'enfant. Chandra Swami raconte parfois comment, lorsqu'il était petit, sa mère le faisait s'asseoir et lui lisait des passages de la Gîta et du Gurubani.
Déjà, enfant, Suraj Prakash était naturellement attiré par la tombe de Baba Bhuman Shah près de laquelle il passait de longues heures en méditation, perdant parfois toute conscience du monde extérieur. C'est au cours de l'une de ces méditations qu'il rencontra en esprit Baba Bhuman Shah, qu'il appelle aujourd'hui affectueusement Baba Ji, et dont la grâce sera à l'origine, dira-t-il plus tard, de toutes les transformations spirituelles par lesquelles il passera au cours de sa Sâdhanâ. Les darshans (dans ce sens, visions ou rencontres intérieures au cours d'expériences spirituelles) vont devenir réguliers. A cette époque, Suraj Prakash n'étant qu'un enfant, ces darshans ne prenaient pas la forme d'enseignements métaphysiques, mais étaient plutôt ressentis comme une influence spirituelle à un niveau profond de son être, ce qui à aucun moment ne sembla le troubler physiquement ou psychologiquement. Au contraire, Suraj Prakash était un enfant équilibré et en parfaite santé. Il se distingua même en athlétisme et devint capitaine d'une équipe sportive durant ses études secondaires. Au cours de ses études à l'université de Lahore, à l'occasion des vacances d'été et alors qu'il était revenu dans son village, un incident eut lieu qui changea toute sa vie. Plusieurs nuits de suite, Baba Ji lui apparut en rêve, se tenant droit devant lui, plongeant son regard dans le sien et lui rappelant leur association intime au cours de vies passées.
En même temps. Baba Ji apparut en rêve une nuit au père de Suraj Prakash et lui dit :
« Suraj est mon fils spirituel. Il lui faut renoncer aux liens familiaux et poursuivre en cette vie sa Sâdhanâ spirituelle. Consacre-le-moi et je pourvoirai à tous ses besoins. » Le père dans son rêve fut si impressionné par l'apparition de Baba Ji qu'il accepta sa proposition. Mais le lendemain au réveil, il décida que son rêve n'avait aucune importance et l'oublia tout simplement. La nuit suivante. Baba Ji lui réapparut dans un nouveau rêve et le confronta à un incroyable marché : « Tu ne sembles pas vouloir m'obéir. Comment peux-tu oser traiter tes rêves comme des phénomènes sans importance et trahir la promesse que tu m'as faite ? Le résultat, c'est que maintenant ton fils est mort. » Et en effet, Suraj Prakash apparut à son père allongé sans vie sur son lit. Baba Ji reprit : « Préfères-tu l'avoir mort auprès de toi ou me le donner vivant ?» A ces mots, le père se mit à pleurer. Baba Ji le consola et lui promit que le jeune garçon vivrait toute sa vie sous sa protection si lui-même voulait bien lui obéir et veiller à ce que tout d'.abord, dès le matin, il prenne contact avec le chef de la communauté religieuse Mahant Shri Girdhari Dass Ji, le dixième successeur en ligne de Baba Bhuman Shah, ensuite à ce qu'il tienne sa promesse de consacrer son fils au service de Baba Ji et de ne mettre aucun obstacle sur son chemin.
Au réveil le père informa sa femme de ses rêves et quoiqu?un peu effrayés, tous deux décidèrent de rendre visite à Shri Girdhari Dass Ji. A leur grande surprise, celui-ci les attendait et avant même qu'ils prennent la parole, leur dit qu'il savait pourquoi ils venaient le voir, parce que Baba Ji lui était apparu en rêve à lui aussi. Après quelques jours de délibération et de discussions avec les membres de la famille, Shri Girdhari reçut Suraj Prakash au sein de sa communauté le 15 juin 1947, changea son nom de Suraj Prakash en Chandra Prakash et lui transmit montra diksha, l'initiation au mantra, le faisant ainsi entrer dans l'ordre des Udasins.
Ce ne fut pas qu'un simple changement de nom. Toute sa vie fut, par cette cérémonie, radicalement transformée. Il sentit monter en lui une grande ferveur religieuse et c'est au cours des jours qui suivirent qu'il décida pour lui-même de faire de la réalisation du divin, et d'elle seule, le but de sa vie.
Deux mois plus tard, l'Inde connaissait une des plus grandes crises de son histoire : le pays était divisé et les hindous durent émigrer de la région qui est aujourd'hui le Pakistan, laissant derrière eux non seulement leurs foyers, mais aussi les lieux de leur culte. En Inde, Chandra Prakash poursuivit ses études, encore que son esprit fût plus porté vers la méditation. Il allait souvent rendre visite aux sages et mystiques de sa région pour écouter leur enseignement. Comme il suivait cependant ses cours régulièrement, il obtint un diplôme en sciences et continua à étudier en vue d'une maîtrise. Mais il découvrit alors qu'il était décidément trop orienté vers la méditation et trop peu vers les études universitaires pour hésiter à renoncer à ces dernières. Aussi, après une nouvelle année d'études en vue de sa maîtrise, Chandra Prakash quitta l'université et se consacra entièrement à la vie religieuse.
Swami Krishna Dass, un Udasîn du Cachemire (aujourd'hui prieur de l'ashram Shri Chander Chinar, à Srinagar), eut une grande influence sur lui alors qu'il se trouvait à l'université. Sa simplicité, son coeur d'enfant et sa sagesse spirituelle impressionnèrent profondément Chandra Prakash. Celui-ci demanda alors au sage de le consacrer moine. Swami Krishna Dass Ji accepta et lui remit la robe : il était devenu Chandra Swami.
Huit années suivirent d'une intense Sâdhanâ. Après avoir voyagé à pied pendant plusieurs mois dans les Himalaya, Chandra Swami se rendit au Cachemire où il vécut alternativement l'hiver dans une grotte isolée sur les bords de la rivière Tawi, près de Jamu la capitale d'hiver du Cachemire, et l'été dans une sorte de cellule portative en bois, sur une pente du mont Hari Parbat, le lieu saint consacré à la Devi ? la Déesse ? (un sidh pith, lieu de pouvoir, où de nombreux saints avaient atteint Sidhi ? la réalisation suprême ?), près de Srinagar, la capitale d'été. Durant ces huit années, le jeune Swami plongea littéralement dans les profondeurs de son être et pratiqua la méditation ainsi que le prânâyâma. C'est au cours de ces années qu'il eut la vision des frères Kumara (les quatre Rishis : Sanak, Sanan-dana, Sanatana et Sanata, qui furent les fondateurs de l'ordre des Udasins), et qu'il reçut d'eux directement la très haute initiation au montra, qu'ils récitaient eux-mêmes continuellement, et c'est sous leur direction que Chandra Swami pratiqua le montra sans interruption durant une période de mille nuits consécutives. Il connut de nombreuses expériences spirituelles dont deux rencontres avec te Christ et une avec Ramana Maharishi, qui était alors mort et dont il n'avait jamais entendu parler. Ce ne fut que plus tard, quand il vit une de ses photos, que Chandra Swami reconnut l'homme de sa vision. H eut également une vision d'Hermès Trismégiste, dont il décrivit l'étrange coiffure alors qu'il n'avait jamais vu de sa vie la coiffure d'un pharaon, une autre de Sri Aurobindo et d'autres de plusieurs divinités hindoues, telles que Ma Durga chevauchant le tigre et Shiva qu'il vit émerger du lingam sacré pour prendre la forme de Baba Sri Chand Ji ? l'un des plus grands sages et interprètes de la tradition udasin.
Plus tard, il dépassa tous ces différents plans et tes visions s'espacèrent; elles furent remplacées par une joie profonde qui ne fit qu'augmenter avec le temps. Puis une paix inexprimable, au-delà de toute compréhension, s'empara de lui ; il avait enfin réalisé et reconnu YAtman comme étant sa véritable nature. Il avait vingt-neuf ans et il décida alors d'aller vivre dans une île forestière, sur les bords du Gange, à proximité de Hardwar, la ville sainte du nord du pays. Il vécut plus de huit années sur cette île, dans une hutte en chaume et plus tard, dans une sorte de bungalow en bois. Ses disciples ne pouvaient le voir souvent, l'accès à la hutte étant difficile et incertain à cause des inondations fréquentes du Gange et de la proximité d'animaux sauvages.
Où beaucoup s'arrêtent dans leur quête de la Vérité, Chandra Swami continua. « Si la réalisation du Soi est une expérience spirituelle importante, écrit-il, elle ne représente pas cependant l'accomplissement ultime; elle n'est que l'expérience de l'un des aspects de Dieu : le nirguna brahman, ou Soi passif et immuable. »
Petit à petit, ce nouvel état de conscience s'élargit pour assimiler l'univers tout entier, et Chandra Swami, passant par de nouvelles expériences, réconcilia en lui-même les deux aspects du Divin :
le Soi passif et immuable, ou nirguna brahman et l'action universelle, ou saguna brahman. Ils devinrent une seule et même conscience, celle du délivré vivant, dont la demeure est le sahaja, ou vie spontanée, qui transcende tous les états de conscience en même temps qu'il les comprend tous. Chandra Swami avait enfin atteint son but le plus cher, et il avait tout juste trente-cinq ans. Le charme (Maya) de l'illusion était définitivement rompu, la vie divine, la Lila, au-delà des commencements s'écoulait librement. La vie de Chandra Swami était maintenant une réponse spontanée à toutes les situations. L'intuition supramentale guidait tous ses actes. Il reconnaissait humblement et sans hésitation que la grâce de Baba Ji, maître de son coeur et de son âme, était la source de son inspiration, de toutes ses expériences intérieures et de son accomplissement spirituel.
Durant la mousson de 1970, des changements dans le cours du Gange rendirent inaccessible la hutte où vivait Chandra Swami. Ses disciples le supplièrent de s'installer sur l'autre rive du Gange. Il accepta et ils lui construisirent un petit ashram auquel ils donnèrent le nom de Sewàk Niwas (la Demeure des Serviteurs), et qui plus tard, en 1975, devint Seekers Trust. Le Swami y vit toujours. Invité par des disciples de l'étranger, il a depuis voyagé en Europe, mais ces changements ne sont en rien affecté.
Depuis vingt ans, il observe le silence six mois par an. Les disciples sont peu nombreux, son enseignement, le rayonnement de sa joie, de son amour, le sens de l'humour, la simplicité deréponses qui sont pour lui l'évidence... Il révèle aussi à quelques-uns le montra qu'ils utiliseront dans leurs méditations. Le rencontrer est un rare privilège.
Vers le milieu des années 60, ses disciples lui demandèrent d'écrire un livre et c'est ainsi qu'il écrivit en anglais Thé Practical Approach to Dwi-nity, traduit maintenant en français sous le titre de L'Art de la Réalisation, et loué en ces termes par A. Osbome, le disciple renommé de Ramana Maharishi : « Parmi les publications de l'époque, ce petit ouvrage se détache par sa clarté.
L'auteur y parle avec la même autorité de la théorie et de la pratique et fait preuve à la fois de compréhension et de bon sens, condamnant de la même façon ceux qui font de la Voie tout juste un sujet de conversation et ceux qui en sont des fanatiques. Il est évident que sa grande expérience des choses lui permet de faire la part de ce qui doit être délaissé et de ce qui doit être recherché... »
Ce livre est le premier ouvrage de Chandra Swami traduit en français. Que soient remerciés ici tout particulièrement Annie Delcroix, René Allar et Micheline Laguilhomie pour leur participation respective à la traduction.
Swami Ananda Chetan (Yvan Amar)[/justify]
Chandra Swami - L'art de la réalisation
Moderator: Le Tocard