Pierre Manoury - Les Plantes sorcières


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Pierre Manoury - Les Plantes sorcières
Traité de phytothérapie traditionnelle


CHAPITRE I

"Tout homme en bonne santé est un malade qui s’ignore". Cette réplique célèbre du roman "Knock" de Jules Romain, est d’une actualité brûlante. Combien de personnes consomment des médicaments au moindre symptôme de fièvre, d’enrouement, de légère atteinte grippale, voire simplement à la suite ou avant un effort musculaire. Le corps saturé de produits chimiques, ne peut plus expliquer clairement les symptômes permettant de détecter ses faiblesses... Puis, un jour, c’est le drame. Comme une réaction en chaîne les alarmes se succèdent donnant un bilan effrayant, sinon désastreux. Les médicaments modernes servent le plus souvent, à masquer les symptômes provoquant une anesthésie trompeuse au lieu de renforcer les défenses naturelles en les éduquant. La médecine allopathique moderne est une médecine de symptôme, pas une médecine de fond.
La faute de cette pilulomanie vient en grande partie d’organismes comme la Sécurité sociale, qui sont des encouragements à cette débauche chimiothérapique outrancière. Si les bienfaits du remboursement ne s’appliquaient qu’aux personnes hospitalisées, les risques seraient limités... L’ennui est que la santé a été politisée et cette mesure ne serait pas "sociale".
Un vieil ami médecin me disait un jour. "Le problème avec l’homme moderne, c’est qu’il est moins intelligent que ses ancêtres et qu’il est persuadé du contraire... De ce fait, il ne sait plus ni apprendre, ni écouter". Singulière réflexion ? En grande partie, ce vieux médecin avait parfaitement raison. Nous sommes "adaptés" à notre technologie, mais incapables de survivre si elle nous manque. La preuve ? Imaginez seulement un cataclysme d’envergure à l’échelle de la planète, ce cataclysme peut avoir diverses origines naturelles ou belliqueuses. Les survivants privés de l’électricité, des moyens de communications, n’auraient pour objectif que de se livrer aux pillages des réserves miraculeusement intactes. Et après... ? Les survivants ébranlés par la fatigue, stressés nerveusement, en état de "manque" chimique ne tarderaient pas à donner dans les désespoirs et bien peu seraient en mesure de s’adapter. Combien sommes-nous à connaître les plantes susceptibles de nous nourrir, de pallier à nos carences et de nous soigner ? L’hécatombe risquerait d’être plus meurtrière chez les survivants que celle de la cause première.
Ce texte n’est pas une prophétie nihiliste, mais une tentative d’apprentissage de survie médicale et de sauvegarde physiologique devant le raz de marée de la quiétude bébête. Je souhaite que ce livre soit tout l’inverse d’un tranquillisant. Nous sommes actuellement dans l’ère des tranquillisants, s’ils viennent à manquer nous risquons fort de ne plus être.
Je ne donne pas dans l’écologie facile, mais dans la lucidité humaniste.

LES MEDECINES "DOUCES"

Il convient de ne pas confondre médecines "douces" avec médecines "molles". Les médecines douces peuvent en effet être énergiques, nous verrons pourquoi dans ce qui suit.
Qu’est-ce qu’une médecine douce ? C’est à la fois une médecine préventive et curative. Son efficacité n’est pas moindre que la médecine classique dite moderne, elle fonctionne différemment. Dans sa forme préventive, elle va traiter un organe soit en le fortifiant soit en le décongestionnant, c’est-à-dire qu’elle attaquera non pas le symptôme qui est le signal d’a-larme, mais la cause ; c’est une médecine des énergies. La médecine classique est la plupart du temps une médecine qui attaque les symptômes. Je m’explique : le symptôme en soi est, nous l’avons vu, le signal d’alarme. Tout se passe comme si dans une installation électrique, le disjoncteur "sautait". Le médecin moderne agit comme un électricien qui supprimerait ce disjoncteur et remettrait l’installation en service. Quelque temps après, l’installation entière risquerait de chauffer et de mettre le feu à l’habitation. Le symptôme ne doit en aucun cas être anesthésié, masqué ; ce n’est pas lui qu’il convient de traiter mais la cause du mal. Dans sa forme curative, une médecine douce est une médecine d’intervention au même titre que l’allopathie, son efficacité est simplement plus profonde, le symptôme n’étant pas masqué elle donne l’impression d’être moins puissante. Encore convient-il de se repérer dans le maquis des médecines naturelles. Certaines sont illusoires, d’autres méconnues.

LES MEDECINES NATURELLES

1) L’acupuncture :
La plus connue des médecines naturelles est l’acupuncture. Mal comprise, rarement bien appliquée, elle est efficace à condition d’être manipulée par un véritable thérapeute, pas par un lanceur de fléchettes qui vous transforme en porc-épic, dans le seul but de justifier sa spécialité.
L’acupuncture appuyée en cela par la tradition taoïste, considère (avec raison) que le corps humain est le siège de la circulation d’énergie différenciée en :
1) Energie Yang, dite mâle.
2) Energie Inn, dite femelle.
Ces deux énergies circulent selon des trajets précis nommés méridiens. C’est sur ces méridiens que se trouvent les points d’acupuncture, lesquels peuvent être stimulés ou au contraire dispersés par l’implantation d’aiguilles ou par échauffement localisé : les moxas. L’énergie peut en effet être mal repartie, certains méridiens étant déficients tandis que d’autres sont engorgés. La pratique de l’acupuncture est donc un rééquilibrage de ces énergies par action sur les divers points qui en sont les secteurs d’émergence. L’efficacité de l’acupuncture est indéniable, ce qui l’est moins, c’est l’efficacité des acupuncteurs ; une des principales raisons provient du fait que les méridiens d’acupuncture passent par des périodes d’activité et de repos, c’est ainsi qu’un méridien connaît une activité pendant deux heures puis, passe par un minimum. L’activité de ces méridiens est parfaitement régulière et suit un horaire précis. Par exemple le méridien des poumons qui fonctionne de 3 heures à 5 heures, alors que le méridien des reins fonctionne de 17 h à 19 h. Horaires qui ne sont pas toujours compatibles avec les heures de consultation ... ! Heureusement le traitement se fait le plus souvent par des combinaisons de points.
Pour la médecine traditionnelle chinoise, toute maladie est due à un déséquilibre énergétique, inaptitude des organes à la défense (par excès ou défaut d’énergie). Le diagnostic de ces déficiences coïncide souvent avec les anomalies d’aspects planétaires qu’un spécialiste de l’astrologie médicale (surtout en astrologie sidérale) peut facilement vérifier (je parle d’astrologue, pas de marchand d’horoscope). La médecine chinoise traditionnelle est basée sur les médecines naturelles, d’un côté l’acupuncture qui est spécialement une médecine préventive, d’autre part la phytothérapie.
La vie. citadine accentue le déséquilibre énergétique. La pratique de l’automobile l’accroît plus encore et l’alimentation elle-même est fautive ainsi que le manque d’activité physique naturelle.
Mon propos n’étant pas de rédiger un cours d’acupuncture, ces simples définitions permettront peut-être d’attirer l’attention du lecteur sur cette médecine naturelle que la plupart peut pratiquer à titre privé.
Deux ouvrages simples et efficaces sont à signaler pour les débutants : L’Acupuncture pratique de A. Lebardier - Edition Maisonneuve 1975 et L’Enseignement accéléré de L’acupuncture de M. Cintract - Editions Maloine - deuxième édition 1979.
2) L’homéopathie :
Avec l’homéopathie nous entrons dans une forme plus occidentalisée de la médecine. L’homéopathie est en effet, une thérapie par ingestion ou application de "médicament" plus conforme à la mentalité européenne.
La structure de l’homéopathie est simple. Elle est basée sur le principe thérapeutique de la Grèce Antique, exprimé par la formule lapidaire "SIMILIA SIMILIBUS CURANTUR". C’est-à-dire, les semblables sont guéris par les semblables, ce qui donna dans le langage populaire "soigner le mal par le mal".
Le principe de similitude est le suivant : toute substance qui à titre pondéral (entendez par là, dose importante), produit chez un homme en bonne santé des symptômes comparables à ceux d’une maladie connue ou inconnue, pourra être appliquée dans un cadre curatif à dose infime, chez un individu atteint de la dite maladie et présentant ces symptômes.
Prenons un exemple : la plante nommée Agnus Castus produit chez un homme sain, une impuissance passagère. Chez un malade atteint d’impuissance on administrera à dose faible, le même Agnus Castus. Les résultats sont souvent probants et durables, tel est le principe de l’homéopathie.
La médecine homéopathique n’utilise pas seulement l’application de la méthode des semblables, elle utilise également celle des contraires que nous verrons de manière détaillée avec la phytothérapie et la médecine spagyrique.
Les principes des dosages homéopathiques ne peuvent entrer dans le cadre de ce livre. Le lecteur attiré par cette thérapie pourra l’aborder utilement avec : Le Guide Pratique d’Ho-méopathie de Jacques Hodler - Editions Andrillon Soissons 1977 ou Thérapeutique Homéopathique du Dr Claude Binet - Editions Dangles. 3) La phytothérapie :
De Phyton = Plante. De l’herbe la plus commune (le chiendent) à la plus rare, l’or-chidée, la plupart des plantes ont des propriétés médicinales. La quasi totalité des maladies peut être traitée par les plantes. La pervenche de Madagascar qui porte également le nom de vincaroséa a d’étonnantes propriétés curatives de certaines formes de cancer ? Peu nombreux sont les laboratoires qui s’en préoccupent!
La phytothérapie est l’utilisation des propriétés pharmacologiques des plantes médicinales. Les plantes médicinales contiennent des principes actifs assimilables par l’or-ganisme et agissent de manière plus ou moins efficace, selon leurs dosages et leurs modes de préparation. En fait, la phytothérapie ne possède pas de limites, les seules qu’elle connaisse sont celles qu’imposent les doses admissibles par l’organisme et leur mode d’administration. La qualité et la spécificité de la phytothérapie sont très importantes. La qualité d’abord, les médicaments tirés des plantes sont d’origine vivante, donc plus facilement assimilables ; leur spécificité n’a pratiquement pas de limite, car, à moins de contre-indication ou d’incompatibilité, les produits peuvent être mixés entre eux dans une même préparation, sans excès évidemment.
Vu sous cet aspect, la phytothérapie semble miraculeuse, il s’en faut de peu pour que cela soit vrai, mais en théorie seulement. Voici pourquoi : Comme pour la médecine classique ou médecine allopathique, les praticiens n’utilisent la phytothérapie que pour atténuer ou masquer les symptômes. Telle plante est réputée diuré-tique ou fébrifuge, on l’utilise comme telle. Cette réaction simpliste en limite l’emploi et les bienfaits. Nous verrons un peu plus loin, qu’il convient d’utiliser la phytothérapie selon les principes des semblables et des contraires. D’autre part, le mode d’administration est la plupart du temps réduit aux formes de tisanes ou de décoctions, ce qui en interdit l’emploi en médecine d’urgence, sauf quelques rares exceptions. La phytothérapie peut être employée de manière puissante comme tout médicament, c’est le but du présent livre. Ceci étant défini, la plupart des recueils sur les plantes médicinales, peut vous être d’un grand secours, à condition d’effectuer vous même les préparations.
La phytothérapie est donc une médecine naturelle, pas forcément douce, il convient au niveau des préparations de respecter les dosages, car ces "médicaments" peuvent dans certains cas, être aussi dangereux que les autres. Vous êtes responsable du respect de ces dosages ; un extrait de digitale préparé par vos soins, peut sauver un cardiaque mais peut tuer une personne en bonne santé ou un enfant... Donc prudence !
La phytothérapie débouche tout naturellement sur un aspect moins connu, assez discret, sinon secret : la médecine spagyrique ou alchimie végétale. Certains commencent à sourire, imaginant déjà des recettes pour élixir de longue vie, eau de jouvence et autres rêves mirobolants ! Qu’ils gardent pour eux leurs sarcasmes, car si elle est méconnue, la médecine spagyrique est sans doute l’une des thérapies les plus efficaces. Elle a fait ses preuves durant plusieurs siècles et compte des cures presque miraculeuses, seulement elle n’est pas à la portée de tous. On ne devient pas spagyriste en quelques jours, de même qu’on ne devient pas initié parce qu’on a lu quelques livres de magie, ce qui malheureusement tend à devenir une affligeante réalité actuellement, discréditant les chercheurs sérieux qui ont longtemps étudié en subissant un difficile entraînement que l’on nomme, l’initiation. Comme disait un grand maître du Zen, "il ne suffit pas de prendre la position du lotus pour accéder à la sagesse sinon toutes les grenouilles deviendraient Bouddha !" C’est pourtant ce qui se produit avec les pseudo-mages et initiés bidons, se réfugiant derrière le secret ou se cachant dans leurs boîtes postales. Revenons-en à la spagyrie. Cette science bien que fort complexe, peut être pratiquée à un stade élémentaire, si l’on suit les conseils figurant dans les pages ci-après ; même à ce niveau ses application sont particulièrement efficaces. Je ne trahis pas de secret dans ces pages, d’ailleurs il n’y a pas de secret, sinon une certaine discrétion. Quelques procédés doivent rester voilés car leurs domaines d’applications dépassent le stade de la prescription théorique et sont d’un maniement délicat ; de plus les applications ultimes de la spagyrie, tels les élixirs de certaines plantes (préparés selon la tradition alchimique) et les notions de pierre végétale, risquent de provoquer des phénomènes incontrôlés et très dangereux pour celui qui n’a pas reçu de préparation ou dont le niveau spirituel est trop bas.


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Pierre Manoury

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