Charles Lucieto - La fin tragique d'un espion N° 8


Books




Les coulisses de l’espionnage international

Les merveilleux exploits de James Nobody
Charles Lucieto - La fin tragique d'un espion N° 8


Où James Nobody sacrifie son intérêt particulier à l’intérêt général.

Quand après avoir échangé les salutations d’usage avec le directeur du pénitencier de Penton-Hill, James Nobody lui remit en même temps que ses pouvoirs, une lettre autographe du ministre de l’Intérieur, le haut fonctionnaire, dès qu’il eut lu la lettre et vérifié les pouvoirs, manifesta la surprise la plus vive.
Mais, avant même qu’il ait pu formuler une objection, allant droit au but, James Nobody lui déclara :
— Pour des raisons qu’il ne m’est pas permis de vous exposer, car elles constituent un secret d’État, il importe que, jusqu’à ce qu’ait abouti l’enquête dont je suis chargé, je demeure en contact permanent avec le convict Israël Youdevitch, lequel, si je ne m’abuse, figure à votre répertoire-matricule sous le N° 13.450-D. 6.
Le directeur ayant hoché la tête de façon affirmative, James Nobody poursuivit :
— Encore que ma demande puisse vous paraître émaner d’un individu ne jouissant pas de la plénitude de ses facultés mentales, je ne vous en prie pas moins de m’incarcérer purement et simplement, et de m’affecter ensuite à la 6e Division, laquelle, si j’en crois les renseignements qui m’ont été fournis par Mr Edward Caning, directeur des services pénitentiaires au Home-Office, groupe les « incorrigibles » détenus dans cet établissement.
D’un nouveau signe de tête, le directeur reconnut l’exactitude du fait.
Légèrement impatienté par le mutisme observé par le haut fonctionnaire, mutisme dû, sans aucun doute, à l’étrangeté de la démarche qu’il effectuait auprès de lui, James Nobody ajouta :
— Toutefois, il faut qu’il soit bien entendu entre nous, — et j’insiste sur ce point, auquel j’attache la plus grande importance, — qu’aucun de vos gardiens, y compris le gardien-chef, ne devra savoir qui je suis exactement et que, de même que les autres détenus, je serai mis au régime du « droit commun ». Autrement dit, je tiens essentiellement à ne bénéficier d’aucun régime de faveur, le succès de ma mission étant à ce prix.
Cette fois, le directeur ne put dissimuler sa stupéfaction...
— Vous me demandez de faire l’impossible ! s’exclama-t-il, vivement ému.
— Puis-je savoir pourquoi ? demanda, très calme, James Nobody.
Le haut fonctionnaire leva les bras au ciel...
— Pourquoi ? s’exclama-t-il. Mais parce que le régime auquel sont soumis, ici, les détenus, — et, a fortiori, les « incorrigibles », — est d’une rigueur et d’une sévérité telles, que, très certainement, vous ne pourrez le supporter.
James Nobody le regarda, légèrement interloqué.....
— Dois-je comprendre, demanda-t-il, que le règlement que vous appliquez céans, est moins... indulgent qu’ailleurs ?
Le directeur haussa les épaules.....
— Vous n’êtes pas sans savoir, répondit-il, que Penton-Hill est une « Maison de force » et non une « Maison de correction » et que, en conséquence, les détenus qui s’y trouvent sont, ou des convicts ou des réclusionnaires.



Pour plus d'informations


Marquis de Morès - Rothschild, Ravachol & Cie Louis Marschalko - The world conquerors