Ludwig Gumplowicz - La lutte des races


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Ludwig Gumplowicz - La lutte des races
Recherches sociologiques


Je présente modestement l'esquisse d'une science destinée à prendre, quelque jour, de grands développements, une importance considérable. Son véritable nom serait Histoire naturelle de l'humanité. Pourquoi ai-je choisi un titre qui implique sociologie? J'ai voulu éviter toute méprise, - un sens bien différent s'attachant à la première de ces appellations, depuis que Richard a publié son Histoire naturelle de l'humanité. Quant au mot sociologie, emprunté à Comte, je crois qu'il est bien plus adéquat, qu'il caractérise bien mieux la nature et la portée de la science d'avenir que je présente en son état rudimentaire.
Cette science est-elle nouvelle ? Je ne me fais point cette illusion. Dans le domaine de l'intelligence humaine, rien n'est nouveau. Quel que soit l'édifice scientifique à élever, les matériaux sont sur le chantier ; je ne pense pas que l'on puisse en créer de nouveaux.
Mais si, pour construire, nous n'avons à notre disposition que des pierres datant de l'antiquité la plus lointaine, - ces pierres, nous pouvons les assembler d'une façon nouvelle. Nous donnerons ainsi à notre œuvre une forme nouvelle, un type nouveau ; et voilà tout. Ce qui change avec le temps, avec les conceptions changeantes, c'est ce type ; ce n'est que lui; il peut offrir une variété aussi inépuisable que celle des individualités elles-mêmes.
L'assemblage provisoire que j'ai élevé ici et dont les matériaux ne sont pas encore cimentés est-il une œuvre bien personnelle et bien originale dans son inspiration ? Porte-t-il la marque d'une individualité bien tranchée ? Il ne m'appartient point d'en juger.
Il n'y a qu'une conviction que je me croie autorisé à exprimer: quand bien même cette tentative viendrait à être reconnue sans valeur, comme des centaines d'autres essais qui l'ont précédée, il n'y avait pas là un échec pour la « science naturelle de l'humanité». Cette science, après les nombreuses méprises, les erreurs, les insuccès de la période pendant laquelle il a fallu reconnaître le terrain, se met résolument en route; elle ne s'égarera pas: un jour, cela est certain, elle arrivera au but. Quant à nous, qui tâtonnons et qui nous trompons, - s'il nous arrive de succomber dans les pénibles efforts que nous faisons pour la vérité, il nous restera la conscience et la satisfaction d'avoir ouvert plus d'un chemin nouveau à nos successeurs, de les avoir détournés des sentiers où ils auraient pu s'égarer, - bref, de les avoir loyalement mis à même d'atteindre le but suprême de toute science : la vérité.
Ainsi donc, rien à craindre de ce côté. Mais je me suis arrêté longtemps à une autre considération : qu'arriverait-il si les connaissances nouvelles contenues dans ce livre allaient, comme le dit excellemment Roscher, « tomber sur la passion humaine, si prompte à prendre feu ; si la flamme allait jaillir et exercer de proche en proche son action dévastatrice ». J'ai pesé longtemps cette objection, mais j'ai fini par la rejeter, elle aussi. Certes, il est possible que la passion humaine s'empare de main tes phrases de ce livre pour justifier des tendances odieuses ; mais, dans ce cas, les théories de cet ouvrage ne feraient que partager le sort des doctrines les plus sublimes qui aient été enseignées à l'humanité, car c'est au nom des doctrines les plus sublimes de la religion que la méchanceté, la perversité ont fait couler des torrents de sang.
A quoi bon, par conséquent, dans des recherches scientifiques, tenir compte des tendances de la passion humaine ? - La passion, alliée à l'infamie, continue son chemin sans se laisser retarder. Que la science fasse de même ! Elle n'a ni la prétention, ni l'espoir de refréner les passions, car il y a une barrière infranchissable entre ses doctrines et les pensées vulgaires. Qu'on laisse donc à la science une consolation, une seule ; celle de se livrer sans entraves à la recherche de la vérité et de proclamer sans ménagement ce qu'elle a reconnu vrai ! Qu'on lui épargne les scrupules inutiles, et qu'on lui laisse intact son unique dogme. Loin que la vérité et sa recherche loyale puissent nuire à l'humanité, le salut de celle-ci ne peut être que dans celle-là !


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