William L. Pierce - L’Esprit faustien
L’article suivant est une élaboration d’une partie d’un discours du Dr. William Pierce devant la Convention Générale de la National Alliance en septembre 1978, intitulé « La vision-du-monde de la National Alliance ».
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A la fin du Moyen Age vivait en Allemagne un remarquable savant passant pour avoir déchiffré les mystères de la Nature et pour pouvoir employer sa connaissance de manières merveilleuses et magiques. Certains le regardaient comme un alchimiste habile, qui avait acquis ses pouvoirs par un travail assidu dans son laboratoire ; d’autres disaient qu’il n’était qu’un charlatan qui était davantage un maître des tours de passe-passe que de l’alchimie ; mais la plupart en vinrent finalement à le regarder comme un magicien qui avait fait un pacte avec le Diable, échangeant son âme en échange de connaissances et de pouvoirs.
Le mystérieux savant était le Docteur Johann Faust (v. 1480–v. 1538), et les nombreuses légendes qui apparurent sur lui enflammèrent les imaginations d’écrivains, de poètes et de compositeurs pendant plusieurs générations. Un demi-siècle après sa mort fut publié en Allemagne un livre contenant ces légendes, Historia von Dr. Johann Fausten, par Johann Spiess, qui parut bientôt aussi dans des traductions anglaise et française.
A la fin du XVIe siècle, l’acteur anglais Christopher Marlowe écrivit sa Tragical History of Doctor Faustus, basée sur ces légendes. Après cela, d’innombrables autres auteurs reprirent le thème de Faust : le thème de l’homme cherchant à dépasser ses limites imposées, cherchant la connaissance au-delà de ce qui était permis aux autres.
Le plus célèbre auteur dans cette veine fut Johann Wolfgang von Goethe, dont la première partie du long poème dramatique Faust fut publiée en 1808. S’inspirant principalement de l’œuvre de Goethe, Berlioz et Gounod, entre autres, composèrent des opéras. Durant tout le XIXe siècle et même au XXe, des symphonies, des poèmes, des pièces et des nouvelles traitant de la légende de Faust continuèrent à apparaître.
Le sujet fait manifestement écho avec quelque chose de profond dans l’âme européenne. En fait, on pourrait facilement voir un précurseur de la légende de Faust dans celle d’Odin, dont la quête de vérité et de connaissance le conduisit à sacrifier l’un de ses yeux et à rester pendu pendant neuf jours sur l’Arbre du Monde.
Dans les nombreuses versions de la légende de Faust divers éléments sont soulignés, mais le thème persistant est celui mentionné précédemment : des hommes exceptionnels partant en quête d’une compréhension de la vie et de la Nature ; l’élan vers un nouveau niveau d’existence, vers le plein développement de pouvoirs latents.
C’est de ce thème persistant, plutôt que du récit semi-historique de la vie du Dr. Johann Faust ou de l’une des œuvres de fiction utilisant son nom, que nous tirons la signification aujourd’hui attachée à l’adjectif « faustien ». Le mot se réfère à une tendance spirituelle de la race qui a montré une telle fascination durant tous les âges pour l’idée contenue dans la légende de Faust. Il décrit un besoin ou un élan fondamental, latent dans l’âme de l’homme européen – et actif chez quelques Européens exceptionnels.
L’élan faustien de notre âme raciale nous dit : « Tu ne seras jamais en repos ni satisfait, quels que soient tes accomplissements. Tu dois lutter tous les jours de ta vie. Tu dois découvrir toutes choses, connaître toutes choses, maîtriser toutes choses ».
L’élan faustien de l’homme européen est très différent de l’élan de l’âme levantine à accumuler, à posséder, le besoin d’entasser de l’argent au-delà de toute raison, le désir d’accroissement personnel. Et il est bien sûr antithétique à ce qu’on pourrait appeler la mentalité mañana des peuples latins, qui leur dit : « Jouissez de la vie. Ne vous pressez pas. Vous n’avez pas besoin de savoir ce qui se trouve derrière le prochain sommet ».
Il est la source de notre agitation fondamentale en tant que race, tout comme de notre curiosité fondamentale. C’est ce qui fait de nous des aventuriers, nous pousse à risquer nos vies dans des entreprises qui ne peuvent nous apporter aucun bénéfice matériel concevable – quelque chose qui est complètement étranger aux autres races, habituées à juger toutes choses d’après leur seule utilité.
C’est l’élan faustien qui a fait de notre race la principale race des explorateurs, qui nous a conduits à escalader les plus hautes montagnes dans des pays habités par des hommes d’autres races qui se contentaient de toujours rester dans les vallées. Plus que l’intelligence seule, c’est ce qui a aussi fait de nous la principale race des scientifiques – surtout aux époques où la pratique de la science n’était pas encore une profession bien payée. C’est ce qui nous a envoyés sur un autre monde et qui nous entraîne maintenant vers les étoiles. Mais l’élan faustien est aussi davantage que toutes ces choses. Il élève ceux qui en sont imprégnés au-dessus des hommes économiques qui, aux yeux des politiciens occidentaux et des commissaires de l’Est, des chefs d’entreprise et des capitaines d’industrie, des démocrates néolibéraux tout comme des républicains conservateurs, sont les seuls habitants de la terre. Il fait de l’homme plus qu’un simple consommateur ou producteur. Plus que toute autre chose, il est la manifestation du Divin dans l’âme humaine.
La scène d’ouverture du Faust de Goethe transmet l’idée de l’esprit faustien exprimée ci-dessus : Faust est un savant agité qui a exploré toutes les connaissances humaines mais dont l’âme demeure insatisfaite, son désir de vérité ultime inassouvi. Seul dans son étude, tard dans la nuit, il regarde avec un mélange de crainte et de désir le signe du macrocosme, et il se dit : « Est-ce un dieu qui a gravé ce signe qui calme mon tumulte intérieur et qui remplit mon cœur de joie, par lequel une force mystérieuse dévoile les secrets de la Nature tout autour de moi ?… Où pourrai-je te saisir, ô Nature infinie ? »
Mais Goethe peint d’autres aspects du caractère de son personnage, en plus de celui que nous avons appelé « faustien ». Un adjectif meilleur, ou en tous cas moins ambigu, pourrait bien être « odysséen » ou « ulysséen », parce que le poète anglais Alfred Tennyson, dans un bref poème, cerne de plus près l’idée que nous voulons transmettre, mieux que Goethe ou que l’un des autres auteurs ayant traité de la légende de Faust.
Le désir du héros de Tennyson est de « suivre la connaissance comme une étoile filante / au-delà de l’extrême limite de la pensée humaine ». Pour Ulysse, « toute expérience est une porte à travers laquelle / brille ce monde inexploré dont la limite s’efface / toujours et encore quand je suis en mouvement ».
Même à un âge avancé, après une vie mieux remplie et plus mouvementée que celle des hommes ordinaires, Ulysse dit : « Il n’est pas trop tard pour rechercher un nouveau monde / …mon but est toujours / de voguer au-delà du soleil couchant, et du site / de toutes les étoiles occidentales, jusqu’à ce que je meure ». Il se voit lui-même comme « affaibli par le temps et le destin, mais renforcé par la volonté / de lutter, de chercher, de trouver, et de ne pas renoncer ».
Et de même que le Faust de Goethe est opposé à son famulus, ou étudiant-serviteur, le pédant Wagner, Tennyson oppose encore plus fortement – et d’une manière beaucoup plus concise – à Ulysse son fils Télémaque, un homme de « grande prudence… concentré sur le domaine / des devoirs ordinaires », et manquant complètement de l’esprit animant son père. Cependant, l’usage commun préfère « faustien » à « ulysséen », et nous nous en satisferons.
D’un point de vue strictement anthropologique, nous pourrions trouver une indication de la tendance faustienne de l’homme européen dans les particularités de son développement évolutionnaire. Pendant 10.000 générations, il fut un chasseur des troupeaux de bisons et de rennes et de mammouths qui parcouraient les plaines glacées de l’Europe du Nord durant les ères glaciaires. Nous pouvions donc nous attendre à ce qu’il manifeste cet esprit de curiosité, qui est la marque du prédateur, que ce soit un chat ou un homme – mais nous pouvons aussi nous demander pourquoi d’autres races qui connurent une telle période de chasse ne manifestent pas cet esprit au même degré.
Nous pouvions nous attendre, parce que nos ancêtres suivirent les troupeaux dans leurs migrations saisonnières durant tant de siècles, ne possédant que les biens qu’ils pouvaient transporter sur leur dos, à ce qu’ils aient acquis la turbulence des peuples errants, alors que des races plus sédentaires sont devenues, à travers les âges, plus inclinées à l’accumulation et moins à l’exploration. Mais, encore une fois, il y a eu des races nomades plus au sud qui ne semblent pas avoir intégré l’esprit faustien.
La rigueur du climat nordique, l’épreuve des saisons toujours changeantes formèrent certainement le caractère de notre race autant que tout autre facteur. L’agressivité, l’esprit d’aventure, la hardiesse sont des traits qui permirent à nos ancêtres de trouver et d’exploiter les moindres possibilités de survie dans un environnement dur et impitoyable. Mais les peuples mongoloïdes, qui évoluèrent dans un environnement à peu près aussi dur, semblent avoir répondu d’une manière quelque peu différente à ce défi et sont aujourd’hui caractérisés plus par l’impassibilité que par l’esprit d’aventure.
Nous pouvons seulement en conclure que l’esprit faustien est la conséquence d’une combinaison unique et transitoire de facteurs causaux, auxquels une seule race fut exposée durant une période juste assez longue pour subir la transformation génétique nécessaire et lui donner une base raciale ténue. Même dans notre race, cet esprit ne se manifeste fortement que chez les quelques-uns qui préfèrent l’aventure à l’avantage, l’accomplissement à l’acquisition, la connaissance de soi à l’autosatisfaction, la conquête de nouveaux mondes au confort et à la sécurité de l’ancien, une vraie compréhension de l’Absolu aux dogmes d’une orthodoxie bornée.
La race qui est la porteuse de cet esprit doit donc veiller soigneusement à ce que sa base génétique soit préservée – qu’elle ne devienne pas seulement une race de juristes, d’employés, de travailleurs et de marchands, mais qu’elle demeure aussi une race de philosophes, d’explorateurs, de poètes et d’inventeurs : ceux qui cherchent la connaissance ultime, qui tendent vers la perfection qui est le Divin.
Si nous adoptons le point de vue le plus élevé, nous pouvons voir que l’esprit faustien, si ténu qu’il puisse être, est la véritable justification de l’existence de l’homme européen.
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