Jérôme Bourbon - Qu’est devenu Vincent Reynouard disparu depuis un mois sans laisser de traces ?
Rivarol 3495
Depuis un mois désormais, Vincent Reynouard a disparu sans laisser de traces. Et ce qui est alarmant, c’est qu’à notre connaissance il n’a contacté personne, absolument personne, depuis ce fameux lundi 25 octobre 4 heures de l’après-midi où il a réussi à fausser compagnie aux policiers britanniques et d’Interpol venus l’appréhender à son domicile. Ni sa famille, ni ses amis, ni ses proches collaborateurs. Même pas de manière indirecte ou minimaliste. Il a disparu des radars. Il s’est volatilisé. Nous n’avons même pas aujourd’hui la certitude qu’il est vivant ni qu’il est libre. Il est toutefois probable que, s’il avait été arrêté, des sites communautaires se seraient alors fait une joie et un devoir de l’annoncer urbi et orbi, de le crier sur les toits, de revendiquer cette incarcération comme une victoire. Ce qui laisse à penser qu’il n’est pas actuellement derrière les barreaux. Mais il y a depuis l’origine dans toute cette affaire quelque chose d’étrange, d’inhabituel, sinon de passablement inquiétant. D’abord, cela ne ressemble pas à Vincent de ne pas se manifester, d’une manière ou d’une autre, sur une aussi longue durée. Il lui était en effet possible d’écrire une lettre pour donner des nouvelles sans bien sûr divulguer le lieu où il se trouve, et en la postant assez loin de l’endroit où il se cache, d’envoyer un texto rassurant à un proche, quitte à se débarrasser immédiatement après du téléphone pour ne pas laisser de trace, ou de passer par l’intermédiaire d’une tierce personne pour donner un signe de vie. Or, jusque-là, il n’a rien fait de tel. Ce n’est pas ainsi qu’il avait agi lors de ses précédentes cavales en 2008-2009 (en Belgique et en France) et de nouveau au printemps 2015 (en Flandre) avant de s’exiler en Angleterre, le 16 juin 2015.
QUE SAVONS-NOUS de certain ou d’à peu près certain à ce jour ? La police britannique et Interpol (si c’est bien d’eux qu’il s’agit) ont sonné en bas de son domicile le lundi 25 octobre en milieu d’après-midi. Vincent descend l’escalier, ouvre la porte. Voyant les policiers lui indiquant qu’ils veulent parler à Vincent Reynouard, ce dernier décline une fausse identité, puis claque aussitôt la porte sur les policiers. La porte ne s’ouvrant pas de l’extérieur, cela laisse le temps à Vincent de remonter en toute hâte à son appartement, et même de téléphoner à 15h44 à un proche collaborateur, certainement pour le prévenir de la situation et peut-être l’appeler à l’aide. Las, ce dernier, qui est dans le train, n’entend pas l’appel. Vincent ne laisse pas de message vocal. Il n’a pas le temps. Il se saisit rapidement, semblet- il, de l’argent liquide dont il dispose grâce à ses cours particuliers, laisse tout sur place (son téléphone, ses papiers d’identité, son permis de conduire, ses ordinateurs portables, ne prend pas de change). Entendant les policiers qui ont finalement réussi à ouvrir la porte d’entrée grimper quatre à quatre les marches d’escalier jusqu’au deuxième étage, il a tout juste le temps de fuir par la cour intérieure du petit immeuble qui donne sur une sortie à l’arrière du bâtiment de sorte qu’il a pu semer ses poursuivants.
Une demi-heure plus tard à peine, l’ami s’apercevant que Vincent Reynouard l’a appelé, son numéro s’étant inscrit sur son portable en appel entrant, lui téléphone aussitôt. Cinq fois de suite. Les quatre premières fois, l’appel sonne dans le vide. Ce qui est logique puisque le téléphone a été laissé à l’appartement. Mais la cinquième fois, l’appel est rejeté. Manuellement. A cet instant-là, il y a donc quelqu’un à l’appartement. Qui ? Selon toute vraisemblance, la police qui était possiblement encore sur les lieux à ce moment-là. Mais pourquoi alors ne pas avoir répondu à l’appel ? C’est étonnant de la part de policiers qui poursuivent un fugitif et qui habituellement ne négligent aucune piste pour obtenir des renseignements, et surtout pas un appel téléphonique qui peut s’avérer déterminant. Plus étonnant encore, la police n’a rien pris dans l’appartement de Vincent. Ni les ordinateurs, ni le téléphone, ni les archives, ni les pièces d’identité. Tout a, semble-til, été laissé intact. Ce n’est pas là non plus dans les habitudes de la police de ne pas saisir les éventuelles pièces à conviction, de ne pas procéder à des fouilles méticuleuses du logement de la personne que l’on recherche, de ne pas saisir le matériel informatique ni le téléphone qui peuvent parfois donner de précieux renseignements.
ON A LE SENTIMENT qu’il y a des éléments manquants au puzzle. Quelque chose cloche dès le départ, suscite un malaise, légitime toutes les suspicions, autorise toutes les hypothèses. Est-on sûr d’abord qu’il s’agissait d’Interpol ? C’est en tout cas ce qu’a déclaré la propriétaire de l’appartement, répétant ce que lui avaient dit les (vrais ou faux) policiers britanniques. C’est ce qu’affirmait également Sarah Cattan dans son très long article du 3 novembre pour Tribune juive. Mais, quelques jours après, ce n’était déjà plus tout à fait la même version. Le compte Twitter intitulé Jugé coupable (qui est animé par le collectif anonyme BTA : Balance ton antisémite) indiquait soudainement que « Vincent Reynouard n’a pas de notice rouge d’Interpol », contrairement par exemple à Boris Le Lay exilé au Japon depuis 2014, ce qui laissait entendre que ce n’est pas forcément Interpol qui a sonné le 25 octobre au bas de l’appartement loué par le militant révisionniste dans le Grand Londres.
Mais si ce n’est pas Interpol, qui cela peut-il bien être ? La police britannique ? Peut-être, mais agissant à la demande de qui ? Dans quel cadre ? Sur quelle base légale ? Certes, à ce jour, Vincent Reynouard a été condamné en tout depuis son exil en Angleterre à 29 mois de prison ferme par des juridictions françaises pour avoir contrevenu à la loi Rocard-Fabius-Gayssot. Mais il n’y a pas actuellement d’équivalent de cette législation anti-révisionniste au Royaume-Uni. Comment peut-on donc motiver légalement une demande d’extradition ? Certes, comme le disait feu le professeur Robert Faurisson, « quand il s’agit de lutte contre le révisionnisme, il n’y a ni foi, ni loi, ni droit. Tout est permis. » La chasse au révisionniste est ouverte toute l’année, n’importe où, n’importe quand, n’importe comment. Au reste, les anonymes analphabètes et haineux de BTA ne se vantent-ils pas d’être des « chasseurs d’antisémites » ? Et manifestement leur chasse n’est pas réglementée. Elle n’est pas limitée à certains horaires et à une ou deux saisons dans l’année. Elle est permanente, sauvage et brutale, s’exerce de nuit comme de jour, ne s’encombre pas de respect des conventions, de la morale, de la probité et de la vérité.
IL EST SOMME TOUTE très facile à quelqu’un de déterminé de se faire passer pour un policier sans l’être aucunement. Vincent Reynouard avait raconté en vidéo comment, il y a cinq ans environ, alors qu’il était déjà en Angleterre, deux hommes étaient venus intimider une personne de son entourage immédiat restée en France, comment ils l’avaient suivie la journée en voiture, puis comment ils l’avaient attendue devant la porte de son appartement, puis, à son arrivée dans le couloir, comment il l’avait forcée à leur ouvrir la porte et à leur communiquer sous la menace les coordonnées téléphoniques et l’adresse exacte du domicile de Vincent au Royaume-Uni. Et manifestement, ce soir-là, ce n’était pas la police. Les deux hommes n’ont d’ailleurs pas eu la politesse de se présenter ni de décliner leur identité.
Plus étrange encore, Vincent avait raconté comment, une nuit, il y a un peu plus d’un an, des inconnus s’étaient introduits chez lui pendant son sommeil, au précédent domicile qu’il occupait près de Londres, et avaient, semble-t-il, fouillé dans ses affaires, ses archives, ses documents, comme s’ils recherchaient absolument quelque chose de précis, d’important, et étaient repartis. Il s’en était aperçu car il avait soigneusement fermé la porte avec un verrou la veille au soir, avant de se coucher, il s’en souvenait fort bien, or, la porte était ouverte au petit matin à son réveil!
On peut donc tout imaginer dans l’affaire présente, et plus le temps s’écoule, plus le silence devient assourdissant. Chaque jour qui passe nourrit le doute, accroît l’angoisse. Car si ce n’est ni Interpol, ni la police britannique qui a sonné chez lui ce jour-là, qui cela pouvait-il bien être ? Mais qui ? Serait-ce le fameux “qui” de Claude Posternak apostrophant le général Delawarde le 18 juin dernier sur CNews ?
AU MOMENT OÙ il est parti en courant vers son destin le lundi 25 octobre vers 16 h. heure de Londres (17 h. heure de Paris), pour peut-être ne plus jamais réapparaître, Vincent mettait la dernière main à une étude approfondie et actualisée sur le drame d’Oradour-sur-Glane. Il s’apprêtait à me l’envoyer par courrier électronique comme mémoire en défense dans le cadre du procès qui m’était intenté deux jours plus tard, le 27 octobre, à la suite de la publication dans RIVAROL du 2 septembre 2020 d’un long article de deux pleines pages sur le tag inscrit sur le centre de la mémoire d’Oradour et sur l’hystérie que ce graffiti réalisé nuitamment, du 20 au 21 août 2020, avait suscitée dans la classe politico-médiatique. Vincent souhaitait en faire un livre détaillé avec force illustrations, un ouvrage sur le point d’être achevé dont il était heureux et fier et qu’il comptait absolument éditer et proposer à la vente avant Noël. Il avait, me confiait-il, fait des découvertes importantes, sinon sensationnelles, dont il était impatient et excité de faire connaître la teneur à ses lecteurs et qui, selon lui, étaient de nature à éclairer d’une lumière nouvelle toute cette ténébreuse affaire. Ce document ne m’a finalement jamais été communiqué, pas même par un intermédiaire ou au moyen de telle ou telle astuce, de tel ou tel artifice, de telle ou telle ruse dont Vincent n’est pourtant pas avare. Tout cela décidément ne lui ressemble pas, lui qui, travailleur acharné, et ne manquant jamais à ses promesses, a toujours fait l’impossible, remué ciel et terre, pour diffuser, publier, transmettre ses études, ses travaux, ses découvertes, ses intuitions, ses raisonnements, ses argumentaires par écrit et par vidéos. De manière tout aussi inexplicable, il n’a pas non plus prévenu, ni fait prévenir par un tiers, la grosse vingtaine d’élèves qu’il avait jusque-là en cours particuliers et qui se sont retrouvés du jour au lendemain sans leur professeur, et sans aucune nouvelle de lui, alors que les dates avaient été prises, les cours programmés, les rendez-vous confirmés. Non, décidément, cela ne lui ressemble pas. Certes, on conçoit parfaitement que les premiers jours d’une cavale, l’on pare au plus pressé et que la priorité soit de se cacher, de survivre et que l’on ne donne pas immédiatement de ses nouvelles. Peut-être ce silence prolongé s’explique- t-il seulement par sa prudence, sa crainte d’être repéré et appréhendé, un simple principe de précaution. Si l’on veut cultiver l’optimisme, c’est ce dont il faut essayer de se persuader. Mais, outre que cela n’est guère dans les habitudes de Vincent, et ne correspond nullement jusque-là à son mode opératoire, voilà maintenant un mois entier qu’il a disparu dans la nature sans laisser aucune trace, sans transmettre le moindre message, de manière directe ou indirecte, franche ou subliminale, de nature à rassurer sa famille, ses amis, ses proches, ses relations, sans donner le moindre signe de vie. Voilà qui nous plonge assurément dans un abîme de perplexité voire d’angoisse. Il est des silences qui, lorsqu’ils se prolongent, sont encore moins rassurants que le cliquetis des clés fermant à double tour la cellule d’un infortuné prisonnier.
Jérôme Bourbon
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